Personnes accusées dans le dossier de la descente des mineurs sur Bucarest en juin 1990
Ştefan Stoica, 14.06.2017, 14:10
14 personnes ont été déférées à la Justice dans le dossier de la descente des mineurs sur Bucarest du 13 au 15 juin 1990, une série d’évènements violents déroulés six mois après la chute du communisme en Roumanie. Des noms qui avaient dominé la scène politique pendant la première décennie après la dictature comparaîtront devant la Haute Cour de cassation et de justice : l’ancien président de gauche Ion Iliescu, l’ancien premier ministre Petre Roman, l’ancien vice premier ministre Gelu Voican Voiculescu, l’ancien leader syndical des mineurs du bassin carbonifère de la Vallée du Jiu (centre-ouest), transformés en personnage collectif de cette histoire sinistre.
Les événements ont eu lieu moins d’un mois après les élections qui avaient validé par le vote le régime Ion Iliescu. Parce qu’il n’avait pas réussi à prouver son adhésion à la démocratie, à l’Etat de droit et à l’économie de marché, ses contestataires les plus radicaux sont restés dans la rue même après la manifestation-marathon Place de l’Université, lieu symbolique de la lutte pour la démocratie. Ion Iliescu a invoqué une tentative de putsch d’extrême droite et a demandé à la population de défendre les institutions démocratiques.
Des milliers de mineurs ont alors investi Bucarest, ont attaqué l’Université, les sièges des partis d’opposition et les rédactions de certains journaux indépendants. Marian Lazăr, procureur militaire: « Ces événements ont fait suite aux actes de diversion et de manipulation de l’opinion publique par les autorités étatiques, représentées par les mis en examen, qui ont été présentés de manière distordue et ont plaidé en faveur de l’idée d’être déterminés par une soi-disant rébellion de type légionnaire. Les manifestants qui exprimaient des opinions politiques ont été présentés comme des personnes ayant des occupations criminelles, des éléments extrémistes, réactionnaires, étant désignés par le président élu de la Roumanie comme étant des « voyous ». Ceux qui ont été trouvés Place de l’Université ainsi que d’autres considérés comme ayant trait aux manifestations ont été emmenés de force dans des casernes du ministère de l’Intérieur, dans des locaux totalement impropres à la détention de personnes, étant privés de liberté de manière illégale. La privation de liberté sans formes légales a duré jusqu’au 21 juin 1990 au plus tard ».
4 personnes sont mortes, tuées par balle, près de 1400 ont subi des lésions physiques ou psychiques, et 1250 ont été privées de liberté pour des raisons politiques, selon les procureurs. L’enquête a repris début 2015, après que la Cour européenne des droits de l’homme a obligé les autorités roumaines à identifier les responsables. Le dossier initial avait traîné presque deux décennies et il a été fermé en 2009 sans coupables. Tous ceux qui sont maintenant dans le box des accusés – à commencer par l’ancien président Ion Iliescu – ont soutenu, pendant toutes ces années, qu’ils n’étaient pas responsables pour les événements de juin 1990.