L’Europe et la Russie
L’ancien ministre de la Défense du gouvernement de Bucarest qui obtenait, il y a 10 ans, l’adhésion de la Roumanie à l’Otan, l’eurodéputé social-démocrate Ioan Mircea Paşcu, a présenté mercredi, dans le plénum du législatif communautaire une résolution sur la sécurité dans la région de la mer Noire, après l’annexion, par la Russie, de la péninsule ukrainienne de Crimée.
Bogdan Matei, 11.06.2015, 13:56
L’ancien ministre de la Défense du gouvernement de Bucarest qui obtenait, il y a 10 ans, l’adhésion de la Roumanie à l’Otan, l’eurodéputé social-démocrate Ioan Mircea Paşcu, a présenté mercredi, dans le plénum du législatif communautaire une résolution sur la sécurité dans la région de la mer Noire, après l’annexion, par la Russie, de la péninsule ukrainienne de Crimée.
Le document condamne tout aussi fermement les actions de Moscou dans d’autres zones de l’espace ex-soviétique dont, un quart de siècle après le démembrement de l’URSS, les Russes semblent ne pas pouvoir se séparer. Selon Ioan Mircea Paşcu, l’annexion illégale de la Crimée, la déstabilisation de l’Est de l’Ukraine et la situation en Abkhazie et en Ossétie du Sud – provinces sécessionnistes pro-russes sorties de sous l’autorité de la Géorgie – prouvent que la Russie souhaite contrôler la mer Noire.
De l’avis de l’eurodéputé roumain, la Crimée est un Kaliningrad du Sud, censé soutenir une éventuelle expansion. Membre, lui aussi, du groupe des socialistes européens, Victor Boştinaru dénonce, de son côté, l’appétit territorial fraîchement éveillé de la Russie : « Je souhaite attirer l’attention sur la stratégie graduelle de la Russie, qui tâche d’occuper des territoires avoisinants, en passant des conflits interethniques aux conflits gelés et ensuite à l’annexion directe – comme ce fut le cas de l’Ossétie du Sud, de l’Abkhazie et de la Crimée. Je dois souligner aussi la participation tout aussi importante de la Russie à une guerre électronique d’envergure, identifiée comme telle par l’OTAN et par les partenaires de l’UE. »
L’euro-députée libérale roumaine Norica Nicolai avertit que la présence militaire russe en Transnistrie – région de l’Est de la République de Moldova – et l’escalade du conflit en Ukraine pourraient amener les troupes russes jusqu’aux bouches du Danube : « Nous aurons bientôt une présence militaire russe aux bouches du Danube, ce qui créera de gros problèmes de sécurité pour l’UE. Celle-ci aura une très longue frontière commune avec la Russie et nous devrons essayer de faire des pas importants, notamment diplomatiques, pour prévenir une escalade du conflit. »
Eurodéputé de la droite populaire, Daniel Buda estime, lui, que l’on devrait analyser de manière responsable la possibilité de fournir à l’Ukraine des équipements militaires défensifs, seule la capacité de défense de ce pays pouvant garantir la paix et la sécurité dans la région. Quelle que soit leur appartenance idéologique, les eurodéputés roumains semblent donc parler d’une seule voix. Cette unité s’explique par les 12 invasions militaires russes que les Roumains ont dû subir au cours des 3 derniers siècles.
Le Parlement européen a confirmé sa position extrêmement critique vis-à-vis de la Russie. Il a adopté, toujours mercredi, un document appelant l’exécutif communautaire à des actions efficaces et à un soutien financier pour contrecarrer la propagande et la désinformation russes à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE. De l’avis des eurodéputés, les Etats membres doivent créer un mécanisme coordonné de surveillance de l’assistance financière, politique ou technique offerte par la Russie aux partis politiques et à d’autres organisations de l’espace communautaire. (Trad: Ileana Taroi)