Jeux de (services) secrets et de politique
Après le scandale au sommet de l’institution, le général Florian Coldea, premier adjoint du patron des services secrets roumains, a été libéré de ses fonctions. Dans un message adressé à la nouvelle majorité parlementaire, le président du pays, Klaus Iohannis, a déclaré que la preuve de la maturité de celle-ci serait la manière dont elle entend envisager les changements législatifs dans les domaines de la sûreté nationale et de la justice.
Mihai Pelin, 18.01.2017, 14:43
Après le scandale au sommet de l’institution, le général Florian Coldea, premier adjoint du patron des services secrets roumains, a été libéré de ses fonctions. Dans un message adressé à la nouvelle majorité parlementaire, le président du pays, Klaus Iohannis, a déclaré que la preuve de la maturité de celle-ci serait la manière dont elle entend envisager les changements législatifs dans les domaines de la sûreté nationale et de la justice.
Le chef de l’Etat a souligné la nécessité des négociations entre le pouvoir et l’opposition, en ajoutant qu’il restait à voir ce que deviendrait cette majorité parlementaire. Selon lui, il ne serait pas souhaitable qu’elle impose la loi de la majorité, quel que soit le thème en débat, et qu’elle « blanchisse » les dossiers des personnes qui ont maille à partir avec la justice. Klaus Iohannis : « Ou bien nous pourrons avoir une majorité mûre, capable de comprendre que nous n’avons qu’un seul et même pays et prête à œuvrer aux côtés du président pour garantir la sécurité nationale, l’Etat de droit et démontrer que la Roumanie est un pays sûr pour ses citoyens et une nation puissante. Moi personnellement, je voudrais bien une telle majorité et je l’attends! »
L’évincement de Florian Coldea, celui qui 12 années durant fut le numéro deux des services secrets, fait suite aux allégations lancées publiquement par l’ex député social-démocrate Sebastian Ghita, en cavale et poursuivi dans plusieurs dossiers. Ce dernier a affirmé entre autres avoir passé de luxueuses vacances ces dernières années à létranger avec M. Coldea et sa famille. Même si les conclusions de la commission d’enquête interne navaient révélé dans son activité aucun élément susceptible de représenter des violations de la législation ou des normes internes du Service roumain de renseignement, Coldea a décidé de quitter son poste. Le patron du Service, Eduard Hellvig, a demandé au président du pays d’approuver le passage à la réserve de celui-ci.
En réaction aux déclarations du président Klaus Iohannis, le président du Sénat et leader de l’Alliance des libéraux et des démocrates, Călin Popescu-Tăriceanu, a voulu savoir si, par le biais de quelque décision secrète, le Conseil suprême de défense de la Roumanie avait confié de nouvelles attributions à certaines institutions judiciaires — allusion au Parquet national anticorruption — ce qui, à son avis, aurait entravé, voire même violé, les droits et libertés des citoyens. Călin Popescu-Tăriceanu estime que le chef de l’Etat se doit également de préciser quels sont les pouvoirs accrus conférés aux services de renseignement, où s’arrête l’influence qu’ils exercent sur les magistrats et si des agents sous couverture étaient infiltrés dans les institutions de justice.
Un premier éclaircissement dans l’affaire Coldea est attendu le 25 janvier prochain, lorsque le directeur du Service roumain de renseignement (SRI), Eduard Hellvig, sera auditionné par la Commission parlementaire chargée du contrôle de l’activité de cette institution. Les directeurs adjoints et le chef de la commission d’enquête interne du SRI sont également attendus au Parlement la semaine prochaine, a précisé le chef de la commission parlementaire mentionnée. (trad. : Mariana Tudose)