Quelles chances pour l’Education ?
Dans la Roumanie post-communiste, le système de santé mis à part, l’Education est le domaine soumis au plus grand nombre de réformes échouées. Quasiment tous les ministres — indépendants ou membres de partis politiques, de droite ou de gauche, issus de l’intérieur ou de l’extérieur du système — ont essayé de changer les règles. Et après toutes ces transformations qui n’ont produit, au fil des ans, que de la confusion parmi les élèves et les enseignants, même un des anciens titulaires du portefeuille, le sénateur Liviu Pop, définissait récemment le bac comme « un éternel échec ».
Bogdan Matei, 10.08.2016, 14:30
Mardi, ce fut le tour d’un autre ministre, le président du Conseil national des présidents d’universités de Roumanie, Sorin Cîmpeanu, d’anticiper une première non désirée pour 2016 : le nombre des bacheliers sera inférieur à 100.000. Participant au Forum des organisations estudiantines de Roumanie, à Galaţi (sud-est), l’universitaire a déclaré que la chute du nombre des diplômés du bac se reflète dans des difficultés pour les universités de voir occuper les places proposées à l’examen d’admission. Sur le long terme, ce phénomène pourrait faire que les pourcentages assumés par la Roumanie concernant le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur ne soit pas atteint. Et ce chiffre est de toute façon inférieur à celui fixé par l’Union européenne.
Le président Klaus Iohannis, lui-même professeur, a pris part à l’ouverture du Forum de Galaţi, où il a affirmé que l’enseignement supérieur doit être au-dessus de tout soupçon en matière de qualité et d’intégrité. Les mémoires de maîtrise et les thèses de mastère « doivent respecter une série de normes claires, appliquées avec esprit de suite dans la pratique du milieu universitaire » – a averti le président. « Nous pourrions ainsi prévenir la culture du plagiat dès les premières années » — a estimé M Iohannis, après que dernièrement, les verdicts de plagiat dans des thèses de doctorat ont tenu les unes des journaux. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg, estime le président. Et les noms des personnes concernées, qui font partie des pseudo-élites politiques et académiques de Bucarest, font le délice des journaux et des chaînes d’infos.
La longue télénovela du doctorat en Droit de l’ancien premier ministre Victor Ponta a récemment pris fin par le retrait du titre académique, après le verdict implacable de plagiat. Maintenant, Ponta risque aussi l’exclusion du Barreau, où il avait été admis en raison justement de la thèse de doctorat obtenue par contrefaçon. L’ancien vice premier ministre et leader de l’UNPR, Gabriel Oprea, a été lui aussi coordinateur de doctorats, même si sa propre thèse a été considérée par les experts comme plagiée. Dans le sillage des deux, des politiciens de moindre envergure figurent sur la liste des faux docteurs. Plagieurs avérés, certains ont eux-mêmes demandé que le titre leur soit retiré. Avec des normes de bas niveau non seulement académiques, mais aussi morales, la plupart d’entre eux ne prennent toutefois pas en compte le retrait de la vie publique, constatent les analystes. (trad. : Ligia Mihaiescu)