L’architecte Cristofi Cerchez
Imaginé
vers la fin du XIXe siècle par l’architecte Ion Mincu, le style néo-roumain ou
national utilisait des éléments d’architecture paysanne et du style « brâncovenesc »
(brancovan), dans un assemblage nouveau, rapidement adopté par la plupart des
architectes du début du siècle dernier. Bucarest, notamment, mais aussi de
nombreuses autres villes de l’ancienne principauté de Valachie, témoignent
aujourd’hui encore de l’ampleur acquise par le style national, dont
l’architecte Cristofi Cerchez fut un des principaux promoteurs.
Christine Leșcu, 30.01.2022, 08:41
Imaginé
vers la fin du XIXe siècle par l’architecte Ion Mincu, le style néo-roumain ou
national utilisait des éléments d’architecture paysanne et du style « brâncovenesc »
(brancovan), dans un assemblage nouveau, rapidement adopté par la plupart des
architectes du début du siècle dernier. Bucarest, notamment, mais aussi de
nombreuses autres villes de l’ancienne principauté de Valachie, témoignent
aujourd’hui encore de l’ampleur acquise par le style national, dont
l’architecte Cristofi Cerchez fut un des principaux promoteurs.
L’historienne
de l’art Oana Marinache nous présente la biographie de l’architecte : Cristofi
Cerchez, dont le vrai prénom retenu par les documents d’état civil était
Hristea, est né en juillet 1872, dans une famille très nombreuse. Il faisait
partie, semble-t-il, d’une fratrie de 18 enfants, dont seulement trois garçons
et trois filles arrivent à l’âge adulte, à cause des maladies et des conditions
de vie très difficiles au XIXe siècle. Mais ce fut une famille avec certains
moyens. Le père administrait des domaines appartenant aux grands boyards du
pays, ce qui les a fait beaucoup voyager. Déjà à l’adolescence, Cristofi a eu
l’occasion de s’inspirer des villes et des lieux à l’architecture vernaculaire
qu’il visitait. Il s’inscrit d’abord à l’École des ponts et chaussées de notre
pays, qui, à l’époque, était d’ailleurs le seul établissement d’enseignement
supérieur technique. Plus tard, il a bénéficié d’une bourse privée, de la part
de la veuve du chirurgien Turnescu, et il part à Milan, où il a la chance de
suivre les cours de la section d’architecture civile de l’École polytechnique.
Il travaille aussi sur son côté artistique, ce qui fait que toutes les
prémisses de sa formation et son activité ultérieure se trouvent dans la ville
italienne la Milano. Son parcours éducationnel a été entièrement différent de
celui de ses confrères, dont la plupart suivaient les cours de l’École des
beaux-arts de Paris. Cerchez a été dès le début influencé par l’architecte Ion
Mincu, le père fondateur du style néo-roumain. Malgré une vingtaine d’années
d’écart entre les deux, Cristofi Cerchez suit de près la construction de
l’École centrale pour les jeunes filles, de Bucarest, et, dans ses premières
créations, il se tourne vers le style néo-roumain, très proche de celui de
Mincu .
De
nos jours, Cristofi Cerchez est considéré comme l’un des principaux promoteurs
du style national dans les villes de province. Dans les bourgades du XIXe
siècle, dominées par la couche sociale moyenne des commerçants et des marchands,
ce fut lui qui donna le ton de l’architecture spécifique des lieux.
Les
maisons imaginées par Cerchez pour ces clients sont toujours debout, raconte
l’historienne de l’art Oana Marinache :
« Du point de vue professionnel,
Cristofi Cerchez se fait remarquer d’abord dans les villes où il avait fait des
études ou travaillé: Câmpulung Muscel, Alexandria et Constanța, où il intègre,
pendant un certain temps, le service technique de la mairie. C’est à peine verse
1904-1905 qu’il est présent à Bucarest avec une des plus importantes commandes
de sa carrière et, en même temps, une des villas bucarestoises les plus connues:
celle du médecin Nicolae Minovici, appelée aussi la Villa aux clochettes, dans
le nord de la capitale. C’est uen commande qui lui donnera, en fait, la
possibilité de participer constamment, plus tard, au programme d’architecture
sanitaire. Nous devons à Cerchez le siège de la Société d’ambulances, érigé sur
le quai de la Dâmbovița, un édifice malheureusement disparu, puisqu’il a été
bombardé pendant la deuxième guerre mondiale. C’est lui qui a aussi imaginé les
bâtiments des laboratoires de l’Institut de médecine légale, dont les frères Minovici
étaient les directeurs. Et puis d’autres bâtiments, tels celui de la maternité
Polizu de Bucureşti, connue par une grande majorité d’habitants de la ville et
que l’on pourrait placer dans ce programme d’architecture hospitalière ».
Dans la région de montagne et de
hautes collines, l’architecte a également laissé son empreinte, raconte Oana
Marinache : « À Vălenii de Munte, Cristofi Cerchez est
présent vers la fin de sa carrière. Tout de suite après le grand tremblement de
terre de 1940, il s’implique dans la restauration de plusieurs édifices
religieux, des églises abîmées par le séisme, mais il est aussi appelé à
réaliser le siège de la Banque de commerce et la maison du directeur de Văleni.
C’était en 1941-1942. Son activité s’étend, pratiquement depuis la fin du XIXe
siècle jusque vers 1945. (…) Les dix dernières années de sa vie, il semble
avoir arrêté de travailler, il s’est retiré de la profession et il a dû
affronter bien des difficultés, y compris financières, ayant perdu ses
propriétés sur la toile de fond de la nationalisation imposée par le régime
communiste. Il a pourtant laissé derrière lui une belle carrière, étendue sur
quarante-cinq ans ».
L’architecte Cristofi Cerchez est
mort le 15 janvier 1955. (Trad. Ileana Taroi)