Condamnations de justice retentissantes
L’histoire pénale de Dan Voiculescu, débutée en 2008, a pris fin en 2014, par une condamnation à 10 ans de prison ferme pour blanchiment d’argent, dans l’affaire de privatisation de l’Institut de recherches alimentaires de Bucarest. Aidé par des complices qui ont écopé eux aussi de lourdes peines de réclusion, Voiculescu a racheté ledit Institut pour un peu plus de 100 mille euros, alors que seul le terrain au-dessous valait environ 8 millions d’euros à l’époque. Le préjudice estimé par les procureurs était de 60 millions, un chiffre correspondant au boom immobilier de la période 2003-2006.
Ştefan Stoica, 11.08.2014, 14:29
L’histoire pénale de Dan Voiculescu, débutée en 2008, a pris fin en 2014, par une condamnation à 10 ans de prison ferme pour blanchiment d’argent, dans l’affaire de privatisation de l’Institut de recherches alimentaires de Bucarest. Aidé par des complices qui ont écopé eux aussi de lourdes peines de réclusion, Voiculescu a racheté ledit Institut pour un peu plus de 100 mille euros, alors que seul le terrain au-dessous valait environ 8 millions d’euros à l’époque. Le préjudice estimé par les procureurs était de 60 millions, un chiffre correspondant au boom immobilier de la période 2003-2006.
Afin de récupérer ce montant, l’Etat a mis sous séquestre les biens immeubles du magnat de presse, dont le bâtiment où se trouvent les studios des chaînes de télévision Antena 1 et Antena 3. Si la première est une télé généraliste, la seconde, Antena 3, est une chaîne d’infos en continu transformée, peu après son inauguration, en un outil de propagande au service des conservateurs et de leurs amis politiques occasionnels et surtout en une arme médiatique utilisée contre leurs adversaires.
C’est notoire le fait que le président Traian Băsescu lui même, accusé à plusieurs reprises de se trouver dans les coulisses du procès clôturé vendredi dernier, est le grand ennemi de Dan Voiculescu et en même temps la cible de prédilection des attaques médiatiques d’Antena 3. Ce n’est pas par hasard que les vedettes de la chaîne ont appelé, dimanche, les sympathisants à une promenade symbolique, appelée « de la liberté », autour du Palais de Cotroceni, siège de la présidence de la république.
Des politiciens de gauche, proches de Dan Voiculescu et de son parti, se sont dits prêts à lutter pour sauvegarder la liberté de la parole des journalistes d’Antena 3, mise en danger par la décision des juges. Les associations indépendantes de journalistes et les commentateurs impartiaux ont cependant souligné que l’activité des deux télévisions n’était pas menacée ; ils ont aussi attiré l’attention sur le risque d’un bombardement médiatique de manipulation dangereuse du public. Mais, derrière cette image fausse de victime du régime Băsescu, qui est en fait Dan Voiculescu? Un collaborateur prouvé de la Securitate, la police politique communiste, dont le nom est lié à la mystérieuse disparition des comptes en banque de la famille Ceauşescu.
Représentatif de la manière dont se sont forgées les grandes fortunes post-communistes, Voiculescu est aussi un des personnages qui apparaissent dans le film documentaire Kapitalisme — notre recette secrète”, réalisé par Alexandru Solomon 20 ans après la chute de la dictature. Dans ce film, Nicolae Ceauşescu revient en Roumanie 20 ans plus tard et constate, à sa grande surprise, que les piliers de la nouvelle société capitaliste sont d’anciens soutiens du communisme, qui ont su mettre à profit leurs relations antérieures et un système corrompu jusqu’à la moelle, pour dévaliser le pays. Trois des personnages présentés dans ce documentaire purgent actuellement des peines de prison pour corruption. Parmi eux, Dan Voiculescu, qu’un journaliste avait appelé Le varan”, pour mettre en évidence l’influence toxique de ce personnage dans la société.