Radio Roumanie – 88 ans, avenir incertain
C’est le 1er novembre 1928 que la Société de Diffusion Radiotéléphonique de Roumanie faisait entendre sa voix, pour la première fois sur les ondes. « Allo, ici Radio Bucarest ! » furent les premières paroles prononcées à l’antenne par le premier président de cet organisme, le physicien Dragomir Hurmuzescu.
Valentin Țigău, 02.11.2016, 12:59
C’est le 1er novembre 1928 que la Société de Diffusion Radiotéléphonique de Roumanie faisait entendre sa voix, pour la première fois sur les ondes. « Allo, ici Radio Bucarest ! » furent les premières paroles prononcées à l’antenne par le premier président de cet organisme, le physicien Dragomir Hurmuzescu.
88 ans sont passés depuis, avec les hauts et les bas des différentes périodes historiques que la société roumaine, et par conséquent Radio Roumanie aussi, ont traversées jusqu’à nos jours. Malgré les aléas des époques, la Société Roumaine de Radiodiffusion a tenté de garder inchangée une de ses mission, la promotion de la culture roumaine. De nos jours, Radio Roumanie est, sans conteste, le média le plus puissant du pays et cela se reflète dans le volume du public qui choisit ses programmes de même que dans les différents projets culturels d’envergure que cette compagnie propose. Aux quatre chaînes nationales — « Actualités », « Culture », « Musique », « Antenne des villages » – s’ajoute la quinzaine de stations régionales, des chaînes en ligne, ainsi qu’une grande station internationale. RRI est la plus importante chaîne internationale d’Europe du sud-est, avec des programmes en roumain et en 11 autres langues étrangères.
Elettra Marconi, la fille de l’inventeur italien de la radio, Guglielmo Marconi, a tenu à marquer les 88 ans de Radio Roumanie : « Je vous fais parvenir mes meilleurs vœux pour une longue existence. Mon père a créé la transmission sans fil, la radio, notamment pour sauver des vies humaines, pour aider les gens à avoir accès aux informations, où qu’ils se trouvent dans le monde. La radio représente la vérité et la liberté ».
Toutefois, cette liberté de la radio publique roumaine est désormais mise en question par les derniers développements législatifs intervenus dans le pays. Radio Roumanie et la Télévision Roumaine, les deux médias directement financés par les Roumains même durant le régime communiste, se retrouvent dans une situation sans précédent. Un acte réglementaire, proposé par le Parti social-démocrate, supprime la redevance audio-visuelle et lie les deux organismes au budget de l’Etat. Le leader social-démocrate Liviu Dragnea estime que la radio et la télévision publiques auront de ce fait un parcours financier prévisible.
En réaction, de nombreuses voix de Roumanie et de l’étranger ont contesté cette mesure arguant que ce changement établit un rapport de subordination politique et éditoriale directe entre les deux médias et le pouvoir politique. « La redevance audiovisuelle n’est pas une taxe, mais une contribution des citoyens qui ont le droit à une information libre, livrée par des institutions publiques indépendantes », affirmait mardi le premier ministre Dacian Ciolos, à l’occasion des 88 ans de Radio Roumanie. La redevance est la première source de financement des médias publics dans la plupart des pays européens, tels la France, l’Allemagne, l’Italie ou le Royaume-Uni, a encore précisé Dacian Ciolos.
La loi initiée par le PSD supprime aussi bien la contribution audiovisuelle qu’une centaine d’autres taxes et elle a été rapidement avalisée par le Parlement, la semaine dernière. La balle est désormais dans le camp du président Klaus Iohannis, qui doit la promulguer ou la renvoyer au législatif. Les commentateurs mettent pourtant en cause la dimension populiste de cette loi passée, sans aucun débat public, à quelques semaines des élections législatives de décembre. (trad. : Andrei Popov)