La TVR au bord du gouffre
Le marché média roumain a l’habitude de fermer les yeux sur les principes. Il tolère les pseudo-valeurs, les écarts à l’éthique journalistique, le manque de décence. Dans ce contexte agité, les Sociétés de Radio et de Télévision sont tenues d’observer et de veiller étroitement au respect de leur mission de service public. Les deux compagnies, séparées en Roumanie, ont le devoir de servir l’intérêt public quelle que soit la forme de ce dernier, depuis l’information, l’éducation, la culture ou la création originale et jusqu’au divertissement.
Florentin Căpitănescu, 24.02.2016, 14:34
Le marché média roumain a l’habitude de fermer les yeux sur les principes. Il tolère les pseudo-valeurs, les écarts à l’éthique journalistique, le manque de décence. Dans ce contexte agité, les Sociétés de Radio et de Télévision sont tenues d’observer et de veiller étroitement au respect de leur mission de service public. Les deux compagnies, séparées en Roumanie, ont le devoir de servir l’intérêt public quelle que soit la forme de ce dernier, depuis l’information, l’éducation, la culture ou la création originale et jusqu’au divertissement.
Cependant, l’avenir de la Société Roumaine de Télévision (TVR) est mis en question, notamment à cause de ses graves problèmes financiers, devenus chroniques jusqu’à la paralysie totale de l’institution. Ses dettes frôlent les 150 millions d’euros et sont désormais ingérables, amenant la compagnie devant le dépôt de bilan. Mardi, les autorités de Bucarest se sont réunies au chevet de la TVR, lors d’un débat organisé au siège du Parlement, en la présence du premier ministre Dacian Cioloş. Des mesures urgentes sont indispensables pour stopper l’accumulation des pertes de la Société de Télévision, a souligné ce dernier, tout en exprimant l’entière disponibilité de l’exécutif de s’impliquer dans la solution rapide et adéquate de ce cas.
Le premier ministre a expliqué qu’il n’était toutefois pas possible d’effacer les dettes de cette compagnie par une allocation budgétaire supplémentaire, car cela équivaudrait, entre autres, à une aide d’Etat: Malgré nos bonnes intentions, nous ne pouvons pas donner de l’argent à la société de télévision avant juillet. Cela supposerait un collectif budgétaire. Toutefois, jusqu’alors, il y a plusieurs mesures qui doivent être prises pour endiguer le gaspillage, a dit Dacian Cioloş.
Parmi les solutions envisagées – une modification de la loi de l’insolvabilité, de sorte à permettre le dépôt de bilan de la Société Roumaine de Télévision, sa fermeture et, par la suite, la création d’une nouvelle compagnie. Néanmoins, aucune astuce financière ne s’avérera efficace à moyen et long terme en l’absence d’une réorganisation en profondeur de la TVR, précise le leader de l’Union démocratique des Magyars de Roumanie, Kelemen Hunor, ancien ministre de la Culture, qui s’oppose à une fusion entre la Radio et la Télévision publiques, comme proposé par certains: Selon moi, on ne devrait même pas poser la question de la Radio. La Société de Radio va bien. Essayons de ne pas ajouter à l’institution mourante que nous avons une autre compagnie malade qui rende l’âme, elle aussi, dans un certain délai. La fusion avec Radio Roumanie n’est pas une solution.
Pour sa part, le président du Sénat, Călin Popescu-Tăriceanu, a souligné que ce n’est pas l’actuel cadre législatif qui avait rendu la télévision publique non-performante. Il a mis en exergue le cas de Radio Roumanie qui fonctionne avec de très bons résultats financiers, d’après la même loi régissant le fonctionnement des médias publics locaux. Suite aux débats, la ministre des Finances, Anca Dragu, a annoncé qu’elle examinerait toutes les solutions identifiées au cours du débat et qu’elle reviendrait au Parlement avec des propositions concrètes. (trad.: Andrei Popov)