Nouveau gouvernement, nouveau programme de gouvernance
A Bucarest, le cabinet du nouveau premier ministre Mihai Tudose est en train de reprendre les portefeuilles de l’ancienne équipe, celle de Sorin Grindeanu, débarquée la semaine dernière suite à une motion de censure déposée par son propre parti. L’équipe Grindeanu s’était vu reprocher les retards accumulés dans la de mise en œuvre du programme économique, grâce auquel le Parti social-démocrate (PSD) avait remporté les élections législatives de décembre dernier avec 45% des suffrages. Dans la nouvelle équipe Tudose, 16 des 27 portefeuilles seront assumés par des ministres ayant fait partie du gouvernement précédent. Lors du vote au plénum du Parlement, 275 élus nationaux se sont prononcés en faveur du nouveau gouvernement, alors que 102 ont voté contre celui-ci. En fait, le cabinet Tudose a reçu 20 votes favorables de moins par rapport au précédent, signe que l’euphorie des gagnants d’il y a 6 mois, tout comme la cohésion de la majorité parlementaire commencent à s’évaporer.
Bogdan Matei, 30.06.2017, 14:25
A Bucarest, le cabinet du nouveau premier ministre Mihai Tudose est en train de reprendre les portefeuilles de l’ancienne équipe, celle de Sorin Grindeanu, débarquée la semaine dernière suite à une motion de censure déposée par son propre parti. L’équipe Grindeanu s’était vu reprocher les retards accumulés dans la de mise en œuvre du programme économique, grâce auquel le Parti social-démocrate (PSD) avait remporté les élections législatives de décembre dernier avec 45% des suffrages. Dans la nouvelle équipe Tudose, 16 des 27 portefeuilles seront assumés par des ministres ayant fait partie du gouvernement précédent. Lors du vote au plénum du Parlement, 275 élus nationaux se sont prononcés en faveur du nouveau gouvernement, alors que 102 ont voté contre celui-ci. En fait, le cabinet Tudose a reçu 20 votes favorables de moins par rapport au précédent, signe que l’euphorie des gagnants d’il y a 6 mois, tout comme la cohésion de la majorité parlementaire commencent à s’évaporer.
Le premier ministre Tudose lui-même affirme que la Roumanie n’a pas besoin d’un gouvernement décontracté, mais d’un cabinet qui soit en alerte permanente. Il a assuré les parlementaires que ses objectifs étaient de récupérer les retards accumulés dans la mise en œuvre du programme de gouvernance.
Mihai Tudose: « Je ne veux pas critiquer ce qui a été fait, mais je comprends qu’il y a eu un frein. A moi, on m’a dit de transformer ce frein en accélération. Et c’est justement ce que je vais faire. »
L’homme fort de la coalition au pouvoir et président du PSD, Liviu Dragnea, affirme qu’il faut respecter le programme, quels que soient les coûts politiques. C’est la raison pour laquelle le premier ministre Sorin Grindeanu a dû quitter ses fonctions.
Liviu Dragnea : « La gouvernance précédente a fait des erreurs, sans doute. Nous avons eu et nous avons toujours la force et le courage de le reconnaître. Nous allons veiller plus attentivement à ce que le calendrier du programme de gouvernance soit respecté. »
Toutefois, constatent les analystes, le programme que le nouveau cabinet doit exécuter est considérablement différent de celui de son prédécesseur. Et pour cause. Plusieurs majorations salariales dans le système public ont été reportées et on envisage d’introduire de nouvelles taxes, telle l’impôt sur le chiffre d’affaires, sur le revenu des ménages ou encore une mystérieuse taxe de solidarité. Partenaire du PSD dans la coalition au pouvoir, l’Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE) a fait savoir, par la voix du député Varujan Vosganian, qu’elle ne soutenait pas inconditionnellement le nouveau premier ministre: « En cas de discussion sur la redéfinition du taux d’imposition unique par un impôt progressif en dessous des quotas actuels, nous sommes ouverts au dialogue. Mais toute modification du taux d’imposition unique dans le sens d’une augmentation, ne trouvera pas de partenaire dans l’ALDE. »
Le vote de l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR) n’est pas venu non plus sans condition. Son leader, Kelemen Hunor : « Ce vote n’est pas un chèque en blanc. Nous ne pourrons pas soutenir l’introduction de l’impôt sur le chiffre d’affaires et nous devons savoir ce que la taxe de solidarité signifie. De même, nous ne trouvons pas que l’impôt sur le revenu global des ménages soit une initiative à même d’améliorer les choses. »
L’opposition de droite n’a pas caché son sarcasme à l’adresse du pouvoir. Les parlementaires du Parti du Mouvement Populaire (PMP) n’ont pas participé à la séance du Parlement, ni au vote, alors que le Parti national libéral (PNL) a voté contre le gouvernement, critiquant la modification du programme de gouvernance. Le député libéral Ben-Oni Ardelean: « Le PNL estime que, à ce rythme, vous allez détruire toute la Roumanie. A l’heure actuelle vous ne faites que pulvériser toutes les chances de la Roumanie. »
Au nom de l’Union Sauvez la Roumanie (USR), le député Cristian Seidler a été tout aussi catégorique : «M Tudose, aux côtés de vos collègues du PSD et de l’ALDE, vous avez perdu la légitimité pour diriger la Roumanie.»
A l’instar d’un prof principal sévère devant une classe d’élèves – problème, le président Klaus Iohannis a lancé des critiques dures à l’adresse des nouveaux ministres venus prêter le serrement d’investiture. « Vous avez fait plonger le pays dans la crise parce que vous avez été incapables de gouverner », a martelé le chef de l’Etat, reprochant au PSD d’avoir modifié le programme de gouvernance dans des points sensibles.
Pour leur part, les experts économiques remarquent déjà les premières erreurs de l’équipe de Mihai Tudose. Même avant son investiture, le nouveau ministre des Finances, Ionuţ Mişa, a annoncé la suppression du 2e pilier des retraites privées. Une annonce démentie par le chef des sociaux-démocrates, Liviu Dragnea. Ionuţ Mişa est par la suite revenu sur ses affirmations. Trop tard, car ses propos avaient déjà produit leurs effets à la Bourse et sur le marché des devises. (Trad. Valentina Beleavski)