Tensions au sein de la coalition au pouvoir
Bogdan Matei, 17.12.2013, 13:54
L’actuelle coalition au pouvoir de Roumanie semble refaire la destinée de toutes les alliances et coalitions qui se sont succédé tout au long de la période post-communiste. A l’instar de la Convention démocrate, 1996-2000, ou de l’Alliance «Justice et Vérité», 2004-2008, l’Union Sociale-Libérale paraissait indestructible à ses débuts, lorsqu’elle se trouvait en opposition. Maintenant, qu’elle est au pouvoir, l’Union commence à se fissurer. Réunis sous le même sigle, le PSD et le PNL remportaient, il y a un an les législatives, sur le score imbattable de 70% des voix.
En fait, ils ont été plébiscités sur la toile de fond de l’aversion croissante de l’électorat à l’égard du président Traian Băsescu et de son parti, le PDL. Dans les rangs de l’opposition, on retrouve, à part les démocrates-libéraux, la très discrète UDMR et le Parti du Peuple — Dan Diaconescu, populiste, que personne ne prend trop au sérieux, ni même son propre électorat. Et voilà que l’USL entend chasser la monotonie, en inventant sa propre opposition intérieure.
Lundi, le premier ministre social–démocrate Victor Ponta a jugé de son devoir d’affirmer que les sociaux-libéraux devraient rester unis pour accomplir les objectifs clamés pendant la campagne électorale. Sa déclaration fait suite à la dispute, truffée d’accusations mutuelles de mensonge, avec le président libéral du Sénat, Crin Antonescu. Les deux leaders de l’USL tiennent des propos contradictoires au sujet du projet de loi de l’amnistie et de la grâce de certaines peines.
La société civile ayant désapprouvé cette initiative, Ponta affirme qu’Antonescu, celui-même qui à présent désavoue publiquement l’amnistie, aurait demandé, en aparté, que le cabinet adopte le texte par ordonnance d’urgence.
Victor Ponta: Je lui ai bien sûr répondu que je n’étais pas d’accord avec l’ordonnance d’urgence sur une question pareille, mais ce ne serait pas pour la première fois que monsieur Antonescu tienne des propos divergents devant ses confrères, d’une part, nous autres et la presse, de l’autre. On s’y est déjà fait.”
A son tour, Crin Antonescu met en garde contre le fait, que si ces échanges continuent dans ce même registre, alors il faudra prendre en compte le risque d’une rupture de l’alliance.
Crin Antonescu: Aussi longtemps qu’elle a reposé sur une très bonne relation personnelle, laquelle d’ailleurs relève toujours de la politique, l’USL a fort bien marché. Aujourd’hui, la situation est toute autre, mais j’espère qu’elle trouvera les ressources lui permettant d’aller de l’avant. »
De l’avis des analystes, la nouvelle dispute des alliés est le prélude de la rupture prochaine, qui adviendrait dans l’année électorale 2014. Aux élections pour le Parlement européen, prévues au printemps prochain, le PSD et le PNL, affiliés à des familles idéologiques différentes, vont déposer leurs candidatures sur des listes séparées.
Fin 2014, il y aura les présidentielles, soit les élections à l’enjeu politique le plus important en Roumanie. C’est vrai que le candidat officiel de l’USL à la présidence de la République est Crin Antonescu, mais on a du mal à croire que le PSD, premier violon dans la coalition, se refuserait le droit d’avoir son propre présidentiable. Et ce d’autant plus que, même s’il n’est pas candidat formel aux présidentielles, Ponta recueille le plus grand nombre d’intentions de vote dans les sondages d’opinion. ( trad.Mariana Tudose)