Crise politique à Bucarest (mise à jour)
Le refus obstiné du premier ministre roumain Sorin Grindeanu de démissionner de ses fonctions, malgré la requête explicite de son propre Parti social-démocrate (principale composante de la coalition au pouvoir à Bucarest), malgré aussi la démission en bloc des membres du Cabinet, ce refus donc est la source d’une première surprenante dans l’histoire post-communiste de la Roumanie.
Florentin Căpitănescu, 15.06.2017, 21:43
Le refus obstiné du premier ministre roumain Sorin Grindeanu de démissionner de ses fonctions, malgré la requête explicite de son propre Parti social-démocrate (principale composante de la coalition au pouvoir à Bucarest), malgré aussi la démission en bloc des membres du Cabinet, ce refus donc est la source d’une première surprenante dans l’histoire post-communiste de la Roumanie.
Ce jeudi, le Comité exécutif national du Parti Social Démocrate (PSD) a décidé d’introduire une motion de censure contre sa propre équipe gouvernementale, installée après la victoire écrasante (45% des suffrages) obtenue par le parti aux élections législatives de décembre dernier. Ajoutons à cela l’autre décision du Comité exécutif du PSD, de sanctionner l’attitude rebelle de Sorin Grindeanu et de l’exclure des rangs sociaux-démocrates. La coalition au pouvoir, formée par le PSD et l’Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE), avait déjà retiré, mercredi, le soutien politique à son propre gouvernement, mais, puisque Sorin Grindeanu s’est montré intraitable, son parti s’est vu obliger à faire le pas suivant, en prenant les décisions rendues publiques ce jeudi.
Les leaders de la coalition au pouvoir, le social-démocrate et président de la Chambre des députés Liviu Dragnea, et le libéral-démocrate et président du Sénat, Călin Popescu Tăriceanu, ont affirmé que les retards enregistrés dans la mise en œuvre du programme de gouvernement avaient rendu impératif le remplacement de l’Exécutif.
Le manque d’efficacité est réfuté par le premier ministre, qui considère que les six mois écoulés depuis l’installation de son Cabinet étaient insuffisants pour appliquer des réformes d’ampleur. De plus, Sorin Grindeanu, que Liviu Dragnea lui-même avait imposé au poste de premier ministre, dénonce le manque d’objectivité du rapport d’évaluation de son activité, rapport rédigé par le parti et auquel il n’aurait pas eu accès. Les analystes considèrent que le limogeage de Sorin Grindeanu a été expressément demandé par Liviu Dragnea, mécontent que le premier ministre ait abandonné l’attitude docile du début de son mandat pour se transformer en un personnage en quête d’une autonomie qui dérange.
En même temps, l’équipe Grindeanu n’a pas réussi à imposer une législation pénale qui rende la vie plus facile à Dragnea, déjà condamné définitivement à une peine de prison avec sursis dans une affaire et en situation extrêmement compliquée dans une autre.
Par ailleurs, le président de la république, Klaus Iohannis, demande à la coalition gouvernementale PSD-ALDE de trouver rapidement une solution à la crise politique, pour éviter le risque de déstabiliser le pays. L’Administration présidentielle a précisé que c’était aux deux partis de chercher et de trouver la solution. Reste à voir comment le PSD gérera la situation et si l’opposition de droite, généralement inerte, entend profiter d’une situation inespérée jusqu’il y a peu. (Trad. Ileana Taroi)