RRI Live!

Écoutez Radio Roumanie Internationale en direct

Le début de l’utilisation du roumain comme langue liturgique

Les livres et la culture n’étaient pas les uniques domaines appartenant à l’Eglise, c’était aussi le cas de l’éducation et de la santé. Quant aux livres, ceux-ci avaient la mission de former les fidèles d’un point de vue théologique et intellectuel en faisant circuler la parole de Dieu.

Le début de l’utilisation du roumain comme langue liturgique
Le début de l’utilisation du roumain comme langue liturgique

, 19.07.2020, 13:00

Au 16e siècle, une des caractéristiques de la Réforme religieuse du monde chrétien fut la traduction de la Bible dans les langues vernaculaires. Cela a entraîné la baisse du prestige des langues liturgiques, tel le latin en Occident et le grec et le slavon en Orient, parce que les gens simples voulaient comprendre ce qui était dit pendant les services religieux.

Dans l’espace chrétien – orthodoxe dont les Roumains faisaient partie, un espace dominé d’un point de vue géoculturel par le modèle ottoman, la réforme religieuse a pénétré à petits pas. Les changements venus de l’Occident se faisaient néanmoins sentir et la hiérarchie de l’Eglise devenait de plus en plus réceptive aux besoins de ses fidèles. Sous l’influence du luthéranisme et du calvinisme, le diacre orthodoxe Coresi a traduit les 4 évangiles et les a fait imprimer entre 1556 et 1583 à Braşov, ville se trouvant aujourd’hui au centre de la Roumanie.

Les débuts des traductions en roumain des textes sacrés remontent aux années 1640. Pour davantage de détails, nous nous sommes adressés au traducteur Policarp Chițulescu : « L’attention et l’amour des prêcheurs de l’Evangile de transmettre la Parole de Dieux d’une manière fidèle et compréhensible a favorisé l’apparition des traducteurs et des traductions. Les sources des traductions dans l’espace roumain sont à retrouver, évidemment, dans la culture byzantine. Même si les Roumains se sont orientés à un moment donnée vers la culture slave, qui est devenue très forte et a influencé la culture roumaine, celle-ci n’était pas une culture originale, c’était toujours une culture de facture byzantine. Les textes gagnaient l’espace via le Mont Athos et Constantinople, vu que les Roumains, par la métropolie de Valachie, appartenaient à la Patriarchie Œcuménique de Constantinople. Ce recours aux textes byzantins était une manière de légitimer l’authenticité des textes, il s’agissait en fait d’aller directement aux sources et non pas de contourner les variantes slavonnes. »

Dans l’espace roumain donc, la culture religieuse suivait encore timidement la voie ouverte par la Réforme. Les historiens expliquent cette timidité par la crainte que le prosélytisme réformé ne se répande dans les milieux orthodoxes. Dans les siècles qui suivirent, l’orthodoxie roumaine allait approcher de plus en plus le phénomène appelé « la roumanisation » du langage liturgique.

Le traducteur Policarp Chițulescu explique : « La « roumanisation » du culte signifie l’accès d’un nombre très grand de personnes au message divin. Bien que les Roumains n’aient pas tenu les messes en langue roumaine, cela ne veut pas dire que le roumain n’était pas utilisé à l’église. Les chroniques, les sermons, tous les textes sacrés étaient en roumain. Ce furent les premiers recueils de textes imprimés sans aucune crainte. « Cazania de Govora », un des premiers livres expliquant l’Evangile fut imprimé à Govora en 1642, ouvrant la voie à l’apparition de textes similaires. D’où le besoin de mettre sur pied des imprimeries afin de compléter l’activité des ateliers où les livres étaient copiés, une pratique qui a été maintenue jusqu’au 20e siècle. »

La hiérarchie de l’Eglise devenait de plus en plus persuadée que le passage du slavon au roumain rapprochait davantage les fidèles de Dieu. C’est pourquoi l’Eglise elle-même encourageait les traductions et les parutions en langue roumaine, affirme Policarp Chițulescu : « C’est avec beaucoup de prudence, de tact et de patience que l’on a fait les premiers pas vers « la roumanisation » du culte, vers l’introduction des messes en langue roumaine, puisqu’à l’époque seules les messes en grec, en slavon, en hébreu et en latin étaient permises, car considérées comme des langues sacrées. Le métropolite de la Valachie, Ștefan, était un érudit. Des débats théologiques étaient organisés à sa résidence de Târgoviște. Il nous a laissé en héritage un très beau manuscrit, en trois langues – slavon, grec et roumain. Il affirme clairement sa foi dans une préface parue à Târgoviște en 1651. Le métropolite Ștefan est connu comme le premier à avoir récité le Crédo orthodoxe en roumain à l’intérieur de l’église, mais aussi et surtout pour ses initiatives d’uniformiser les cérémonies religieuses, pour que tous les prêtres célèbrent les messes de la même manière dans toutes les églises et tous les monastères de sa métropolie. »

Une fois dépassée la peur du prosélytisme religieux, les nouvelles tendances ont été perpétuées jusqu’à la traduction intégrale de la Bible en langue roumaine, à Bucarest, en 1688.

Policarp Chițulescu ajoute : « Un autre prélat érudit qui a poussé à des progrès, fut le métropolite Teodosie de Valachie. Il a encouragé de manière tacite l’introduction de la langue roumaine dans le culte, étant considéré comme un facteur conservateur. En 1680 il a fait paraître des textes différents par rapport au métropolite Ştefan, qui avait fait imprimer plusieurs livres religieux en langue roumaine, mais non pas le missel orthodoxe, c’est-à-dire le livre liturgique dans lequel on trouve tous les textes nécessaires à la célébration de la messe. Teodosie a été celui qui a fait imprimer ce missel en Roumain, au bénéfice « des prêtres et des diacres », selon ses propres paroles. Peu à peu, les livres religieux ont commencé à contenir de plus en plus de prières en Roumains. Enfin, en 1688, il a également béni l’apparition des Saintes Ecritures en langue roumaine. »

Début 18e siècle, le changement était irréversible : le Roumain avait déjà remplacé le slavon dans les cérémonies religieuses tenues dans les églises orthodoxes roumaines. (Trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)

Theodor Aman, fondateur de l’Ecole d’art roumaine
L'Encyclopédie de RRI dimanche, 03 novembre 2024

Theodor Aman, fondateur de l’Ecole d’art roumaine

Le premier artiste roumain moderne   Theodor Aman (1831-1891) a été un peintre, graphiste, sculpteur, pédagogue et académicien roumain,...

Theodor Aman, fondateur de l’Ecole d’art roumaine
La rue Colței du Vieux Bucarest
L'Encyclopédie de RRI dimanche, 27 octobre 2024

La rue Colței du Vieux Bucarest

Le kilomètre zéro, où tout commence   Toute grande ville a un kilomètre 0, où commencent le calcul symbolique et physique des distances et...

La rue Colței du Vieux Bucarest
Le Bucarest du 19e siècle, dans des photos
L'Encyclopédie de RRI dimanche, 20 octobre 2024

Le Bucarest du 19e siècle, dans des photos

Un photographe tchèque qui a vécu à Bucarest   Franz Duschek (1820-1884) a été un photographe tchèque qui a vécu à Bucarest entre 1862...

Le Bucarest du 19e siècle, dans des photos
Axiopolis
L'Encyclopédie de RRI dimanche, 13 octobre 2024

Les architectes Cerchez

Des architectes de renom    Le nom Cerchez est très présent dans l’histoire de l’architecture roumaine. Il appartient à trois familles...

Les architectes Cerchez
L'Encyclopédie de RRI dimanche, 06 octobre 2024

La famille Rațiu

Une des plus anciennes et respectées familles nobiliaires de Transylvanie   La famille Rațiu (Rațiu de Noșlac de la ville de Turda) est une...

La famille Rațiu
L'Encyclopédie de RRI dimanche, 29 septembre 2024

Axiopolis

La Dobroudja est considérée comme la plus dense et la plus variée des provinces de la Roumanie du point de vue des civilisations qui l’ont...

Axiopolis
L'Encyclopédie de RRI dimanche, 22 septembre 2024

« Agora Kiseleff » pour protéger le patrimoine paysager

Le parc Kiseleff – le premier jardin public de Bucarest   Le Parc Kiseleff de Bucarest est devenu un modèle de bonnes pratiques en...

« Agora Kiseleff » pour protéger le patrimoine paysager
L'Encyclopédie de RRI dimanche, 15 septembre 2024

La rue Brezoianu, à Bucarest

La rue Brezoianu est une des artères urbaines les plus anciennes et les plus importantes de Bucarest. Avec un bout au centre-ville historique de la...

La rue Brezoianu, à Bucarest

Partenaire

Muzeul Național al Țăranului Român Muzeul Național al Țăranului Român
Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS Liga Studentilor Romani din Strainatate - LSRS
Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online Modernism | The Leading Romanian Art Magazine Online
Institului European din România Institului European din România
Institutul Francez din România – Bucureşti Institutul Francez din România – Bucureşti
Muzeul Național de Artă al României Muzeul Național de Artă al României
Le petit Journal Le petit Journal
Radio Prague International Radio Prague International
Muzeul Național de Istorie a României Muzeul Național de Istorie a României
ARCUB ARCUB
Radio Canada International Radio Canada International
Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti” Muzeul Național al Satului „Dimitrie Gusti”
SWI swissinfo.ch SWI swissinfo.ch
UBB Radio ONLINE UBB Radio ONLINE
Strona główna - English Section - polskieradio.pl Strona główna - English Section - polskieradio.pl
creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti creart - Centrul de Creație Artă și Tradiție al Municipiului Bucuresti
italradio italradio
Institutul Confucius Institutul Confucius
BUCPRESS - știri din Cernăuți BUCPRESS - știri din Cernăuți

Affiliations

Euranet Plus Euranet Plus
AIB | the trade association for international broadcasters AIB | the trade association for international broadcasters
Digital Radio Mondiale Digital Radio Mondiale
News and current affairs from Germany and around the world News and current affairs from Germany and around the world
Comunità radiotelevisiva italofona Comunità radiotelevisiva italofona

Diffuseurs

RADIOCOM RADIOCOM
Zeno Media - The Everything Audio Company Zeno Media - The Everything Audio Company