Les relations entre l’UE et la Suisse, après le référndum sur l’immigration
Roxana Vasile, 10.02.2014, 14:31
Le résultat très serré du référendum de dimanche en Suisse a déclenché une vague de réactions en Europe. Appelés aux urnes à linitiative du parti l’Union Démocratique du Centre (droite populiste), les Suisses se sont prononcés à 50,3% en faveur de la limitation de l’immigration, de la ré instauration du système de quotas et de contingents annuels pour les travailleurs, frontaliers ou demandeurs dasile. Ces plafonds doivent être fixés en fonction des « intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect de la préférence nationale ». Le gouvernement de Berne a fait savoir qu’il allait tenir compte de la décision populaire qui sera aussitôt mise en œuvre. Pour sa part le vice-président de l’UCD, Oskar Freysinger s’est dit convaincu que le vote serait une source d’inspiration pour d’autres pays européens.
La réaction de l’extrême droite française n’a pas tardé, le Front national saluant « la lucidité du peuple suisse« . Tout comme l’extrême droite autrichienne qui a parlé d’un grand succès. En Italie, les populistes de la Ligue du Nord ont annoncé leur intention de demander la tenue d’un référendum similaire. Au Royaume-Uni, le Ukip a qualifié le résultat du référendum comme une nouvelle exceptionnelle pour ceux qui aiment la liberté et la souveraineté nationale en Europe. Autant de réactions qui risquent dexacerber les tensions à quatre mois des élections européennes.
D’autre part, tout en regrettant la décision des électeurs suisses, Bruxelles a annoncé un réexamen des relations avec la Suisse. Le résultat du référendum peut avoir de lourdes conséquences dans les relations avec l’UE. Avec une population de 8 millions d’habitants, la Suisse ne fait pas partie de l’UE. Lié par des accords bilatéraux avec l’UE, le pays avait accepté, suite à des négociations difficiles, d’ouvrir son marché de l’emploi aux Européens.
Or, selon l’UE, l’initiative et le résultat du référendum contreviennent au principe de libre circulation qui régit ces accords. Plus de deux tiers des Européens affirment que la libre circulation est bénéfique pour leurs pays et qu’il revient à la Commission de la renforcer, affirmait récemment la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding. Son collègue, le commissaire européen chargé de l’Emploi, Laszlo Andor, remarquait lui aussi que les gens se dirigent vers les pays où des emplois sont disponibles, ce qui profite aussi bien aux travailleurs, au pays d’accueil et au pays d’origine.
Le pourcentage d’étrangers en Suisse est de 23% de l’ensemble de la population, ce qui pose des problèmes d’infrastructure et de dumping salarial. Toutefois, comment le pays va-t-il se débrouiller sans travailleurs étrangers? De nombreux Italiens, Français ou Autrichiens avec des compétences dans les domaines de la recherche, de la micromécanique, de l’artisanat, du bâtiment ou du tourisme passent chaque jour la frontière avec le pays voisin. C’est pourquoi le principal perdant du référendum de dimanche pourrait être en réalité la Suisse. (trad. : Alexandra Pop)