Situation explosive en Ukraine
Les protestations contre le Pouvoir de Kiev gagnent graduellement toute l’Ukraine. Déclenchées en novembre, de manière plutôt timide et, apparemment, sans chances de réussite, ces manifestations sanctionnaient la décision surprenante du gouvernement de ne plus signer les accords d’association et de libre échange avec l’Union Européenne et de privilégier, en échange, les relations avec Moscou.
Bogdan Matei, 27.01.2014, 13:30
Mais actuellement, la contestation ne se limite plus à la capitale et aux régions de l’ouest, fief traditionnel de l’opposition pro-occidentale, mais a aussi enflammé les villes de l’est et du sud, plutôt phylo-russe. Qui plus est, après quelques personnes tuées dans les combats avec les troupes de l’ordre, les manifestants se sont radicalisé et leur agenda commence à exclure toute forme de compromis avec le régime autoritaire du président Viktor Ianukovici. Par l’invitation de l’opposition au gouvernement, le président ukrainien a placé ses adversaires dans une position délicate se présentant comme un politicien disposé aux compromis, sans pour autant satisfaire effectivement les exigences formulées par les forces de l’opposition — commentent les analystes cités par les médias.
Légitimés par la foule descendue dans les rues, les leaders de l’Opposition reprennent leurs exigences et rejettent les tentatives de conciliation d’un président discrédité justement par le sang écoulé. Ianukovici leur a proposé les positions de premier ministre et de vice-premier ministre et s’est dit disposé à une révision de la Constitution qui supposerait céder certaines de ses prérogatives au gouvernement.
Néanmoins, l’Opposition exige la transformation de l’Ukraine en république parlementaire et l’organisation d’élections présidentielles anticipées. Inquiète par l’escalade des violence à sa frontière est, l’Union Européenne s’est sentie obligée, lundi, à demander la modération, tant du Pouvoir que de l’Opposition. Bruxelles dénonce la détérioration de la situation des droits de la personne humaine, les arrestations dans les hôpitaux, les cas de disparition et de torture et apprécie que l’élimination de ces pratiques est une condition essentielle du rétablissement de la confiance entre le gouvernement et la société.
De l’autre part, on demande aux leaders de l’Opposition de prendre leurs distances vis-à-vis des protestataires violents et maintenir la caractère pacifique des manifestations. La Roumanie, pays dont la frontière avec l’Ukraine mesure des centaines de kilomètres, a exprimé, à son tour, la préoccupation profonde vis-à-vis de l’escalade de la violence dans le pays voisin. Le ministère des AE de Bucarest a adressé un appel à l’utilisation du dialogue comme unique modalité de résoudre la crise actuelle.
L’inquiétude de la Roumanie tant vis-à-vis de l’excès de force des policiers de Ianukovici que des dérapages xénophobes de certains des protestataires s’explique, également, par l’existence dans l’ouest de l’Ukraine d’une communauté roumaine qui compte presque un demi-million de personnes…(trad. : Costin Grigore)