Radiographie du vote au législatives roumaines
Deux enseignements essentiels se dégagent des élections parlementaires de dimanche — d’une part, le Parti social-démocrate, de gauche, reste la formation politique préférée, et de loin, par les Roumains ; d’autre part, ce parti a élargi son influence à des zones géographiques et à des catégories sociales auxquelles il n’avait pas eu accès jusqu’à présent. Les sociaux-démocrates se sont ainsi imposés avec 45% des suffrages, raflant 34 des 41 départements ainsi que Bucarest.
Florentin Căpitănescu, 13.12.2016, 15:07
Deux enseignements essentiels se dégagent des élections parlementaires de dimanche — d’une part, le Parti social-démocrate, de gauche, reste la formation politique préférée, et de loin, par les Roumains ; d’autre part, ce parti a élargi son influence à des zones géographiques et à des catégories sociales auxquelles il n’avait pas eu accès jusqu’à présent. Les sociaux-démocrates se sont ainsi imposés avec 45% des suffrages, raflant 34 des 41 départements ainsi que Bucarest.
La carte de la Roumanie a désormais la couleur rouge, à l’exception de 7 départements se trouvant en Transylvanie. C’est là que le Parti national libéral — avec un score national de 20% – a décroché les comtés de Cluj, Alba et Sibiu, tandis que l’Union démocratique des Magyars de Roumanie — avec un résultat général de 6% – s’est adjugée Harghita, Covasna, Mures et Satu-Mare, ses fiefs traditionnels, départements à forte population de souche hongroise.
Le scrutin de dimanche a, par ailleurs, révélé des changements importants dans le profil sociologique des votants du PSD. Selon l’Institut roumain d’évaluation et stratégies, la nouveauté la plus saisissante est que la formation a réussi à mobiliser aussi bien l’électorat urbain que celui avec des études universitaires, dans les conditions où elle était, jusqu’à présent, confortablement installée en milieu rural, avec un bassin stable d’électeurs aux études primaires et secondaires. Or, la moitié des électeurs citadins ont désormais mis le tampon sur les listes du PSD.
Celui-ci a également capté l’attention de davantage de jeunes, ce qui le place à égalité avec le PNL pour ce qui est du nombre de votants âgés de 25 à 34 ans, selon IRES. Toutefois, les libéraux ont une légère avance du côté des étudiants, qui les ont votés à hauteur de 31%, contre 28% pour le PSD et 18% pour l’Union Sauvez la Roumanie, la troisième force politique du pays désormais, formation issue de la société civile, pour la première fois dans une confrontation électorale nationale. Les personnes âgées de plus de 64 ans ont voté massivement à gauche, avec le PSD — à savoir à 60%.
Pour ce qui est de la diaspora, c’est la République de Moldova qui donne le plus grand nombre de voix, plus de 30 mille. Sur ce montant, plus de la moitié est allée au Parti du Mouvement populaire, de droite, parti de l’ex-chef de l’Etat, Traian Basescu. Les communautés les plus nombreuses de Roumains, en Italie et en Espagne, ont préféré notamment le PNL, tandis que l’USR domine les suffrages des Roumains du Royaume-Uni, d’Allemagne, de France, de Russie et de Chine.
Néanmoins, juste quelque 106 mille des quelque 4 millions de Roumains à droit de vote résidant à l’étranger ont exprimé leurs choix politiques. Une présence en berne confirmée aussi dans le pays — juste 39,49% des Roumains se sont déplacés dimanche aux urnes, soit le deuxième taux le plus bas depuis la chute du communisme. Des chiffres qui devraient être attentivement considérés par les acteurs politiques roumains. (trad. : Andrei Popov)