Crise gouvernementale à Kichinev
La crise de l’Alliance pour Intégration Européenne, accentuée par des déclaration belliqueuses et par des gestes hostiles entre partenaires, a mené à la chute du cabinet ayant à sa tête le libéral-démocrate Vlad Filat. Par l’initiation de la motion de censure avalisée par le Parlement ce mardi dernier, l’opposition communiste n’a déterminé que l’explosion de la bombe sur laquelle reposait la coalition au pouvoir.
Ştefan Stoica, 06.03.2013, 15:48
La crise de l’Alliance pour Intégration Européenne, accentuée par des déclaration belliqueuses et par des gestes hostiles entre partenaires, a mené à la chute du cabinet ayant à sa tête le libéral-démocrate Vlad Filat. Par l’initiation de la motion de censure avalisée par le Parlement ce mardi dernier, l’opposition communiste n’a déterminé que l’explosion de la bombe sur laquelle reposait la coalition au pouvoir.
A l’extérieur, les effets ont été évidents tout de suite. Vlad Filat a annoncé que l’exécutif communautaire de Bruxelles a reporté l’achèvement des négociations avec Kichinev à l’égard de la signature de l’accord d’association et de création de la zone de libre échange. Le Haut Représentant pour Affaires Etrangères et Politique de Sécurité, Catherine Ashton, et le commissaire à l’élargissement, Stefan Fulle, ont demandé aux forces politiques de renouer le dialogue et de former une majorité stable capable de maintenir le pays dans la voie de l’intégration européenne.
L’instabilité qui pourrait freiner ou, même, détourner la Moldova de ce trajet inquiète la Roumanie, aussi. Bucarest — affirme le ministre roumain des Affaires étrangères, Titus Corlàtean — compte, néanmoins, sur la responsabilité des politiciens de Kichinev.
C’est un moment délicat et il ressemble à celui de 1999, lors de l’avènement au pouvoir des communistes. Avec ceux-là à la barre du pays 8 années durant, l’ex-république soviétique majoritairement roumanophone a tourné le dos à la démocratie, à l’Etat de droit et à l’économie capitaliste.
Actuellement, il est vital — déclarent les analystes — de parvenir à un accord entre les trois éléments politiques de l’Alliance pour Intégration Européenne. Sans un tel accord, les élections anticipées sont inévitables, ceci étant la pire des solutions pour la Moldova, selon le directeur de l’Institut des Sciences Politiques et Relations Internationales de l’Académie Roumaine, Dan Dungaciu : « En cas d’élections anticipées, ma sensation est que le venin qui existe actuellement au sein de l’Alliance Pour Intégration Européenne, auquel on ajouterait les énormes tensions engendrées par la campagne électorale, auxquelles s’ajoutera la munition détenue par les communistes, à travers les sténogrammes et les interceptions téléphoniques que les communistes vont copieusement utiliser et qui sont ciblées sur le premier ministre Vlad Filat, donc, tout cela va engendrer une atmosphère qui, selon mon opinion, rendrait impossible de renouer l’Alliance pour Intégration Européenne. Les communistes, eux, pourraient concocter une alliance avec les uns ou avec les autres, certes, à l’exception du Parti Libéral qui, de toute façon, ne saurait nouer aucune alliance avec les communistes. »
Par ailleurs, une alliance avec les communistes est le scénario le plus malheureux — selon Dan Dungaciu qui estime que, décrypté dans une clé géopolitique, ce qui s’est passé à Kichinev est une victoire nette de la Fédération Russe contre l’UE, ce qui devrait nous donner un bon sujet de réflexion. (trad.: Stefan Stoica)