Le premier ministre roumain devant les juges
C’est une première judiciaire et politique à Bucarest. Le social-démocrate Victor Ponta devient le premier chef d’un Cabinet de la Roumanie post-communiste à être traduit en justice pour corruption alors qu’il exerce son mandat. Et cela pour un dossier impliquant également son ancien camarade d’université, associé d’affaires et subalterne au sein du parti et du gouvernement, Dan Sova. Cette affaire de corruption se construit autour de la conclusion par les cabinets des avocats Dan Sova et Victor Ponta de plusieurs contrats d’assistance juridique pour les compagnies énergétiques Turceni et Rovinari.
Bogdan Matei, 18.09.2015, 13:14
C’est une première judiciaire et politique à Bucarest. Le social-démocrate Victor Ponta devient le premier chef d’un Cabinet de la Roumanie post-communiste à être traduit en justice pour corruption alors qu’il exerce son mandat. Et cela pour un dossier impliquant également son ancien camarade d’université, associé d’affaires et subalterne au sein du parti et du gouvernement, Dan Sova. Cette affaire de corruption se construit autour de la conclusion par les cabinets des avocats Dan Sova et Victor Ponta de plusieurs contrats d’assistance juridique pour les compagnies énergétiques Turceni et Rovinari.
C’était déjà le 5 juin dernier que les procureurs anticorruption avaient annoncé le déclenchement d’une poursuite pénale contre le premier ministre pour faux en écritures, complicité d’évasion fiscale et blanchiment d’argent, des faits remontant alors qu’il n’était qu’avocat. Pour sa part, Dan Şova est accusé de complicité d’abus de fonction. Il aurait empoché des centaines de milliers d’euros pour la conclusion de ces accords d’assistance juridique ayant porté un préjudice de plus de 16 millions d’euros à l’Etat.
Maintenant, le procès doit suivre son cours, les analystes s’attendant à un verdict pour la moitié de l’année prochaine au plus tôt. Du côté politique, le tourment atteint des sommets. L’opposition libérale a demandé, à nouveau, la démission d’urgence de Victor Ponta. La coprésidente du Parti national libéral, Alina Gorghiu, a enjoint les leaders des partis membres de la coalition gouvernementale à annoncer publiquement s’ils maintenaient leur appui au premier ministre en place.
Pour sa part, le président roumain, Klaus Iohannis, a mis en garde contre le fait que l’image de la Roumanie pâtit de manière substantielle des déboires juridiques de Victor Ponta et a, lui aussi, répété que la seule solution envisageable était le départ de ce dernier de l’exécutif. Dans un message sur les réseaux sociaux, sa manière préférée de communication depuis quelques mois, le premier ministre a qualifié le dossier qui éclabousse son nom d’obsession d’un procureur manquant totalement de professionnalisme qui tente ainsi de faire avancer sa carrière en inventant et en fabulant des situations et des faits mensongers qui se seraient passés il y a une dizaine d’années. Et d’ajouter qu’il refusait de quitter ses fonctions.
Visiblement embarrassé, le leader des sociaux-démocrates, Liviu Dragnea, s’est contenté d’annoncer qu’une décision serait prise dans les prochains jours. Le PSD ne peut rester dans un gouvernement qui n’est pas formé par cette formation, affirme Liviu Dragnea, précisant qu’actuellement il n’était pas sûr que le président Iohannis désignât un autre premier ministre social démocrate, après le départ éventuel de Victor Ponta.
La personne qui pourrait prendre sa place est le vice-premier ministre chargé de la sécurité, Gabriel Oprea, une figure de plus en plus influente sur la scène politique nationale, leader de l’Union pour le progrès de la Roumanie, partenaire du PSD au sein de l’exécutif. Gabriel Oprea estime qu’il serait un bon premier ministre, tout en réaffirmant sa loyauté envers l’actuel chef du gouvernement. Les jeux de pouvoir ne font que commencer. (trad. Andrei Popov)