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L’écrivaine Hortensia Papadat-Bengescu


L’écrivaine Hortensia Papadat-Bengescu
L’écrivaine Hortensia Papadat-Bengescu

, 26.03.2023, 09:30


Dans le monde littéraire roumain de l’entre-deux-guerres, Hortensia Papadat-Bengescu a été une des premières et des plus importantes voix du renouveau du roman. En plus, le fait que la nouvelle voie était ouverte par une femme a eu pour résultat la canonisation et la singularisation de l’autrice parmi les plutôt nombreuses et talentueuses écrivaines de son époque. C’est ce qui explique le fait que, dans les manuels scolaires et même dans la perception du grand public, Hortensia Papadat-Bengescu semblait la seule écrivaine de l’entre-deux-guerres digne d’une place dans la mémoire littéraire. Rien de plus faux, d’autant plus qu’avant son début littéraire, elle avait connu le sort des femmes de son temps.



Née en 1876 dans une famille aisée qui avait produit d’autres écrivains aussi, Hortensia Papadat-Bengescu avait seulement vingt ans lorsqu’elle a épousé le magistrat Nicolae Papadat, qu’elle allait accompagner d’une ville à une autre, suivant les transferts professionnels spécifiques de son mari. Mère de plusieurs enfants, elle a consacré de nombreuses années de sa vie à sa famille et à son foyer. Le critique littéraire Paul Cernat continue à raconter l’histoire de Hortensia Papadat-Bengescu: Hortensia est sans aucun doute un cas spécial de la littérature roumaine. Sa biographie a été marquée par le manque de volonté de ses parents de la laisser faire des études à l’étranger, en France plus précisément. Elle s’en est vengée en épousant ce magistrat, Nicolae Papadat, qui comprenait très peu à la littérature et qui lui a pourri la vie. Certes, ils ont eu cinq enfants ensemble. Le gars était quelqu’un de décent, mais pour celle qui allait devenir l’écrivaine Hortensia Papadat Bengescu, ce mariage ne fut pas ce qu’elle aurait souhaité. Elle a dû attendre la quarantaine pour faire enfin ses débuts littéraires. D’abord sous un nom de plume, avec l’appui d’une amie écrivaine, Constanța Marino-Moscu, membre du cercle de la revue Viața Românească (La vie roumaine) d’Iași, qui lui facilite la publication des textes dans la revue dirigée par l’écrivain et le critique littéraire Garabet Ibrăileanu. D’ailleurs, celui-ci allait vite devenir le mentor de Hortensia Papadat Bengescu. Elle avait eu ce complexe, causé probablement par le manque d’études supérieures. Elle s’était cherché un mentor, trouvé d’abord en la personne d’Ibrăileanu, et puis, plus tard, en celle d’Eugen Lovinescu.



Garabet Ibrăileanu et Eugen Lovinescu étaient les chefs de file de deux groupements littéraires idéologiquement opposés – le premier conservateur et le second modernisateur, alors le rapprochement de Hortensia Papadat-Bengescu avec le cénacle « Sburătorul » fut considéré comme une trahison par les affiliés à Viaţa Românească. Au fait, Lovinescu encourageait la modernisation et la synchronisation de la culture roumaine avec la culture occidentale, ce qui était en accord avec les aspirations des écrivaines. Débutée en 1919, la collaboration de Hortensia Papadat-Bengescu avec « Sburătorul » est devenue permanente après le déménagement de l’écrivaine à Bucarest en 1933. D’ailleurs, ce fut sous la coordination de Lovinescu qu’elle avait écrit ses meilleurs romans, les plus connus aussi, rassemblés dans ce que l’on a appelé « le cycle de la famille Hallipa ». Paul Cernat ajoute: Il y a eu un autre moment très important qui a laissé son empreinte sur l’oeuvre de Hortensia. C’est son expérience d’infirmière durant la Grande Guerre, quand elle affronta l’horreur de la mort, de la destruction, des corps dépecés par la guerre et anéantis par les épidémies. Cela explique aussi, peut-être, l’obsession de la maladie que nous retrouvons dans ses grands romans des années 1920 – 1930, écrits grâce à l’ambiance du cénacle « Sburătorul » de Lovinescu. Selon lequel, cela aurait joué un rôle dans l’objectivation de l’autrice, dont le regard avait abandonné l’abyssale l’intériorité féminine pour se tourner vers le social, vers le monde réel, extérieur. Le cycle de la famille Hallipa est une fresque psycho-sociale de la Roumanie des années 1920-1930, mais aussi une radiographie d’une humanité malade, décomposée par une vitalité toutefois paradoxale dans son côté morbide.



Ses romans assureront à Hortensia Papadat-Bengescu une place parmi les grands romanciers de l’entre-deux-guerres et, jusque récemment, dans les manuels de littérature du lycée. Le critique littéraire Paul Cernat explique l’importance de son œuvre: Hortensia a débuté très tard, lorsqu’elle était déjà une dame dont les enfants étaient déjà grands. Ce n’est donc que lorsque ses enfants ont grandi qu’elle peut se permettre le luxe de faire son début littéraire. Nicolae Papadat n’aurait pas accepté que cela se passe plus tôt, car à ses yeux cette activité était insupportablement frivole et même moralement dangereuse. Mais ce début tardif a conféré à Hortensia une prestance de grande dame au sein du cénacle de Lovinescu, pas dans celui d’Ibrăileanu. A l’époque, les critiques, y compris féministes, parlait de l’identité masculinisée de Hortensia. Mais, en dépit des apparences, elle ne s’était pas laissé modeler. Elle avait su cultiver sa propre personnalité, qui s’était imposée par la construction massive, solide et complexe des romans, par les grosses mises du jeu littéraire qu’elle pratiquait. Moi, je n’hésite pas à placer Hortensia près de Virginia Woolf au plan de la valeur littéraire, sans la capacité théorique de celle-ci. Malheureusement, sa canonisation en tant qu’exception féminine par des maîtres de la critique, tels Lovinescu et Ibrăileanu, a jeté de l’ombre sur d’autres écrivaines. Ou les a injustement placées dans son sillage, dans sa descendance. C’est aussi un peu injuste le fait que la personnalité vraiment importante de Hortensia a entraîné le rejet de ces autrices par les critiques, notamment hommes, qui les ont placées dans une sorte de catégorie mineure, qui ne tient pas la route face à une lecture sans préjugés.



Hortensia Papadat-Bengescu s’est éteinte en mars 1955, durant la première décennie du régime communiste de Roumanie, oubliée aussi bien par le public que par les critiques littéraire asservis au réalisme socialiste. Son œuvre sera redécouverte beaucoup plus tard. (Trad. Ileana Ţăroi)




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