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L’Hôpital Filantropia de Bucarest

Colțea, le premier hôpital de Bucarest, était fondé en 1704 par le boyard Michel Cantacuzène. Cent ans plus tard voyait le jour le premier hôpital moderne, baptisé Filantropia, Philanthropie, parce que destiné principalement aux nécessiteux. Les bâtiments qui accueillent la plus ancienne maternité et l’un des centres d’obstétrique et de gynécologie les plus importants comptent aussi parmi les repères architecturaux de la capitale roumaine.

L’Hôpital Filantropia de Bucarest
L’Hôpital Filantropia de Bucarest

, 11.07.2021, 11:13

La naissance de l’hôpital Filantropia est liée à un médecin, diplômé d’une école supérieure occidentale et désireux d’apporter sa pierre à la création d’une Roumanie nouvelle, précise l’historien Adrian Majuru : « Ce médecin, Constantin Caracaş de son nom, était d’origine aroumaine et avait fait des études supérieures en Occident. Vers 1800, il allait regagner le pays, en fait la principauté de Valachie, qui, à l’époque, était placée sous suzeraineté ottomane. En ces temps-là, Bucarest était une ville quasi-orientale. Le mot rue n’existait même pas dans le vocabulaire des citadins, comme il n’était pas non plus question de termes médicaux. Il y avait, cependant, une noblesse réformatrice qui n’hésitait pas à mettre en gage ses biens pour aider à la construction d’un pays moderne, projet qui comportait aussi une réforme rudimentaire de la santé. A travers de petits projets, cette minorité sociale a préparé le terrain pour la mise en œuvre du grand projet final, à savoir la modernisation de la Roumanie. Ce sont ces mêmes boyards réformateurs qui ont aidé le docteur Constantin Caracaș à créer un établissement hospitalier, appelé Filantropia (Philanthropie), qui signifie amour des gens. Nommé médecin en chef de la ville de Bucarest, en 1804, Caracaș se chargea de lancer les travaux de construction de l’hôpital. Erigé entre 1811 et 1815, ce dernier allait être refait, en 1816, suivant le modèle des hôpitaux viennois. Il a été conçu comme un ensemble de pavillons entourés d’un jardin, tel qu’il est aujourd’hui. Le médecin Caracaş a également établi, en 1817, le règlement moderne portant organisation et fonctionnement des établissements hospitaliers. La construction de l’hôpital Filantropia a été possible grâce à une souscription publique lancée en 1810. Le projet a également bénéficié du soutien financier et logistique du boyard Grigore Băleanu, qui, en dehors de l’argent, a fourni le terrain et des matériaux de construction. Le général russe Koutouzov, qui, pendant la guerre russo-turque, a administré les principautés roumaines, a lui aussi aidé à la construction de cet hôpital. »

Le nouvel hôpital allait être érigé à un endroit situé, à l’époque, à la périphérie de la ville, très près de la barrière nord. Plus tard, un faubourg tout entier a vu le jour sur les terrains vagues derrière l’hôpital. C’était une « mahala », terme par lequel on désignait un quartier marginal, pauvre et à la réputation douteuse. L’hôpital Filantropia mis à part, peu de choses rappellent encore le passé lointain de cet endroit, qui ne manquait pas de charme et qui s’est développé petit à petit. L’historien Adrian Majuru explique : « Lorsque Constatin Caracaș a commencé son projet, cette partie de la ville était inhabitée. Il n’y avait qu’une fontaine, que le prince Mavrogheni avait fait construire une vingtaine d’années avant l’apparition de l’hôpital et une église érigée par les soins du même prince et dont elle portait le nom. Vers 1833, après la construction de l’hôpital, allait être construit le premier tronçon de l’actuelle avenue Kiseleff. Celui-ci était situé, à l’époque, en banlieue de la ville, étant conçu comme un lieu de promenade et de détente. La partie habitée de la mahala s’étendait un peu plus loin de là. Connue sous le nom de Mahalaua Dracului, la Mahala du Diable, elle s’était développée autour d’une auberge. C’est là que faisaient halte les marchands venus des villages environnants. Ils y passaient la nuit, avant d’entrer dans la ville. Sur l’actuelle Place de la Victoire, il y avait, à l’époque, une des barrières de la ville. Là, on procédait au contrôle des papiers et les commerçants recevaient une autorisation de vente de leurs produits sur le marché avoisinant. C’était, avant la Première Guerre mondiale, un moyen de contrôler d’une manière ou d’une autre le transit de la population par Bucarest. »

Lorsque Constantin Caracaș démarrait son projet, il y avait deux autres hôpitaux à Bucarest : Colțea et Saint Pantelimon, précise notre interlocuteur, l’historien Adrian Majuru : « L’hôpital Filantropia fait partie de la première génération d’établissements hospitaliers modernes à Bucarest. A compter de 1832, il allait être géré par l’Administration des hôpitaux civils. Cette entité vraiment géniale, à gestion privée et qui ressemblait à une ONG de nos jours, était née bien avant l’apparition du ministère de la Santé, créé après la Grande Guerre. Elle réunissait trois établissements hospitaliers : Colțea, Pantelimon et Filantropia. Il n’y avait pas que les hôpitaux proprement-dits, mais aussi des propriétés provenant de dons consistant en terres agricoles et pétrolifères ou en forêts. Ces différentes propriétés, dont certaines situées même à Bucarest, étaient exploitées par location. Elles étaient donc autant de sources de revenus importants, qui s’ajoutaient à ceux provenant des services médicaux dispensés. »

Depuis la fin du XIXe siècle, Filantropia est une maternité réputée. Le nouvel édifice du centre hospitalier a été érigé entre 1881 et 1883. C’est à cette époque que remonte l’architecture du pavillon central, que l’on peut admirer aujourd’hui encore. Les ajouts et changements apportés au fil du temps ont conduit à l’architecture actuelle, agréable et facilement reconnaissable par la plupart des Bucarestois. Notons encore qu’une école d’infirmières spécialisées en obstétrique et gynécologie y a été créée en 1891 et que dans les années 1920, Filantropia est devenu centre hospitalier universitaire. Enfin, pendant le régime communiste, ses propriétés n’ont pas échappé à la nationalisation. Les propriétés ont effectivement été perdues, mais ses performances médicales continuent. (Trad. Mariana Tudose)

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