Chisinau – manif unioniste
Quand ils parlent de la République de Moldova, les politologues recourent à une formule consacrée, bien que réductrice, et affirment que la société est divisée entre les partisans de l’intégration européenne et ceux du rapprochement avec Moscou. Les deux camps rassembleraient un nombre quasi égal d’adeptes, si l’on croit aux résultats des élections législatives de novembre dernier, lorsque les partis ouvertement pro-occidentaux – à savoir le Libéral-démocrate, le Démocrate et le Libéral – n’avaient obtenu que quelques sièges de députés de plus que la gauche pro-russe socialiste et communiste. Outre ces deux directions dominantes, un courant d’opinion se fait de plus en plus entendre parmi les pro-occidentaux.
Bogdan Matei, 06.07.2015, 13:29
Quand ils parlent de la République de Moldova, les politologues recourent à une formule consacrée, bien que réductrice, et affirment que la société est divisée entre les partisans de l’intégration européenne et ceux du rapprochement avec Moscou. Les deux camps rassembleraient un nombre quasi égal d’adeptes, si l’on croit aux résultats des élections législatives de novembre dernier, lorsque les partis ouvertement pro-occidentaux – à savoir le Libéral-démocrate, le Démocrate et le Libéral – n’avaient obtenu que quelques sièges de députés de plus que la gauche pro-russe socialiste et communiste. Outre ces deux directions dominantes, un courant d’opinion se fait de plus en plus entendre parmi les pro-occidentaux.
Entre Moscou et Bruxelles, certains choisissent Bucarest. Ce dimanche, 30 mille personnes se sont rassemblées au centre-ville de la capitale moldave pour demander l’union avec la Roumanie. Elles ont ainsi répondu à l’appel de plusieurs ONG roumaines et moldaves qui affirment que : « seulement unis, nous pouvons relever les défis de l’avenir, nous pouvons vivre mieux dans notre pays, avoir un grand pays, sans frontières intérieures, sans entraves, avec un destin partagé et prospère pour tous les Roumains. » C’est un des comédiens les plus populaires de Chisinau, Nicolae Jelescu, qui a lu la résolution proposée par les organisateurs: « Nous appelons tous les décideurs de Roumanie et de la République de Moldova à aller au-delà des idéologies et des intérêts partisans pour promouvoir la solidarité nationale et contribuer à la réunification des deux rives du Prut ». Chose importante, la manif de dimanche a eu lieu sur la même place, appelée de la Grande Assemblée Nationale, où avaient été organisées les amples protestations anti-soviétiques de 1989-1990 et où plus de 700 mille personnes saluaient, le 27 août 1991, la proclamation de l’indépendance de la République par rapport à Moscou.
Nombreux étaient ceux qui y voyaient un premier pas vers l’effacement complet des effets dévastateurs de l’ultimatum soviétique de 1940, lorsque Staline avait annexé les territoires roumains de l’est où il avait fondé la République de Moldova actuelle. Les manifestants de ce dimanche espèrent que les parlements de Chisinau et Bucarest mettront en page, dès cette année, les majorités qui décident de la tenue d’un référendum sur l’union de la République de Moldova avec la Roumanie. En attendant, ironisent les commentateurs, Chisinau a besoin de se doter impérativement d’une majorité gouvernementale fonctionnelle.
La République traverse une crise financière et bancaire, assortie d’un déficit budgétaire croissant et d’un financement étranger suspendu. En plus, le gouvernement minoritaire soutenu par le PLDM et le PD a démissionné il y a un mois, suite à des accusations répétées de corruption et d’incompétence, ainsi qu’à des révélations stupéfiantes concernant le premier ministre Chiril Gaburici qui aurait falsifié son diplôme de bac.
Les libéraux-démocrates et les démocrates négocient déjà avec les libéraux une nouvelle coalition majoritaire tripartite, sur le modèle des années 2009 et 2014, lorsque des accords d’association et de libre échange avaient été conclus avec Bruxelles, ce qui a soutenu, pendant un certain temps, l’espoir de l’admission de la République de Moldova à l’UE à l’horizon 2020. (Trad. Ileana Taroi)