Entre l’Europe et la Russie
La Roumanie, qui désavoue résolument les actions visant à porter atteinte à l’intégrité et la souveraineté de l’Ukraine voisine, est devenue ciblé collatérale de la rhétorique belliqueuse qu’exerce in personnage inclassable de Moscou.
Bogdan Matei, 12.05.2014, 13:10
Bande par bande, région par région, le démembrement de l’Ukraine continue. Selon le scénario breveté en mars dans la presqu’île de Crimée du sud, les sécessionnistes de l’est russophone et russophile ont organisé dimanche des ainsi dits référendums au bout desquels, il était bien prévisible, la majorité s’est prononcée pour la séparation de Kiev. Les leaders de la rébellion pro-russe ont annoncé que les résultats de la prétendue consultation populaire imposeraient la création d’institutions et de forces armées propres ainsi que l’obstruction des élections du 25 mai pour la présidence de l’Ukraine. Certains ont été, même, francs et ont reconnu ce que tout le monde supposait : le prochain mouvement sera l’union avec la Russie.
Tout comme ses alliées de l’OTAN et ses partenaires de l’Union Européenne, la Roumanie a désavoué les parodies électorales des régions Donetsk et Lougansk que le ministère des Affaires Etrangères de Bucarest appelle clairement, « parties intégrantes de l’Ukraine souveraine et indépendante ». Ce ministère réitère sa position de principe à l’égard de l’illégalité et la nature illégitime des ainsi dits référendums qui sont contraires à la Constitution de l’Ukraine et violent les principes fondamentaux du droit international. Les résultats ne sauraient être considérés relevants ni ne sauraient produire des effets juridiques — précise, encore, la diplomatie de Bucarest réaffirmant la position selon laquelle « la Roumanie est profondément préoccupée par le fait que de telles tendances sécessionnistes mènent à l’instabilité dans la région figurant une arche de conflits prolongés dans la zone de la Mer Noire ».
Simultanément avec les actions d’Ukraine, Moscou semble avoir ouvert un nouveau front, heureusement, seulement dans le registre rhétorique. Personnage déjà célèbre pour la virulence grossière de ses déclarations anti-occidentales, depuis qu’il était l’ambassadeur de Russie auprès de l’OTAN, le vice-premier ministre Dimitri Rogozin, menace via tweeter de survoler la Roumanie à bord d’un bombardier . L’irascible personnage était furieux du fait qu’en route vers la région séparatiste pro-ruse de Transdniestrie dans l’est de la rép. de Moldova(majoritairement roumanophone) on ne lui a pas permis le transit dans l’espace aérien roumain.
Avec modération diplomatique, le ministère roumain des Affaires Etrangères rappelle qu’à travers un arrêt de Bruxelles, Rogozin est indésirable dans l’espace de l’UE. Le ministère qualifie sa déclaration comme très grave et demande à Moscou de préciser publiquement si cette position est celle officielle du gouvernement de la Fédération Russe vis-à-vis de la Roumanie. Plus contondant, le président Traian Bàsescu se demande quelle a été la quantité de vodka consommée par le vice-premier ministre russe avant de se défouler via tweeter et auquel il établit le diagnostique de manière stalinienne de penser.
Pour les analystes, au delà des humeurs personnelles de Rogozin, ce genre de rhétorique, rappelant les communiqués du régime communiste de la Corée du Nord, trahit quelque chose de plus grave : la nervosité d’une administration qui, par ses actions, commence à transformer la Russie en un Etat paria. (trad. Costin Grigore)