La mort d’un footballeur
Ce sont les médecins qui ont compromis toute chance de survie du footballeur Patrick Ekeng. Les journalistes d’une télévision privée de Roumanie résument ainsi l’épisode tragique qui s’est joué vendredi soir sur la pelouse d’un stade bucarestois.
România Internațional, 09.05.2016, 14:12
Ce sont les médecins qui ont compromis toute chance de survie du footballeur Patrick Ekeng. Les journalistes d’une télévision privée de Roumanie résument ainsi l’épisode tragique qui s’est joué vendredi soir sur la pelouse d’un stade bucarestois.
En plein match, le milieu camerounais de l’équipe Dinamo Bucarest s’effondre sur le terrain, alors qu’il n’était pas engagé dans une phase de jeu. Les médecins de l’hôpital où le jeune sportif a été emmené, et qui ont tenté de le ressusciter, sans succès, pendant plus d’une heure, ont conclu à un arrêt cardio-respiratoire. Ils pointent des premiers secours bâclés, une accusation réfutée par le médecin du club Dinamo Bucarest.
L’intervention médicale sur le terrain soulève, toutefois, de nombreuses questions. L’ambulance privée présente au match était-elle dotée de l’équipement nécessaire pour ce genre de mission ? Combien rapide a été l’intervention des secouristes ? Et surtout pourquoi n’y a-t-il pas eu de manœuvres de ressuscitation du footballeur sur le terrain ? Une enquête contre X a été ouverte.
La société d’ambulance s’est vu suspendre son activité pour 30 jours, suite aux irrégularités de fonctionnement mises au jour par le contrôle effectué par le Département pour les situations d’urgence, dont le coordonnateur Raed Arafat, explique :« Le plus grave c’est qu’il y a eu un surclassement de certaines ambulances, autorisées par la Direction de la Santé publique pour le transport des patients ; ces véhicules ont été utilisés pour les urgences. Le contrôle a mis aussi en évidence des médicaments qui avaient dépassé la date de péremption et des défibrillateurs dont les batteries étaient déchargées ou presque. »
Cette déclaration du coordonnateur du Département pour les situations d’urgence est une véritable radiographie du système roumain de santé, secoué ces derniers temps par des scandales retentissants, comme celui, très récent, des désinfectants dilués utilisés dans les hôpitaux. Le premier ministre Dacian Ciolos considère que la santé est la priorité numéro un de son gouvernement pour les prochains mois ; il a donc décidé de voir avec les experts du domaine quelles sont les mesures qui s’imposent pour améliorer la situation. A court terme, il faut agir pour que la population refasse confiance au système ; mais il faut y ajouter la modernisation de l’infrastructure spécialisée obsolète, y compris en construisant des établissements hospitaliers avec du financement européen.
L’Exécutif de Bucarest constate des dysfonctionnements sérieux de management dans le secteur des soins de santé, mis en évidence par les récentes crises et qui n’ont pas été traités ces dernières années. Le temps est venu de repenser la mise en œuvre des contrats de management dans les hôpitaux publics et la relation hiérarchique entre ces établissements et les autorités locales et centrales.