La Direction Nationale Anticorruption accélère
L’affaire à effet de boulle de neige qui fait apparaître le nom de pas moins de neuf anciens ministres des partis et de gouvernements différents, tant de gauche que de centre-droit, ainsi que de riches hommes d’affaires de Roumanie ne fait que commencer. Dans un pays ou le salaire minimum est l’équivalent de moins de 200 euros, ces personnes sont soupçonnées d’avoir touché des commissions de millions d’euros des sociétés qui s’occupaient de la vente de licences IT du géant MICROSOFT. Accélérant au maximum, le Parquet de la DNA a demandé à la Présidence et au Parlement de Bucarest ainsi qu’au Parlement Européen de lever l’immunité des neuf anciens ministres afin de démarrer la poursuite pénale à leur encontre.
Roxana Vasile, 02.10.2014, 13:33
Suite à cette demande, les organismes directeurs du Sénat et de la Chambre des Députés ont, d’ores et déjà, décidé que les membres des commissions juridiques élaborent les rapports nécessaires. Les procureurs soupçonnent les anciens ministres de trafic d’influence, d’avoir touché et offert des pots de vin, de blanchiment d’argent ou d’abus en service. L’enquête de la DNA concerne particulièrement un contrat visant l’acquisition des licences MICROSOFT conclu entre le Gouvernement de Bucarest et FUJITSU SIEMENS COMPUTERS, société qui, au moment de la signature du document, était désigné comme unique distributeur des produits respectifs et qui aurait été favorisée.
Les témoins cités dans un rapport que les procureurs anti-corruption ont envoyé au Législatif détaillent le circuit des dizaines de millions d’euros représentant les commissions versés à des membres des Gouvernements qui se sont succédés de 2001 à 2012 ainsi qu’à des hommes d’affaires ayant médié la transaction. Un de ces derniers est l’ex-mari de Elena Udrea, candidate aux élections présidentielles de novembre prochain. A la demande des médias de commenter cette situation, elle a envoyé les journalistes demander des éclaircissements directement de son ex-mari.
Le nom de l’actuel premier ministre social démocrate, Victor Ponta, lui aussi candidat et possible gagnant, selon les sondages, a été également véhiculé dans cette affaire. Selon les mêmes témoins, celui-ci aurait demandé en 2004, en qualité de chef du corps de contrôle du Gouvernement, l’appui pour des facilités de FUJITSU SIEMENS COMPUTERS à l’égard d’un contrat de licences IT avec le Ministère de l’Education Nationale. Le premier ministre a nié toute implication déclarant qu’il est prêt à répondre aux questions des procureurs s’ils demandent des explications. Quant à la DNA , elle a précisé que le premier ministre n’a ni la qualité de suspect ni d’inculpé dans ce cas.
Pourtant, les libéraux, anciens partenaires au gouvernement des sociaux-démocrates (PSD), actuellement en opposition, voient le chef de l’exécutif comme un pion central de ce scandale géant et lui demandent de se retirer de la course pour la présidence de la Roumanie. PSD parle, en échange, de dès-information et de mensonges au seuil de la campagne électorale. Entre temps, la DNA continue son offensive et , au fur et à mesure que les détails sortent en plaine lumière, ce dossier s’avère le plus retentissant du dernier temps. (trad. Costin Grigore)