Le franc suisse et le crédit roumain
La décision de jeudi de la Banque centrale suisse de renoncer au seuil minimum de la cotation du franc CHF face à l’euro, imposée depuis trois ans, a conduit à une très forte appréciation de cette devise. Cette mesure a fortement touché plusieurs pays d’Europe centrale et du Sud est, dont la Roumanie.
România Internațional, 20.01.2015, 14:05
Ces derniers jours se sont avérés un véritable cauchemar pour les 75 mille Roumains débiteurs en francs suisses, qui ont vu leurs mensualités augmenter de 20% en une semaine. Sur le marché interne, le franc suisse a continué son ascension, alors que le gouvernement, la banque centrale et les partis politiques cherchent des solutions pour aider les débiteurs.
Sur les six banques roumaines à avoir accordé 90% des crédits en francs suisses, seulement deux ont proposé des solutions temporaires. L’une offre à ses clients la possibilité de réduire les intérêts de 1,5 % pendant trois mois, alors que l’autre propose a ses débiteurs en CHF un taux de change égal à celui de la fin 2014, de 3,80 lei pour un franc, pendant une période de trois mois également.
Le ministre roumain des finances, Darius Vâlcov propose d’élargir l’aire d’application du décret gouvernemental adopté l’année dernière qui prévoyait la possibilité d’une restructuration des crédits contractées par des personnes aux revenus limités. Une autre solution, qui est soutenue aussi par la Banque centrale, propose aux débiteurs de négocier avec les banques le remboursement des prêts en CHF via des refinancements en euros ou en lei.
Les partis politiques ont également imaginé des solutions à cette crise. Le leader social démocrate et premier ministre Victor Ponta a appelé les partis de Bucarest à des pourparlers afin de trouver une solution législative. La patronne du Parti du Mouvement populaire, d’opposition, Elena Udrea, a proposé à l’exécutif d’adopter un décret d’urgence permettant aux débiteurs en devises de convertir leurs prêts en monnaie nationale, au taux de change de la signature du contrat de crédit, plus ou moins 20%. Pour sa part, l’opposition libérale a demandé l’organisation d’une réunion extraordinaire du Parlement au sujet de la loi de l’insolvabilité des personnes privées, puisque la Roumanie figure actuellement parmi les quelques pays européens à ne pas disposer d’un telle législation.
La direction de la Chambre des Députés a décidé d’inclure à partir de mercredi le projet de loi à l’agenda de sa commission juridique, pour un avis. Mercredi la commission chargée du budget débattra avec les représentants de la Banque centrale la situation des Roumains ayant contracté des prêts en francs suisses. (trad.: Alex Diaconescu)