L’indépendance de la justice en débat
Déféré à la justice sous l’accusation de faux en écriture sous seing privé, complicité d’évasion fiscale et blanchiment d’argent dans une affaire de corruption visant les compagnies énergétiques de Turceni et Rovinari (dans le sud de la Roumanie), le premier ministre Victor Ponta continue à clamer son innocence. Du coup, il rejette les accusations des procureurs et fait la sourde oreille à la demande formulée par le chef de l’Etat et l’opposition libérale de libérer le fauteuil de premier ministre. Le sujet est loin de s’épuiser et les échanges de répliques se poursuivent. Tant que Victor Ponta reste à la tête du gouvernement, l’Etat pourrait être préjudicié, a opiné la procureur en chef de la Direction Nationale Anti-Corruption, Laura Codruta Kovesi, lors d’une émission diffusées par une chaîne de télévision privée. Elle a tenu à expliquer que dans le dossier de corruption où Ponta est inculpé, le Complexe énergétique ne peut pas se constituer partie civile puisqu’il se trouve sous la tutelle du gouvernement et implicitement de l’actuel premier ministre en fonction.
Corina Cristea, 25.09.2015, 14:32
Laura Codruta Kovesi : Ce n’est pas le premier dossier dans lequel une institution publique est dirigée par la personne même qui est poursuivie par la justice et où l’institution en question ne se constitue pas partie civile. Prenons l’exemple des magistrats : au moment où ils sont déférés à la justice ils sont suspendus de leurs fonctions et ne peuvent plus exercer leurs attributions. Je pense qu’il faut appliquer la même règle aux autres fonctionnaires des institutions publiques, parce qu’une situation comme celle que je viens d’évoquer nuit à l’Etat.
En même temps, la chef du Parquet national anticorruption a démenti les accusations du premier ministre, selon lequel son enquête aurait été déterminée par des influences politiques. Dans une intervention par téléphone à une chaîne de télévision privée, Victor Ponta a suggéré que le président Klaus Iohannis lui-même avait fait pression en ce sens: Je me demande s’il n’a pas fait des pressions pour m’envoyer devant les juges, car je trouve que ses déclarations sont anormales pour un président de la Roumanie. Je pense qu’il a ses propres raisons ou connaissances pour en être si content.
Explication: le chef de l’Etat avait déclaré antérieurement qu’un vote favorable à la motion de censure initiée par l’opposition libérale contre le gouvernement de Victor Ponta serait la solution à un grand problème auquel la Roumanie était confrontée, c’est à dire avoir un premier ministre poursuivi en justice. Nous, l’administration présidentielle, nous ne souhaitons pas jouer au ping-pong avec des balles de mauvaise qualité, car nous sommes trop occupés. Si M. Ponta doute de l’indépendance de la justice, il peut s’adresser à l’Inspection Judiciaire , a répondu le chef de la chancellerie présidentielle de Bucarest, Dan Mihalache, aux accusations du premier ministre. (Trad. Ioana Stancescu, Valentina Beleavski)