Risques économiques annoncés par la Banque centrale roumaine
La Roumanie reste, pour le moment, un pays stable d’un point de vue financier, mais le poids des éléments qui pourraient changer cette donne a augmenté, par rapport à l’année dernière. C’est ce qu’affirme le rapport annuel de la Banque nationale de Roumanie, qui publie une carte des risques encourus par le pays en matière de stabilité financière et de performance économique. Deux sont les menaces qui préoccupent particulièrement les responsables de la Banque centrale.
Roxana Vasile, 08.04.2016, 14:12
La Roumanie reste, pour le moment, un pays stable d’un point de vue financier, mais le poids des éléments qui pourraient changer cette donne a augmenté, par rapport à l’année dernière. C’est ce qu’affirme le rapport annuel de la Banque nationale de Roumanie, qui publie une carte des risques encourus par le pays en matière de stabilité financière et de performance économique. Deux sont les menaces qui préoccupent particulièrement les responsables de la Banque centrale.
L’une d’entre elle est le cadre législatif incertain, qui représente un risque systémique sévère, explique le gouverneur de la Banque, Mugur Isărescu: Nous avons assisté, ces six derniers mois, à une multiplication des propositions législatives, visant la réglementation du secteur financier et bancaire, qui interviennent, de manière rétroactive, dans les contrats conclus entre les banques et les clients. La nouvelle loi sur les crédits immobiliers, qui maintient l’option du remboursement d’un crédit immobilier par le transfert au prêteur de la propriété achetée, est l’exemple le plus connu. La loi a été revue et plusieurs amendements sont venus corriger une partie des problèmes signalés, mais le fond du problème est toujours là. A savoir, d’une part, l’application rétroactive de cet acte réglementaire et, d’autre part, la stabilité et la prédictibilité du cadre législatif qui se voient entamer. La Banque nationale a pris la décision de qualifier le cadre législatif de risque systémique sévère parce que nous avons connaissance d’autres propositions législatives qui pourraient mettre gravement en question la stabilité financière, les initiatives dues notamment au fait que 2016 est une année électorale, a précisé Mugur Isărescu, gouverneur de la Banque centrale.
L’autre risque important qui se profile est un éventuel Brexit, la sortie du Royaume Uni de l’UE. Une telle situation pourrait mettre en question le bon fonctionnement de la communauté, mais aussi provoquer des sorties de capital de Roumanie ainsi qu’une dévaluation de la monnaie nationale, le leu, ou encore une majoration des coûts de financement.
Les autres risques systémiques identifiés par la Banque nationale de Roumanie sont une éventuelle baisse de confiance des investisseurs par rapport aux marchés émergents ainsi que la crise des réfugiés du Moyen Orient, précise le vice-gouverneur de la Banque nationale, Liviu Voinea: L’incertitude grandissante par rapport à tout ce qui se passe à l’étranger ne doit pas être aggravée par des vulnérabilités créées par nous-mêmes, ici, à l’intérieur du pays. Le secteur bancaire s’est renforcé, le risque de contagion a diminué, alors que le stock de prêts en lei est devenu majoritaire. Dans le même temps, la discipline du remboursement s’est améliorée mais reste une vulnérabilité pour les compagnies non-financières. L’accès de la population aux prêts immobiliers est lui aussi meilleur, mais la situation pourrait changer à cause des lois récemment adoptées, selon Liviu Voinea, vice-gouverneur de la Banque centrale.
A partir de l’année prochaine, la Banque Nationale de Roumanie publiera son rapport deux fois par an, en avril et octobre, a encore précisé le gouverneur Mugur Isărescu. Une démarche qui reprend le modèle de la Banque centrale européenne, mais qui est notamment censée apporter, plus rapidement, des éléments concrets concernant les défis intérieurs ou extérieurs qui se posent à la stabilité financière de la Roumanie.