De l’autonomie – nouvel épisode
De la Catalogne et le Pays basque espagnols à la Flandre belge, de la Corse ou de la Bretagne françaises au Tyrol du sud italien, les mouvements sécessionnistes, qui espéraient voir les Ecossais créer un précédent au sein de l’UE, ont dû accepter l’échec du courant indépendantiste. Modérés ou radicaux, influents ou marginaux, ces mouvements n’ont jamais dissimulé leur solidarité, se sont politiquement appuyés entre eux, ont synchronisé leurs actions.
Bogdan Matei, 19.09.2014, 14:51
De la Catalogne et le Pays basque espagnols à la Flandre belge, de la Corse ou de la Bretagne françaises au Tyrol du sud italien, les mouvements sécessionnistes, qui espéraient voir les Ecossais créer un précédent au sein de l’UE, ont dû accepter l’échec du courant indépendantiste. Modérés ou radicaux, influents ou marginaux, ces mouvements n’ont jamais dissimulé leur solidarité, se sont politiquement appuyés entre eux, ont synchronisé leurs actions.
Un peu plus à l’est, la Roumanie n’en est pas épargnée non plus et comptabilise un courant qui soutient le découpage, au beau milieu du territoire, d’un Pays des Sicules, seule zone où la communauté hongroise est majoritaire. Jusqu’à présent, l’autonomie, vue éventuellement comme une étape vers l’indépendance de cette zone, a été explicitement soutenue par ce que la presse de Bucarest a désigné comme les radicaux hongrois de Transylvanie, rassemblés dans des partis politiques non parlementaires.
Aujourd’hui, d’autres voix les ont rejoints, qui proposent leur propre projet autonomiste pour les Sicules — la modérée Union démocratique des Magyars de Roumanie. Représentée sans discontinuité au Parlement de Bucarest depuis 1990 et dans la quasi totalité des gouvernements de coalition de la Roumanie depuis 1996, l’Union a confié à son patron, le vice-premier ministre Kelemen Hunor lui-même, la mission de présenter les principaux points de ce projet.
La future entité autonome, composée des comtés actuels de Harghita, Covasna et Mureş, devrait jouir de prérogatives inspirées, selon les auteurs, par le Tyrol du sud. Quelque chose de similaire avait déjà existé en Roumanie pendant les deux premières décennies de la dictature communiste — les plus sombres de l’histoire moderne du pays — sous le nom de « Région Autonome Magyare ». Organisée non pas sur le modèle de la région italienne, mais selon un modèle soviétique, appliqué sans broncher par le régime marionnette de Bucarest.
Le projet de l’UDMR introduit le bilinguisme à tous les niveaux de la vie sociale. La langue hongroise devrait être enseignée y compris dans les établissement scolaires roumains de la région. Les deux communautés ethniques se verraient assurer une représentation proportionnelle dans les différentes institutions, y compris en Justice, où les magistrats devraient être de souche hongroise à deux tiers, et de souche roumaine à un tiers. 50% des recettes fiscales n’iraient plus au budget de l’Etat et entreraient au budget local. Enfin, la plus grande ville de la région, Târgu Mureş, dont la majorité de la population est, d’ailleurs, d’ethnie roumaine, serait la capitale du Pays des Sicules.
La communauté hongroise ne cherche pas le séparatisme, ni l’indépendance, mais des garanties fortes concernant la préservation, le développement et l’expression de sa propre identité — a tenu à préciser le vice-premier ministre Kelemen Hunor. Les hommes politiques roumains — aussi bien ses partenaires sociaux-démocrates du gouvernement que l’opposition de centre-droit — soulignent, en revanche, que toute modification de l’organisation territoriale doit respecter la Constitution, qui stipule le caractère national et unitaire de l’Etat roumain. Tout en étant d’accord avec la décentralisation et une organisation territoriale par régions du pays, les partis politiques roumains affirment que ces deux démarches ne peuvent pas reposer sur des critères ethniques, comme le souhaite l’UDMR.