Le Trophée de Trajan d’Adamclisi
România Internațional, 15.03.2020, 13:30
L’Antiquité romaine glorifiait
ses vainqueurs par des titres, des célébrations et des monuments publics. L’un
de ces monuments, c’est le Trophée de Trajan ou Tropaeum Traiani en latin,
érigé en Dobroudja, dans le sud-est de la Roumanie, dans la commune
d’Adamclisi. Le Sénat et le peuple romain ont rendu hommage à l’empereur Trajan
en érigeant un monument impressionnant à sa victoire dans la première guerre
dacique, celle des années 101-102. Tropaeum Traiani est considéré comme l’un
des monuments antiques les plus grands et les plus emblématiques de la Roumanie
d’aujourd’hui et il est en fait l’élément central de tout un ensemble. Ce que
l’on peut voir aujourd’hui, c’est une reconstruction sous la supervision
d’archéologues, achevée en 1977.
Les premières fouilles à
Adamclisi ont commencé en 1882, quatre ans après que la Roumanie a reçu la
Dobroudja à la suite de la guerre roumano-russo-turque de 1877-1878. Grigore Tocilescu,
fondateur de l’école roumaine d’archéologie, a lancé les campagnes de fouilles
et de recherches qui allaient avoir lieu les cent années suivantes. Le monument
central est un socle cylindrique avec 40 mètres de diamètre et il dispose de
beaucoup de rangées de marches circulaires. Au-dessus du socle cylindrique est
placé un toit tronconique avec des ornements sous forme d’écailles, tandis qu’au
milieu du socle se dresse une structure hexagonale. Au sommet de la structure
se trouve le trophée, un légionnaire romain avec quatre boucliers, haut de près
de 11 mètres. À la base du trophée on retrouve deux groupes statuaires
contenant la représentation de trois prisonniers daces. La hauteur de
l’ensemble du monument est à peu près égale au diamètre de base de 40 mètres.
L’archéologue
Alexandru Barnea a conduit les fouilles sur le site archéologique d’Adamclisi
et nous a donné des détails sur ce monument : « Le monument d’Adamclisi fait partie, en fait,
d’un complexe de monuments qui se trouve sur la colline près du village actuel
et il est de loin le plus imposant et le plus connu de tous. Il existe à
proximité deux autres monuments importants et les ruines d’une ville. À
proximité du monument triomphal est sis un tumulus, la tombe d’un commandant
dont nous ne connaissons pas le nom. Un peu plus loin, à quelques centaines de
mètres de là, se trouvent les ruines d’un autel funéraire à la mémoire de ceux
qui sont tombés dans la bataille qui a eu lieu dans cette région. Il s’agit des
batailles qui ont eu lieu près du village actuel, sur le plateau où se trouve
aujourd’hui le monument, mais aussi dans les environs, entre les Daces et les Romains.
C’était en 102, à la fin de la soi-disant première guerre dacique, lorsque les Daces
ont essayé d’attaquer les Romains dans leur propre province. »
La présence romaine au Bas-Danube a été consolidée
un siècle et demi avant les guerres daciques contre les Romains. Alexandru
Barnea a souligné que la province de Mésie inférieure, l’ancien nom de la Dobroudja,
faisait partie intégrante de la civilisation et de la culture romaines : « Avec une carte historique dépliée devant nous,
nous verrons que la Dobroudja était dans l’Empire romain, c’est-à-dire qu’elle
faisait partie d’une province de l’empire appelée la Mésie inférieure. Dans
cette province, l’organisation romaine existait déjà, il y avait une armée
romaine, l’administration romaine fonctionnait. À ce moment dramatique pour les
Daces, le roi Décébale et ses alliés germaniques attaquèrent les Romains sur leur
propre territoire en essayant de faire une diversion à l’hiver 102. Attaqués
par surprise, les Romains ont résisté fermement ; ils subissent de
nombreuses pertes, puis se reprennent peu à peu. Les troupes qui y sont
envoyées ont vaincu l’alliance daco-germanique de Décébale. Suite à ces
batailles l’empereur Trajan lui-même décide d’élever un monument en souvenir de
cette bataille tragique. »
L’ensemble qui comprenait le monument comportait
également un autel funéraire, sur les murs desquels étaient inscrits les noms
des quelque 3800 soldats romains tombés au combat dans la bataille d’Adamclisi.
Il existe aussi un mausolée avec trois murailles concentriques dans lequel le
commandant romain, qui a décidé au prix de sa vie de la victoire romaine en 102,
a été enterré. Alexandru Barnea parle des interprétations données au monument : « Le monument, érigé semble-t-il d’après le
projet du célèbre architecte Apollodore de Damas, a été inauguré en 109.
Quelques années plus tard, lorsque la paix régnait là aussi, dans la région du Bas-Danube,
et en Dacie, devenue province romaine, la Colonne Trajane a été inaugurée à
Rome en l’an 113. La Colonne, ainsi que le monument
d’Adamclisi, sont pour ainsi dire les deux documents de naissance du
peuple roumain – un original et un double. D’ailleurs, de nombreux historiens
l’ont affirmé à propos de ces deux monuments. Les recherches sur ce monument,
le tumulus et l’autel funéraire ont été achevées depuis longtemps, il n’y a pas
grand-chose à dire sur la partie interprétation archéologique. Il reste par
contre encore beaucoup de choses en ce qui concerne l’interprétation artistique
et peut-être aussi l’interprétation historique des représentations sur le
monument triomphal. »
À Adamclisi, il existe aussi une cité romaine fondée
par l’empereur Trajan sur l’emplacement de l’ancienne agglomération géto-dace.
Une basilique préservée in situ complète l’héritage d’il y a près de 2.000 ans.
(Trad. : Ligia)