La Santé roumaine éclaboussée par la corruption
Une trentaine de jours de détention provisoire. Le vice-président de l’Agence nationale du médicament et des dispositifs médicaux, Lazar Iordache, se trouve depuis mardi derrière les barreaux, alors que des poursuites pénales ont été lancées contre lui par les procureurs anticorruption, qui l’accusent de trafic d’influence et d’avoir offert des pots-de-vin. Le dénonciateur est un responsable du ministère de la Santé auquel Lazar Iordache avait promis, entre avril et juin 2016, un poste de direction et 5% des sommes allouées à deux hôpitaux. Le 26 avril dernier, il aurait donné quelque 28.000 euros au fonctionnaire en question pour qu’il exerce son influence auprès des responsables du ministère pour signer les allocations budgétaires, précisent les procureurs. Les sommes promises et remises par Lazar Iordache provenaient des fonds octroyés par le ministère de la Santé pour la construction d’une station d’épuration de l’eau d’un hôpital et pour en doter un autre d’équipement médical.
Daniela Budu, 24.08.2016, 13:08
En parallèle, refait surface l’affaire des désinfectants dilués ayant provoqué une vague de maladies nosocomiales dans certains hôpitaux, sujet qui avait fait couler beaucoup d’encre en mai dernier. Coup de théâtre, certaines des substances en question n’étaient pas aussi diluées qu’elles ne paraissaient après les premiers tests, selon un nouveau rapport de l’Institut roumain des sérums et vaccins. En tout cas, pour certains désinfectants, la teneur en substance active n’était pas en dessous des limites légales, selon les experts. Mais le rapport de ces derniers n’est pas convaincant pour les enquêteurs, précise le procureur général Augustin Lazar : « Un seul lot a été testé, pour le moment; un autre contingent de substances sera soumis aux analyses, à l’Institut Cantacuzène de Bucarest. Pour le moment, les résultats sont mitigés, positifs pour certains, négatifs pour d’autres et c’est à peine à la fin du processus que nous allons voir quelle est la tendance la plus importante ».
Dans cette affaire, le Parquet près la Haute Cour de cassation et de justice enquête sur le fabricant de ces désinfectants, la compagnie HexiPharma, pour entrave à la lutte contre les maladies. La société est mise en cause pour avoir vendu des produits biocides non conformes à plus de 150 hôpitaux roumains. Leur teneur en substance active était, dans certains cas, quatre mille fois moindre que le minimum admis, avait fait savoir le ministère de la Santé, en mai dernier.
Alors que le scandale s’accroît, le patron de HexiPharma, Dan Condrea, meurt au volant de sa voiture, se précipitant dans un arbre, accident routier qui ne fait qu’alimenter les spéculations en tout genre. Il y a un mois, les procureurs du Parquet général avaient conclu que Dan Condrea s’était suicidé, le rapport d’autopsie indiquant que sa mort avait été violente, causée par des traumatismes multiples. Les procureurs ont décidé de classer le dossier visant sa mort, ce qui a mécontenté sa famille. Leur plainte contre cette décision est en train d’être examinée. (trad. : Andrei Popov)