Crise politique à Bucarest
Investis il y a 6 mois, le premier ministre Sorin Grindeanu et son cabinet viennent de perdre le soutien de la coalition au pouvoir en Roumanie, à savoir le Parti Social-Démocrate (PSD) et l’Alliance des Libéraux et des Démocrates (ALDE). Votée par les directions des deux partis, la décision a été doublée par la démission de la plupart de l’équipe de l’Exécutif.
Bogdan Matei, 15.06.2017, 12:21
Investis il y a 6 mois, le premier ministre Sorin Grindeanu et son cabinet viennent de perdre le soutien de la coalition au pouvoir en Roumanie, à savoir le Parti Social-Démocrate (PSD) et l’Alliance des Libéraux et des Démocrates (ALDE). Votée par les directions des deux partis, la décision a été doublée par la démission de la plupart de l’équipe de l’Exécutif.
Selon les leaders de la coalition au pouvoir, le social – démocrate Liviu Dragnea et le libéral – démocrate Călin Popescu Tăriceanu, cette décision était nécessaire, vu que le gouvernement n’avait même pas mis en oeuvre la moitié des mesures figurant au programme de gouvernance – un programme qui a valu une victoire sociale-démocrate retentissante aux élections législatives du 11 décembre dernier. Certains ministres n’ont pas obtenu les résultats auxquels ils s’étaient engagés, il y a de nombreux aspects à rattraper, alors que la coalition souhaite payer ses arriérés, a affirmé le leader du PSD, Liviu Dragnea, lors d’une conférence de presse.
Liviu Dragnea: « Le PSD est prêt, aux côtés de l’Alliance des Libéraux et des Démocrates, à former un nouveau gouvernement, avec une feuille de route mieux structurée, qui comportera les actions et les mesures nécessaire pour récupérer les délais enregistrés. A continuer la gouvernance actuelle, avec ou sans Sorin Grindeanu en tant que premier ministre, le programme de gouvernance risquait, d’ici trois mois, de devenir un document impossible à mettre en oeuvre en Roumanie ».
A son tour, le président de l’ALDE et premier ministre entre 2004 et 2008, Călin Popescu-Tăriceanu, affirme que le chef d’un gouvernement doit être la main forte capable de coordonner les membres du cabinet afin de remplir les objectifs assumes.
Călin Popescu-Tăriceanu: «Un gouvernement et un premier ministre qui ne bénéficient plus de soutien politique, ne peuvent plus fonctionner. Normalement, dans une telle situation, le premier ministre doit présenter sa démission. Le gouvernement se retrouve dans l’impossibilité pratique de fonctionner aussi par le fait que les ministres ont annoncé leurs démissions. Nous attendons donc le geste d’honneur de la part du premier ministre ».
Sans soutien et sans cabinet, le premier ministre Sorin Grindeanu a tout de même réussi à surprendre ses adversaires politiques. Il a fait savoir sans équivoque qu’il n’allait pas quitter ses fonctions. En plus, il estime que l’évaluation de l’activité de son cabinet par le Comité exécutif du PSD a été incorrecte. Et il a précisé aussi qu’il ne démissionnerait que si le chef de l’Etat nomme un nouveau premier ministre social-démocrate, après avoir consulté les formations politiques.
Sorin Grindeanu : «Je ne démissionne pas ! Et je vous dirai pourquoi. J’ai l’obligation d’avoir un comportement responsable face à la Roumanie et face au parti dont je suis membre. Ce gouvernement est le gouvernement de la Romanie et non pas le gouvernement du Comité exécutif. Je crois que nous devons tous nous en sentir responsables ! Moi, je le suis ! ».
Parmi les reproches qui lui ont été faits figuraient des mesures impossibles à réaliser au cours des 6 premier mois de gouvernance, pour des objectifs fixés pour l’ensemble du mandant, a précisé le premier ministre. Ce qui plus est, ni lui-même ni les membres de son cabinet n’avaient été informés au sujet du contenu du rapport d’évaluation. Un rapport élaboré, selon les commentateurs, par un proche de Liviu Dragnea, Darius Vâlcov de son nom, ancien ministre des Finances et un personnage controversé qui a passé plus de deux mois derrière les barreaux dans un des trois dossiers de corruption dont il fait l’objet.
De nombreuses spéculations circulent dans la presse nationale du jour au sujet de la guerre fratricide au sein du PSD. Ce qui est sûr, c’est que si le premier ministre persévère dans son refus de démissionner, Liviu Dragnea ne pourra le faire partir que par le biais d’une motion de censure. Ce qui serait une autre première pour la politique roumaine qui confirmera les estimations des analystes selon lesquels ce grand parti qui domine solitairement la scène politique nationale est incapable de gérer sa victoire électorale et se laisse écraser par le poids de son succès. (Trad. Valentina Beleavski)