Dilemmes de l’exploitation de l’or
Florentin Căpitănescu, 06.09.2013, 13:54
Pour le mouvement écologiste de Roumanie, le projet d’exploitation du gisement d’or et d’argent de Roşia Montană (au centre du pays), initié par le gouvernement de Bucarest, est une bonne occasion d’occuper le devant de la scène. Encore que pas très amples, les protestations organisées cette semaines par les militants écologistes ont réussi à attirer l’attention de l’opinion publique sur ce projet, dont l’histoire a commencé vers la fin des années ‘90.
La controverse qu’elle suscite est liée, pour l’essentiel, aux procédures techniques d’exploitation à base de cyanures, lesquelles, mettent en garde les écologistes, pourraient nuire irréversiblement au milieu environnant. Ils insistent également sur le fait que les galeries romaines de la région, considérées comme des vestiges d’une importance à part, seraient elles aussi mises en danger.
Les réponses de l‘Exécutif de Bucarest aux arguments avancés par les opposants du projet Roşia Montana, tiennent aux bénéfices économiques de celui-ci. Des bénéfices pas faciles à négliger, dans le contexte économique de ces dernières années. En effet, le projet en question est censé générer des recettes au budget de l’Etat de 5 milliards d’euros.
A cela s’ajouteraient plusieurs centaines d’emplois que la compagnie canadienne en charge de l’exploitation s’engage à créer pour les habitants des lieux. L’Etat roumain, qui vient de renégocier les clauses du contrat avec cette compagnie, a majoré aussi bien les redevances, de 4% à 6%, que le quota de participation au projet, qui devrait être porté de 20 à 25%. Même dans ces conditions, pour le cabinet de Bucarest les choses ne vont pas comme sur des roulettes. Il s’est pris à son propre piège en soumettant le projet au Parlement sans avoir eu l’avis préalable obligatoire du ministère de la justice.
Or, ce dernier n’a pas caché le fait que le projet contrevient à certains articles de la Constitution et à la législation qui réglemente les expropriations. Par ailleurs, dans la dispute qui oppose les environnementalistes au gouvernement, un arbitre est intervenu, presque naturellement. C’est le chef de l’Etat, Traian Băsescu, qui a endossé ce rôle. Il a évoqué la possibilité d’organiser, en 2014, une consultation populaire qui puisse trancher la question, idée partagée par le premier ministre Victor Ponta. Au cas où le projet serait avalisé, l’exploitation proprement-dite devrait débuter vers la fin 2016 et s’achever à l’horizon 2030…(trad.: Mariana Tudose)