Le système médical romain et ses problèmes
Généralement corrects lorsqu’il s’agit de taxes et impôts, les Roumains paient de manière conséquente leurs obligations financières envers le système de santé public, dans l’espoir de bénéficier, en contrepartie, de services remboursés – totalement ou partiellement, notamment pour ce qui est des analyses médicales, des traitements et des médicaments. Ils s’attendent également à avoir droit à des services médicaux de qualité. Toutefois, la réalité est bien différente.
Roxana Vasile, 05.01.2018, 14:27
Généralement corrects lorsqu’il s’agit de taxes et impôts, les Roumains paient de manière conséquente leurs obligations financières envers le système de santé public, dans l’espoir de bénéficier, en contrepartie, de services remboursés – totalement ou partiellement, notamment pour ce qui est des analyses médicales, des traitements et des médicaments. Ils s’attendent également à avoir droit à des services médicaux de qualité. Toutefois, la réalité est bien différente.
Cela fait des années déjà que tous ces espoirs ne sont que des illusions. Sur la toile de fond des problèmes chroniques étroitement liés au sous-financement du système sanitaire et au manque sévère de personnel médical, dès le premier janvier 2018, environ 2000 médecins traitants ont refusé de signer les avenants aux contrats avec la Caisse nationale d’assurance maladie. Résultat : environ 4 millions de patients n’ont plus bénéficié d’ordonnances remboursées. Les protestataires dénoncent la bureaucratie excessive du système et demandent la majoration des fonds alloués à la médicine primaire. En même temps, le ministère de la Santé de Bucarest est confronté à une campagne anti-vaccination illégale à travers le pays.
Par conséquent, les Directions départementales de la Santé publique doivent vérifier tous les panneaux affichant des publicités contre la vaccination (une pratique qui sauve d’ailleurs 3 millions de vies par an !) A noter qu’une épidémie de rougeole sévit en Roumanie justement à cause du refus de nombreux parents de faire vacciner leurs enfants et qu’une loi de la vaccination obligatoire, votée en octobre dernier par le Parlement, est entrée vigueur au 1er janvier. Cette épidémie doit être une sonnette d’alarme pour tout le monde – médecins, responsables politiques et parents.
Or ces messages publicitaires ne sont qu’un attentat à la santé des enfants, souligne le ministre de la Santé, Florian Bodog : « Mettre sur une affiche l’idée que le vaccin n’est pas sûr, est, à mon avis, un crime et un acte illégal. Je crois que tout parent responsable doit protéger son enfant.»
Et les controverses dans le système roumain de Santé ne s’arrêtent pas là. Un réputé chirurgien roumain, spécialiste de la transplantation rénale, Mihai Lucan, soupçonné de dilapidation et de constitution d’une association de malfaiteurs, est enquêté pour avoir causé à l’Etat un préjudice de 5 millions de lei, soit l’équivalent d’environ un million d’euros. Il aurait transféré illégalement à sa clinique privée des équipements appartenant à l’Institut rénal de Cluj-Napoca (nord-ouest). Plus de 150 patients auraient été envoyés de l’hôpital public à cette clinique privée, où les interventions coûtaient entre 3000 et 6500 euros.
Le député de l’Union Sauvez la Roumanie (d’opposition) Emanuel Ungureanu a dénoncé les pratiques du docteur Mihai Lucan. Emanuel Ungureanu affirme : « Ces jours-ci nous découvrons que le pays où nous vivons est dirigé par des réseaux mafieux de médecins, procureurs, juges et membres des services de renseignements qui, en complicité avec d’autres médecins savent très bien que dans des centaines de cliniques publiques de Roumanie les patients sont orientés vers le privé. Les malades sont extorqués de leur argent, pour retourner ensuite dans les hôpitaux publics où l’Etat qui est à nouveau extorqué.»
Dans le dossier du docteur Mihai Lucan, ont aussi été cités le ministre même de la Santé, Florian Bodog et le maire de la ville de Cluj et ancien premier ministre, Emil Boc. (Trad. Valentina Beleavski)