Sur le financement des services publics de radio et de télévision
Approuvé la semaine dernière par le Sénat, le projet de loi prévoyant l’élimination de plusieurs taxes, y compris celle sur l’audiovisuel se trouvera à partir de mardi sur la table de la Chambre des députés. Avancé par les sociaux-démocrates, le document révolte des représentants de la classe politique, de la société civile et des médias roumains.
Valentin Țigău, 24.10.2016, 14:30
Approuvé la semaine dernière par le Sénat, le projet de loi prévoyant l’élimination de plusieurs taxes, y compris celle sur l’audiovisuel se trouvera à partir de mardi sur la table de la Chambre des députés. Avancé par les sociaux-démocrates, le document révolte des représentants de la classe politique, de la société civile et des médias roumains.
Ensemble, ceux-ci affirment que la suppression de la redevance radio-télévision portera sérieusement atteinte à l’autonomie et à l’indépendance des médias publics. Le Conseil d’administration de la Radio nationale affirme pour sa part que l’institution perdra son statut de service public, ce qui la rendrait vulnérable face aux influences politiques et du coup, en perte de crédibilité. Une position partagée aussi par la Télévision roumaine.
En visite ces jours-ci à Bucarest, le directeur juridique de l’Union européenne de radio et de télévision, Richard Burnley, a affirmé que le financement des services publics de radio et de télévision du budget de l’État serait la pire des solutions possibles. J’appelle le Parlement roumain à rejeter le document, a-t-il lancé: Je suis très inquiet de ce qui se passe actuellement en Roumanie. L’abonnement pour la radio et la télévision n’est pas une simple taxe, mais c’est une contribution très importante de la société au financement des services publics de l’audiovisuel. Or, toute tentative de l’éliminer inquiète profondément dans le contexte où l’expérience montre qu’il reste la meilleure solution pour assurer aussi bien le financement que l’indépendance de ces deux médias dont le propriétaire est le public.
Le directeur de la BBC, Dennis Nowlan, a insisté à son tour sur les avantages de la redevance audiovisuelle
: «Cela fait plus de 90 ans que la BBC est financée par une telle taxe qui garantit notre indépendance. C’est d’ailleurs grâce à ce financement que l’on réussit à préserver notre indépendance face aux différentes pressions, que ça soit celle du Gouvernement, commerciale ou autres».
C’est le financement public qui se porte le garant de l’indépendance éditoriale, a pour sa part lancé Vincent Lemaire de RFI: « On ne saurait oublier que c’est le public qui est l’investisseur direct des services publics de radio et de télévision. On lui doit beaucoup, puisque c’est lui qui paie et on est profondément consacrés à cette cause».
La plupart des médias européens publics sont financés par des contributions de la part des citoyens. Dans les pays où une telle redevance n’existe pas, l’indépendance des médias en souffre. En Roumanie, la taxe radio-télévision représente 67,56% des recettes de la télévision publique et 49% de celles de la Radio. Son montant, le plus bas d’Europe, est de 0,8 centimes d’euros par mois pour la Télévision et de 0,6 centimes d’euros par mois pour la Radio.