Divergences au sujet des politiques fiscales
Bien que rares, les prises de positions du président roumain Klaus Iohannis peuvent néanmoins s’avérer bien dures. Le président a sévèrement critiqué,
jeudi, les mesures fiscales envisagées par le gouvernement de la coalition Parti
social-démocrate-Alliance des libéraux et des démocrates, auquel il a demandé
d’y renoncer. Le chef de l’Etat a qualifié les réformes préparées par
l’Exécutif de bouleversement fiscal, à même de compliquer les problèmes plutôt
que de les résoudre.
Bogdan Matei, 03.11.2017, 14:31
Bien que rares, les prises de positions du président roumain Klaus Iohannis peuvent néanmoins s’avérer bien dures. Le président a sévèrement critiqué,
jeudi, les mesures fiscales envisagées par le gouvernement de la coalition Parti
social-démocrate-Alliance des libéraux et des démocrates, auquel il a demandé
d’y renoncer. Le chef de l’Etat a qualifié les réformes préparées par
l’Exécutif de bouleversement fiscal, à même de compliquer les problèmes plutôt
que de les résoudre.
Klaus Iohannis : Je demande à la
coalition gouvernementale PSD – ALDE de faire preuve de responsabilité et de
renoncer à ce type de politique fiscale qui produit de la méfiance, de
l’incertitude et qui n’aide personne. Quant aux mesures économiques proposées,
je recommande de la prudence dans la décision politique et gouvernementale.
Le président a dit que, selon un calcul reposant sur les données
rendues publiques, une personne payé au salaire moyen brut ne gagnerait que 3
lei (environ 0,70 centimes d’euros) par mois, suite au transfert des
contributions sociales entièrement à la charge du salarié, prévu par le
gouvernement au 1er janvier 2018. Dans son réquisitoire concernant
les politiques du gouvernement, le chef de l’Etat s’est aussi référé aux
investissements publics, qu’il a jugés trop bas, ainsi qu’à la collecte des
recettes budgétaires, arrivée à un minimum historique de seulement 25%.
Jeudi
également, les syndicats ont laissé entendre qu’ils pourraient rompre la
fragile trêve sociale avec le gouvernement. CNSLR Frăţia, une des
confédérations syndicales les plus puissantes de Roumanie, qui affirme
représenter les intérêts de plus d’un demi-million de salariés de différents
secteurs économiques, a annoncé des démarches pour déclencher une grève générale. Les syndicats craignent que le transfert
annoncé des contributions sociales aurait pour effet la baisse des salaires et
la perte d’emplois.
Les confédérations Cartel Alfa et Blocul Naţional Sindical avaient lancé
elles aussi des avertissements similaires. Le premier ministre, Mihai Tudose,
et le leader du PSD, Liviu Dragnea, ont
répliqué en disant qu’ils ne comprenaient pas cette opposition aux mesures fiscales
envisagées pour l’année prochaine, du moment qu’employés et employeurs
n’auraient qu’à y gagner.
Le premier ministre affirme que certains partenaires
sociaux ignorent sciemment les arguments qui soutiennent le transfert des
contributions à la charge des salariés. Mihai Tudose: Nous leur montrons
les chiffres et eux, ils disent que ce n’est pas vrai, que leur propre calcul a
produit des résultats différents. Une partie des syndicats ont dit que ce
n’était pas possible parce qu’ils n’étaient tout simplement pas d’accord. Nous
essayons de voir ce qu’il y a derrière cet entêtement de ne pas accepter la
réalité qu’en fait personne n’aura à souffrir et que c’est une bonne mesure à
travers laquelle tout le monde aura à gagner.
Mais les patronats non plus
ne semblent convaincus par les arguments du premier ministre. La Chambre de commerce américaine en Roumanie estime que les
mesures fiscales annoncées par le
gouvernement freinent les affaires et diminuent la confiance des investisseurs
dans l’économie nationale.