Sabina Brătianu-Cantacuzino
Ion
C. Brătianu, figure de proue de la scène politique roumaine du XIXe siècle, a
aussi été le chef d’une famille nombreuse, source de la deuxième génération
d’hommes politiques exceptionnels, celle de la Grande Roumanie d’après 1918.
Ion C. Brătianu et son épouse, Pia, ont eu huit enfants, cinq filles et trois
fils: Florica, Sabina, Ion, Constantin, Vintilă, Maria, Tatiana et Pia. Leur
deuxième née, Sabina, a été le membre le plus influent de la fratrie et de la
famille, son autorité ayant été reconnue et acceptée même par son célèbre frère
Ionel Brătianu, le plus important homme politique roumain de la première moitié
du siècle passé. Sabina, devenue épouse Cantacuzène, mais appelée aussi « la
grande sœur des Brătianu », était une intellectuelle et une activiste
sociale.
Steliu Lambru, 20.03.2022, 21:09
Ion
C. Brătianu, figure de proue de la scène politique roumaine du XIXe siècle, a
aussi été le chef d’une famille nombreuse, source de la deuxième génération
d’hommes politiques exceptionnels, celle de la Grande Roumanie d’après 1918.
Ion C. Brătianu et son épouse, Pia, ont eu huit enfants, cinq filles et trois
fils: Florica, Sabina, Ion, Constantin, Vintilă, Maria, Tatiana et Pia. Leur
deuxième née, Sabina, a été le membre le plus influent de la fratrie et de la
famille, son autorité ayant été reconnue et acceptée même par son célèbre frère
Ionel Brătianu, le plus important homme politique roumain de la première moitié
du siècle passé. Sabina, devenue épouse Cantacuzène, mais appelée aussi « la
grande sœur des Brătianu », était une intellectuelle et une activiste
sociale.
Née en 1863 à la résidence familiale de
Florica, dans le département d’Argeș, à environ 90 km à l’ouest de Bucarest,
elle a était élève du lycée Saint Sava de la Capitale. En 1885, Sabina Brătianu
épouse le médecin Constantin Cantacuzène, le mari que lui avait choisi son père
et aux côtés duquel elle allait approfondir ses passions de jeunesse – la
poésie, la musique, le théâtre. Elle a aussi accumulé une belle collection de
peinture et d’objets d’art traditionnel. Sabina Cantacuzino a contribué à la
création d’institutions d’art telles que le Musée d’art « Toma Stelian »,
portant le nom d’un avocat très connu, ministre de la justice et grand amateur
d’art. Elle s’est également impliquée dans la fondation de l’association
culturelle « Universitatea Liberă », qui organisait des conférences
et des concerts. Après la mort de Sabina Brătianu-Cantacuzène, sa résidence
bucarestoise a été transformée en siège d’une fondation académique, selon les
dernières volontés de sa propriétaire.
La gentillesse de Sabina Cantacuzène et sa présence sereine
ont marqué les esprits Le diplomate Alexandru Danielopol, dont le père était un
ami d’Ionel Brătianu, avait été lui-aussi très proche de la famille Brătianu. Interviewé,
en 1995, par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, Alexandru
Danielopol a raconté des souvenirs de moments partagés avec les Brătianu et de
l’empreinte laissée par Sabina Cantacuzène sur l’univers familial. « Je suis un Brătianu et j’en suis fier! J’ai été élevé dans
l’esprit de cette famille, dont le chef n’était pas Ionel Brătianu, mais Sabina
Cantacuzène. Elle était l’aînée d’Ion Brătianu, très intelligente et très
autoritaire. À peu près tous lui obéissaient. Deux fois par ans, elle organisait des
déjeuners auxquels Ionel Brătianu était présent sans faille. Tout comme Vintilă
et Dinu ; Gheorghe était le seul absent. Sabina nous préparait un kadaïf
très spécial, que j’ai cherché à retrouver partout où j’ai voyagé – en Grèce,
en Turquie – mais en vain. Avant la disparition de Sabina Cantacuzène, je n’ai
jamais pensé à lui demandé la recette. Et aujourd’hui, cette recette s’est
perdue, personne ne l’a plus. »
Sabina Cantacuzène s’est aussi impliquée dans des activités
sociales. Elle a contribué à la mise en place d’établissements pour les enfants
et les malades, comme ce fut le cas du foyer d’enfants organisé selon le
système d’éducation imaginé par la femme médecin et pédagogue italienne Maria
Montessori à la fin du XIXe siècle. Sabina Cantacuzène a été la présidente de
l’Association pour la prophylaxie de la
tuberculose, ayant été à l’origine de l’ouverture, en 1914, d’un hôpital
spécialisé pour les malades infectés par le bacille de Koch. Durant la Grande
Guerre, elle a géré un établissement hospitalier de Bucarest. En décembre 1916,
après l’entrée en guerre de la Roumanie aux côtés de l’Entente
anglo-franco-russe, Sabina Cantacuzène, tout comme d’autres dames de l’élite
sociale roumaine, a refusé de quitter la Capitale occupée par l’armée allemande
et de se réfugier à Iași. En 1917, l’administration allemande de Bucarest place
la sœur d’Ionel Brătianu, homme politique adversaire de l’Allemagne et artisan
de l’entrée en guerre de la Roumanie aux côtés de la France, en résidence
surveillée au couvent de Pasărea, dans la banlieue Est de la capitale. Mais Sabina
Cantacuzène a gardé son optimisme, sa vivacité d’esprit et la confiance que la
Roumanie allait s’en sortir de la situation très difficile provoquée par la
sortie du conflit de la Russie.
Après la fin de la Grande Guerre, Sabina
Cantacuzène s’implique dans la consolidation de la nouvelle construction
politique de la Grande Roumanie. À partir de 1921, elle écrit deux volumes de mémoires
pour marquer le centenaire de la naissance de son illustre père. Sabina Cantacuzène
s’est éteinte à Bucarest, à l’âge de 81 ans, le 23 août 1944, le jour où la
Roumanie rompait son alliance avec l’Allemagne nazie et rejoignait les Alliés.