Les élections présidentielles et l’avenir de l’Ukraine
Bogdan Matei, 26.05.2014, 13:39
Après des mois d’entropie sanglante, l’Ukraine a repris, dimanche, son aspect d’Etat fonctionnel. Au début de l’année, sous la pression des manifestants pro-occidentaux, l’ancien président pro-russe Viktor Ianukovici quittait le pouvoir en marchant sur des cadavres. En mars, les autorités provisoires de Kiev assistaient impuissantes et , pratiquement , sans réaction, à l’annexion, dans le sud, de la péninsule de Crimée par la Russie. En avril, les mêmes autorités déclenchaient ce qu’elles nommaient les opérations anti-terroristes contre les sécessionnistes russophiles de l’est du pays, opérations dont les experts militaires affirment s’être enlisées avant de rétablir le contrôle de Kiev sur les régions rebelles.
Le scrutin présidentiel adjugé dès le premier tour par l’homme d’affaires Petro Porosenko est une preuve du fait que, fatigués par les incertitudes, les Ukrainiens avaient besoin d’une direction clairement définie et d’une large légitimité politique. Ils ont offert au nouveau président 55% des suffrages convaincus –disent les analystes — par son message équilibré. Passionnelle, imprévisible , controversée, sa principale contre-candidate , l’ex-premier ministre Iulia Timosenko, n’a obtenu qu’un peu en dessus de 10%.
Né dans l’ouest, dans la ville de Bolgrad située au sud de la province historique de Bessarabie qui, jusqu’à l’annexion soviétique de 1940, avait appartenu à la Roumanie, surnommé « roi du chocolat », Porosenko est âgé de 48 ans et a une fortune estimée à 1,6 milliards de dollars. Il a constamment plaidé en faveur de l’option européenne ainsi que pour la normalisation des relations avec la Russie.
Questionné à propos de se première visite en qualité de chef de l’Etat — à Moscou ou à Bruxelles – il a répondu qu’il se rendra au Donbas , c’est à dire à l’épicentre de la rébellion sécessionniste. La première tâche qu’il a assumé est de mettre un terme au conflit dans l’est du pays où les élections ont été, pratiquement, boycottées car dans les régions Donetsk et Lugansk n’ont été ouvertes que quelques sections de vote. Néanmoins, comme remarquent les analystes cités par l’envoyé spécial de Radio Roumanie à Kiev, la présence massive au vote valide la légitimité du scrutin.
Le dialogue avec la Russie — affirme le nouveau président ukrainien — devra être médié par les Etats Unis et par l’Union Européenne et aura pour point de départ la prémisse que l’Ukraine opte librement pour son avenir. A Moscou, le président Vladimir Poutine a déclaré que la Russie reconnaîtrait le choix du peuple ukrainien, le respecterait et qu’il est prêt à collaborer avec la nouvelle direction de Kiev.
En dépit du fait que les élections pour le Parlement Européen ont éclipsé celles d’Ukraine, elles ont été saluées par les chancelleries occidentales contentes de la correctitude du scrutin et par l’absence d’incidents majeurs. « Les élections ont été libres et correctes » – a affirmé, à son tour, le président de la Roumanie voisine ,Traian Bàsescu, qui a félicité son nouvel homologue…(trad. : Costin Grigore)