Une invasion qui n’en est pas une
“La libre circulation des personnes dans tous les pays de l’UE” et “l’ouverture du marché de l’emploi” sont deux concepts différents. Bien que libres de voyager sur l’ensemble de l’espace communautaire depuis l’adhésion de leur pays à l’UE, en 2007, les Roumains souhaitant travailler ailleurs se sont jusqu’ici heurtés aux restrictions qui leur étaient imposées sur plusieurs marchés européens de l’emploi. Le plus souvent, ils se voyaient obliger de détenir des permis de séjour ou de travail afin de trouver un job, d’habitude dans un domaine en difficulté de recrutement.
Roxana Vasile, 07.01.2014, 13:12
“La libre circulation des personnes dans tous les pays de l’UE” et “l’ouverture du marché de l’emploi” sont deux concepts différents. Bien que libres de voyager sur l’ensemble de l’espace communautaire depuis l’adhésion de leur pays à l’UE, en 2007, les Roumains souhaitant travailler ailleurs se sont jusqu’ici heurtés aux restrictions qui leur étaient imposées sur plusieurs marchés européens de l’emploi. Le plus souvent, ils se voyaient obliger de détenir des permis de séjour ou de travail afin de trouver un job, d’habitude dans un domaine en difficulté de recrutement.
Or, depuis le 1 janvier dernier, la Commission Européenne a décidé la levée de ces dispositions contraignantes ce qui a entraîné des réactions de la part aussi bien d’une partie des médias européens que des responsables politiques. Dans certains pays, l’on craignait une véritable invasion des travailleurs roumains, qui pour l’instant, n’a pas eu lieu. Une réalité qui a poussé les journaux britanniques à s’amuser sur le débarquement au Royaume Uni du seul Roumain qui a envahi Londres au premier jour de la nouvelle année.
A son tour, Bruxelles hausse des épaules et affirme ne détenir aucune information de la part des pays les plus craintifs tels le Royaume Uni et l’Allemagne sur un possible afflux des Roumains et Bulgares. Aux dires de Jonathan Todd, porte-parole du commissaire européen chargé des Affaires sociales, nombre de Roumains s’étaient déjà installés dans d’autres pays membres, bien avant la levée totale des restrictions. D’où la possibilité que la plupart des ceux désireux à s’intégrer sur d’autres marchés du travail l’aient déjà fait.
Bien qu’elle parle de plusieurs problèmes qui pourraient apparaître au niveau local tels un déficit d’infrastructure, un nombre insuffisant de places dans les écoles ou un budget de la sécurité sociale insuffisant, la Commission européenne affirme pourtant que l’actuel exercice budgétaire a prévu les fonds nécessaires à solutionner toutes ces questions. Jonathan Todd : « La Commission pourrait appuyer l’inclusion sur le marché du travail à travers le Fond social européen, qui a débloqué à cette fin une dizaine de milliards d’euros. A présent, les Etats membres sont invités à utiliser au moins 20% des fonds structurels qu’ils se voient allouer pour la mise en place des politiques d’insertion».
L’expert économique, Constantin Rudnitchi, affirme que les problèmes surgissent au moment où les ressortissants étrangers profitent illégalement des aides sociales. Pourtant, on ne saurait ignorer qu’à long terme, les bénéfices offerts aux pays d’accueil seraient supérieurs aux coûts impliqués. « Il est évident qu’à long terme, une force de travail venue d’ailleurs et contribuant au budget de la Sécu ne fait qu’appuyer le pays en question et sa population à payer les pensions de retraite d’ici dix ou vingt ans, à renforcer le système sanitaire et à préserver un certain niveau de vie ».
En attendant, la Commission Européenne ne fait que répéter haut et fort que la libre circulation des personnes et des travailleurs figure parmi les droits fondamentaux garantis aux citoyens de l’Union, tout en rappelant que la période de restriction mise en place pour la Roumanie et la Bulgarie a pris définitivement fin le 1 janvier 2014. (trad. : Ioana Stancescu)