En quête de solutions pour les prisons roumaines
Les responsables de Bucarest sont à la recherche de solutions pour améliorer les conditions de vie dans les prisons et pour éviter de se voir appliquer de nouvelles sanctions par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Et pour cause : l’année dernière les amendes se sont chiffrées à 1,6 millions d’euros.
Mihai Pelin, 14.03.2017, 14:52
Les responsables de Bucarest sont à la recherche de solutions pour améliorer les conditions de vie dans les prisons et pour éviter de se voir appliquer de nouvelles sanctions par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Et pour cause : l’année dernière les amendes se sont chiffrées à 1,6 millions d’euros.
Dans ce contexte, fin janvier, le gouvernement de gauche de Bucarest adoptait un controversé décret d’urgence visant à gracier plusieurs catégories de détenus, en raison du surpeuplement des pénitenciers. Par ce décret, entre autres, les peines inférieures à 5 ans étaient graciées, à l’exception des récidivistes. Cette initiative, aux côtés d’une autre visant à alléger les sanctions pour l’abus de fonction, a engendré d’amples protestations en Roumanie, en fait les plus amples depuis la chute du communisme en 1989, attirant aussi de nombreuses critiques de l’intérieur et de l’extérieur du pays. Suite à ces manifestations, le gouvernement a renoncé aux deux décrets mentionnés.
Mais les problèmes des pénitenciers roumains restaient toujours sans solution. Par conséquent, le Sénat de Bucarest a adopté lundi un projet visant à modifier la loi qui régit l’exécution des peines de prison. Aux termes du document, les détenus qui vivent dans des conditions inadéquates, soit dans un espace inférieur à 4 m carrés par personne, bénéficieront d’une réduction de peine de 3 jours par mois. Ce projet fait partie de tout un paquet initié par le gouvernement roumain afin d’éviter de se faire sanctionner par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, un paquet voté par tous les partis.
La Roumanie fait ainsi une moitié de pas vers la solution du problème de fond, estime la sénatrice libérale Alina Gorghiu : «Si on ne discute pas à chaque fois de la construction des pénitenciers envisagée par le gouvernement, si on ne prend pas au sérieux la mesure des bracelets électroniques, si on n’arrive pas à dire très clairement que le recour interne de type compensatoire ne résout pas le problème de l’hygiène des cellules où vivent les détenus, ni le problème de la réinsertion sociale, qui est le plus grand défaut du système pénitentiaire roumain, alors cela signifie que nous ne résolvons pas le problème de fond. »
Pour sa part, le sénateur social-démocrate Serban Nicolae, affirme que la situation des détenus roumains reste un problème réel, bien que le phénomène infractionnel soit à la baisse.
Serban Nicolae : « Il y a 15 ans, le nombre des détenus se trouvant dans les prisons roumaines s’élevait à 56.000. A présent il en reste 28.000, donc, sans une loi de la grâce collective, ni d’autres mesures spécifiques, sans bracelets électroniques ou de mesures alternatives d’exécution des peines, le nombre des détenus à diminué à moitié en Roumanie. Et cela, uniquement dans le contexte actuel de procédure judicaire dans le domaine. »
Notons pour terminer que c’est maintenant à la Chambre des Députés à s’exprimer sur le projet de loi adopté par les sénateurs de Bucarest, les députés ayant le pouvoir décisionnel dans ce cas. (Trad. Valentina Beleavski)