Nouvelle suspension de ses fonctions du président Băsescu?
Les deux premiers présidents de la Roumanie post-communiste, à savoir Ion Iliescu et Emil Constantinescu, dont les mandats à la tête du pays s’étaient étalés sur une quinzaine d’années, n’ont jamais eu à passer par la suspension de leurs fonctions, première étape de la procédure de destitution, avant l’organisation d’un référendum. Par contre, le président en exercice, Traian Băsescu, dont le second et ultime mandat devrait s’achever en décembre, risque de subir cette procédure pour la troisième fois.
Florentin Căpitănescu, 09.09.2014, 14:44
Les deux premiers présidents de la Roumanie post-communiste, à savoir Ion Iliescu et Emil Constantinescu, dont les mandats à la tête du pays s’étaient étalés sur une quinzaine d’années, n’ont jamais eu à passer par la suspension de leurs fonctions, première étape de la procédure de destitution, avant l’organisation d’un référendum. Par contre, le président en exercice, Traian Băsescu, dont le second et ultime mandat devrait s’achever en décembre, risque de subir cette procédure pour la troisième fois.
Accusé de violation de la Constitution en 2007, alors qu’il jouissait d’une grande popularité, Traian Băsescu allait être sauvé par la majorité écrasante des électeurs présents aux urnes. Cinq ans plus tard, lorsqu’on lui imputait entre autres l’implication profonde dans l’activité courante de l’Exécutif et dans la vie interne du Parti Démocrate Libéral (au pouvoir, à l’époque), 90% des voix exprimées par le même électorat ont été favorables à la démission du président. Malgré le résultat sans équivoque de la consultation populaire, Traian Băsescu a pu éviter la suspension grâce à la décision d’ordre technique émanant de la Cour constitutionnelle, laquelle déclarait comme inconstitutionnel le référendum pour absence de quorum. L’acharnement des rivaux politiques du président ne semble pas pour autant connaître de limites.
Călin Popescu Tăriceanu, actuel président du Sénat, ancien chef de file des libéraux et premier ministre durant le premier mandat de Traian Băsescu, vient de lancer une nouvelle procédure de destitution le concernant.
Tăriceanu déclare que la principale raison de cette démarche est: “L’attitude du président, qui dépasse le cadre constitutionnel, une attitude qui s’est maintes fois matérialisée dans le soutien manifeste à un parti politique lors de la campagne électorale, alors que son statut de président l’oblige à être neutre, équidistant et impartial ”.
Călin Popescu Tăriceanu argue également du fait qu’en défiant la loi fondamentale du pays, Traian Băsescu s’est immiscé dans la nomination du représentant de la Roumanie au sein de la nouvelle Commission européenne. Selon lui, le chef de l’Etat aurait également promu, je cite, “des rapports institutionnels manquant de civilité avec les participants à la vie publique”.
Tăriceanu a même proposé une feuille de route pour la suspension de ses fonctions du président Basescu. Ainsi, le 23 septembre, le Parlement devrait-il donner son vote final sur la demande de suspension, afin que, le 2 nomvembre, au même jour que le premier tour de l’élection présidentielle, se tienne aussi le référendum sur la démission.
Pour figurer à l’agenda du Parlement, la demande de suspension devrait recueillir les signatures d’au moins un tiers des élus. Si le PSD, principale formation de la coalition au pouvoir, n’a pas encore donné de réponse ferme là-dessus, les conservateurs ont déclaré soutenir la démarche, tandis que l’Union Démocratique des Magyars de Roumanie la trouve inutile. Enfin, l’Alliance Chrétienne — Libérale (de centre-droit et principale force de l’opposition, issue de la fusion du Parti National Libéral et PDL), ainsi que le Parti du Mouvement Populaire (pro-présidentiel) ont rejeté l’idée. (Trad. Mariana Tudose)