La République de Moldova, en Europe
Bogdan Matei, 30.06.2014, 13:17
La vocation occidentale de la République de Moldova s’est vu décerner vendredi un nouveau certificat, suite à la signature, à Bruxelles, des accords d’association et de libre échange avec l’Union européenne. Chişinău obtient ainsi un accès privilégié sur le marché intérieur de l’Union, la plus grand marché unique du monde, et s’engage à respecter l’Etat de droit et à lutter contre la corruption.
Ce moment est le couronnement de plusieurs années de négociations et il s’est concrétisé en dépit des efforts de la Russie de réduire cela à néant, par des embargos commerciaux, des disputes énergétiques et une agression militaire — note l’officieux communautaire EUObserver. Qui affirme que, cette fois-ci, rien n’a réussi à vaincre le pouvoir de la diplomatie européenne. Les efforts de l’administration de Chişinău, ceux des secteurs dynamiques de la société, prêts à assumer les coûts des réformes, mais aussi le soutien constant de la Roumanie voisine ont été validés ainsi par ce que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a appelé les accords historiques par lesquels la Moldova, aux côtés de la Géorgie et de l’Ukraine, fait un pas géant vers l’Occident. M Barroso a pourtant averti que les documents en tant que tels n’étaient pas une panacée.
Leur succès dépend de la poursuite des réformes, censées rapprocher les trois anciennes républiques soviétiques du mode de vie européen, du point de vue politique, économique et culturel, a souligné le chef de l’exécutif communautaire. A Chişinău, le premier ministre pro-occidental Iurie Leancă affirme avoir préparé les institutions pour une mise en application efficace de l’accord d’association, qu’il considère comme une étape du processus d’adhésion à l’UE. En contrepartie, la gauche pro-moscovite — communiste et socialiste — s’engage à refaire le partenariat avec la Russie si elle revient au pouvoir après les législatives prévues à l’automne. Moscou a déjà averti qu’il prendrait des mesures pour protéger son marché des effets considérés négatifs de l’intégration européenne de ses anciens satellites.
Le ministère russe des Affaires étrangères estime que les accords signés par République de Moldova, la Géorgie et l’Ukraine peuvent causer un manque à gagner à l’économie russe, suite à l’interruption de la coopération en matière de production, et à la réduction des rapports commerciaux. Les autorités russes du domaine de l’aviation ont annoncé vendredi même qu’elles ne permettaient plus l’opération des vols Moscou — Chişinău et retour de la compagnie Air Moldova, sans fournir d’explication. Selon les commentateurs, Chişinău a assumé un risque économique évident et c’est d’ailleurs sur cela que tablent aussi ceux qui ne souhaitent pas un rapprochement de l’UE.
La compétition n’a pas pris fin, indique aussi le célèbre Centre américain d’analyse Strafor. La Russie adoptera des restrictions commerciales contre les pays signataires, mais ces mesures seront limitées et ne seront pas de nature à ravager leurs économies. Pourtant, elles permettront à Moscou d’exercer des pressions sur leurs gouvernements, pour contrecarrer les efforts de rapprochement de l’Occident — estiment encore les analystes américains…(trad. : Ligia Mihaiescu)