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Le domaine de la famille Bratianu à Florica

Il s’agit de l’importante famille Brătianu, dont deux générations ont activement participé à la création de l’Etat roumain moderne. Ion C Brătianu et son frère Dumitru ont fait partie de la génération des révolutionnaires de 1848 et auteurs de l’Union des principautés de Moldavie et de Valachie en 1859 alors que leurs fils respectifs – Ion IC, Dinu et Vintilă – ont vécu et réalisé un autre moment phare de l’histoire de la Roumanie : l’Union de 1918 et la création de la Grande Roumanie. L’historien Narcis-Dorin Ion a étudié le domaine de Florica : sa mise en place, ses moments de gloire, son déclin à l’époque communiste et son renouveau dans les années 1970 et sa restauration complète après 1989. Ce fut Dincă Brătianu, le père du grand politicien roumain Ion C Brătianu, qui a fondé le domaine. Héritier des propriétés de Florica et de Sâmbureşti, Ion C Brătianu a acheté aussi les vignes avoisinantes de Floreasca, qu’il soignera et exploitera jusqu’à sa mort. Narcis-Dorin Ion : « Ion C Brătianu construira une première maison à Florica en 1858, que son petit-fils, le poète Ion Pillat, évoquera ainsi en 1943 : « sur l’ancien cellier et cave à vin des vignes dont Dincă Brătianu était le propriétaire, son fils, Ion C Brătianu a fait bâtir une maison de vigneron à deux étages et avec une terrasse ouverte à l’époque. Le pavillon du jardin est resté rouge jusqu’à la mort du senior. Cette maison de Florica, très vieille, dans laquelle moi même j’ai passé une partie de mon enfance, avait un charme patriarcal que rien n’a pu effacer de mon âme. »

Le domaine de la famille Bratianu à Florica
Le domaine de la famille Bratianu à Florica

, 20.06.2021, 15:17

Il s’agit de l’importante famille Brătianu, dont deux générations ont activement participé à la création de l’Etat roumain moderne. Ion C Brătianu et son frère Dumitru ont fait partie de la génération des révolutionnaires de 1848 et auteurs de l’Union des principautés de Moldavie et de Valachie en 1859 alors que leurs fils respectifs – Ion IC, Dinu et Vintilă – ont vécu et réalisé un autre moment phare de l’histoire de la Roumanie : l’Union de 1918 et la création de la Grande Roumanie. L’historien Narcis-Dorin Ion a étudié le domaine de Florica : sa mise en place, ses moments de gloire, son déclin à l’époque communiste et son renouveau dans les années 1970 et sa restauration complète après 1989. Ce fut Dincă Brătianu, le père du grand politicien roumain Ion C Brătianu, qui a fondé le domaine. Héritier des propriétés de Florica et de Sâmbureşti, Ion C Brătianu a acheté aussi les vignes avoisinantes de Floreasca, qu’il soignera et exploitera jusqu’à sa mort. Narcis-Dorin Ion : « Ion C Brătianu construira une première maison à Florica en 1858, que son petit-fils, le poète Ion Pillat, évoquera ainsi en 1943 : « sur l’ancien cellier et cave à vin des vignes dont Dincă Brătianu était le propriétaire, son fils, Ion C Brătianu a fait bâtir une maison de vigneron à deux étages et avec une terrasse ouverte à l’époque. Le pavillon du jardin est resté rouge jusqu’à la mort du senior. Cette maison de Florica, très vieille, dans laquelle moi même j’ai passé une partie de mon enfance, avait un charme patriarcal que rien n’a pu effacer de mon âme. »

Au début, la maison était une modeste demeure, érigée au milieu des vignes. À travers le temps, Ion C Brătianu a transformé la maison à trois pièces et une cave à vin en un manoir à étage et terrasse ouverte. En août 1865, la maison de Florica avait dix pièces, mais Brătianu savait parfaitement que cette demeure n’assurait point tout le confort nécessaire à sa nombreuse famille établie à Bucarest. Une gare était inaugurée à Florica en 1887 pour rendre encore plus facile l’accès depuis Bucarest. C’est Narcis-Dorin Ion qui décrit la maison transformée par les époux Pia et Ion C Brătianu.« Dans une lettre de 1871 à son épouse Pia, Brătianu décrivait la demeure par les mots suivants : « Je me suis assis dans le petit salon, les salles me semblent grandes. Mais quand je contemple le grand salon, j’ai l’impression de me trouver dans les grands palais allemands, qui, étant vides, me semblaient les plus spacieux que j’ai jamais vus. » »

Durant ses brèves vacances à Florica, Brătianu aimait rester seul avec ses pensées et sa passion pour les vignes et les animaux. En 1869, Brătianu écrivait à son épouse que cet endroit avait « la douceur d’un foyer, puisque ce n’est qu’ici que je me sens comme chez nous. A Bucarest, avec toutes les facilités, j’ai l’impression d’habiter dans un bon hôtel, sans plus. » Tout au long de sa vie, la maison a eu un style sobre, imposé par ses goûts simples. Ce n’est que très difficilement, vers la fin de sa vie, que Brătianu a été convaincu par son fils Ionel, ingénieur passionné du bâtiment, d’opérer quelques transformations. Narcis-Dorin Ion : « Les grandes modifications apparaitront durant les années 1905-1912 et 1924-1925, d’après les plans de l’architecte Petre Antonescu. Nous remarquons aujourd’hui encore les bibliothèques du manoir, qui impressionnent tout visiteur par leurs riches décorations. Les débuts de la bibliothèque de Florica sont étroitement liés à Ion C Brătianu, qui a acheté les premiers livres à Paris. Et ce fut également le senior qui a compilé le premier catalogue de cette vaste bibliothèque qui contenait aussi des volumes ayant appartenu à ses amis politiques C. A. Rosetti, Cezar Bolliac, Alexandru Papiu-Ilarian et à son frère Dumitru Brătianu. »

Ion C. Brătianu a également aménagé un parc qu’il avait appelé « Les jardins de Sémiramis », puisque planter des arbres était une autre de ses grandes passions. Hormis la maison, le vignoble et le parc, il a aussi fondé une ferme agricole et fait construire une église. Ce fut dans ce lieu de culte qu’il allait être enterré en 1891, aux côtés de son premier enfant, Florica, une fille décédée à l’âge de 3 ans seulement. Quatre des huit enfants des époux Bratianu – Sabina, Maria, Vintilă et Tatiana – se sont mariés sur ce domaine. Le lieu a été visité par de nombreuses personnalités de l’époque, y compris par le roi Carol Ier, accompagné par son épouse, la reine Elisabeth, et par le prince héritier, le futur roi Ferdinand Ier. Narcis-Dorin Ion raconte aussi comment les enfants de la famille Brătianu ont préservé l’héritage de leur père : « La modestie de la vie privée de l’homme politique le plus important de la seconde moitié du 19e siècle est illustrée par sa chambre et par la chambre de son épouse, préservées intactes aussi après l’ample restauration et extension du manoir initiées par Ionel Brătianu. Vu que le fils aîné de la famille était passionné d’histoire, ces deux pièces avaient déjà une valeur à part, étant présentées aux visiteurs comme des salles de musée, et les contemporains appréciaient ces visites. « La chambre de papa était intacte, comme un monument historique. Dans l’armoire se trouvaient ses derniers vêtements, son uniforme militaire et la robe de mariée de maman. La salle de bain, tellement primitive, était inchangée. Le culte d’Ionel pour papa était immuable. », se rappelait aussi la fille de Ion C Brătianu, Sabina Cantacuzène »

Le domaine de Florica a aujourd’hui une importance particulière, étant plus qu’une destination touristique, une incursion dans l’histoire de la Roumanie.

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