Rapport sur la liberté de la presse roumaine
Le journaliste roumain est coincé dans un étau politique et économique, qui l’oblige à censurer ses opinions. C’est ce que constate le plus récent rapport FreeEx sur la liberté de la presse roumaine en 2013, réalisé par l’agence Active Watch. Les problèmes du secteur ne se limitent pas aux pressions politiques et économiques qu’il subit. Le rapport constate également que le langage utilisé par les journalistes roumains s’est détérioré en 2013, étant dominé par les agressions et les offenses verbales.
Ştefan Stoica, 06.05.2014, 13:10
Le journaliste roumain est coincé dans un étau politique et économique, qui l’oblige à censurer ses opinions. C’est ce que constate le plus récent rapport FreeEx sur la liberté de la presse roumaine en 2013, réalisé par l’agence Active Watch. Les problèmes du secteur ne se limitent pas aux pressions politiques et économiques qu’il subit. Le rapport constate également que le langage utilisé par les journalistes roumains s’est détérioré en 2013, étant dominé par les agressions et les offenses verbales.
En même temps, le discours des médias est de plus en plus politisé ; en témoigne le fait que de nombreux journalistes décident de migrer vers la sphère politique. Selon le même document, nombre d’institutions médias de Roumanie abusent de la liberté d’expression pour intimider différentes personnes, groupes sociaux, groupes politiques ou représentants de la justice.
Par ailleurs, l’agence Active Watch constate qu’en Roumanie, les médias abandonnent souvent leur mission initiale d’informer la population, afin de promouvoir des messages favorables aux intérêts de différentes entités privées. Dans ce contexte, institutions médias et journalistes exhortent leurs confrères à arrêter les critiques qui leur sont adressées et menacent des les attaquer en justice, alors que de plus en plus d’hommes politiques demandent la fermeture de différents médias. Il y a même un groupe de presse important dont la direction fait l’objet d’une enquête de chantage.
Bien que le Conseil National de l’Audiovisuel ait sanctionné toutes ses transgressions, les amendes sont trop faibles et ne découragent point les pratiques abusives. Le CNA est même soupçonné d’être la cible de pressions faites par la classe politique et par les radiodiffuseurs.
Malheureusement, à tous ces dérapages d’ordre professionnel, s’ajoute la crise économique qui rend encore plus difficile l’existence de la presse roumaine. Un grand nombre de médias ont cessé leur activité, bien des journaux n’existent plus que sur Internet.
Le rapport de l’organisation Active Watch dénonce également la détérioration des relations entre les journalistes et leurs patrons, qui se traduit par des licenciements abusifs, des retards du paiement des salaires et une Convention collective expirée en février 2014.
Selon Razvan Martin, coordinateur du projet FreeEx qui a rendu possible cette enquête, tous ces éléments fragilisent la presse roumaine. A son avis, à l’heure actuelle la presse roumaine est : « Extrêmement divisée, incapable d’assumer des valeurs et des normes professionnelles, incapable de lutter pour ses propres droits. Elle perd donc beaucoup de crédibilité. Les journalistes sont très vulnérables dans leurs rapports avec le patronat, ce qui fait que leurs droits professionnels, notamment le droit à la liberté d’expression, soient vulnérables, affectés par les influences et les intérêts des patrons».
Notons pour terminer qu’en 2013 la Roumanie s’est retrouvée sur la 45e place du classement de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières. Selon un autre classement de l’organisation Freedom House, la Roumanie est considérée comme un pays avec une presse partiellement libre. (trad. Valentina Beleavski)