Repas à la cour royale de Roumanie
Comme toute dynastie royale, celle de Roumanie, qui a commencé par Carol Ier de Hohenzollern-Sigmaringen – sest distinguée par ses coutumes, ses festins – fastueux ou austères – et par un protocole plutôt strict au début, mais devenu plus nuancé sous les règnes des successeurs du roi Carol Ier : les rois Ferdinand, Carol II, Michel Ier.
Christine Leșcu, 05.01.2020, 13:50
Comme toute dynastie royale, celle de Roumanie, qui a commencé par Carol Ier de Hohenzollern-Sigmaringen – sest distinguée par ses coutumes, ses festins – fastueux ou austères – et par un protocole plutôt strict au début, mais devenu plus nuancé sous les règnes des successeurs du roi Carol Ier : les rois Ferdinand, Carol II, Michel Ier.
Lauteure du livre « Repas et menus royaux. Elégance, faste et bon goût », Ştefania Dinu, nous introduit dans latmosphère des repas au palais. « Cest le roi Carol Ier qui a institué le protocole de la Cour princière et ensuite royale de Roumanie. Et cest toujours lui qui a fixé la manière dont allaient se dérouler les repas et la fête de Noël à la Cour royale. Lexactitude et la sobriété du roi étaient proverbiales et le programme fixé devait être respecté comme tel, quels queussent été les invités. Dhabitude, quand ils se trouvaient au Palais de Peleş, à Sinaia, le roi et la reine se dirigeaient ensemble vers la salle à manger pour prendre le repas. Et, bien sûr, le protocole était très rigoureux. Les invités étaient prévenus à lavance et ils connaissaient déjà leurs places réservées à table – plus près ou plus loin du roi. Personne ne se levait de table si le roi ne donnait pas le signal et personne ne sasseyait sans son signal, non plus. Personne nentamait une conversation avant que le roi nait adressé lui-même la parole à ses invités. Au moment où le roi achevait le premier plat, les assiettes étaient levées, même celles des invités qui navaient pas achevé la leur. »
Les menus royaux étaient imprimés sur du papier de luxe, orné de dessins ou de gravures réalisés par ses plasticiens et rehaussé par le chiffre royal. Les mets étaient préparés selon des recettes françaises ; pourtant, les repas comportaient aussi des menus dinspiration allemande, anglaise ou roumaine. Comme on pouvait sy attendre, le repas et les coutumes domestiques de Noël occupait une place importante dans le protocole royal. Ştefania Dinu. « Le premier sapin de Noël a fait son apparition au Palais royal de Bucarest en 1866. Il a été orné par le prince régnant Carol Ier, par son épouse, Elisabeta, et par les princesses invitées au palais. Pendant les trois jours de Noël, la famille se reposait : pas daudiences, pas de réceptions, cétaient tout simplement des jours de détente. Il arrivait que la famille royale aille à la patinoire, car le roi Carol Ier et la reine Elisabeta aimaient patiner. Lunique enfant du couple royal, la princesse Maria, est morte en 1874, à lâge de 4 ans. La reine na plus pu avoir denfant et le neveu de Carol fut désigné comme successeur au trône, devenant plus tard le roi Ferdinand. Après la fondation de la famille princière, par le mariage du prince Ferdinand avec la princesse Marie dEdimbourg, la famille royale constituée de Carol et Elisabeta a pris lhabitude de fêter Noël au Palais de Cotroceni, pour se trouver aux côtés de la jeune famille et de leurs enfants. Cette habitude devint la règle tant que le roi Carol et la reine Elisabeta sont restés sur le trône de Roumanie. Les archives ont conservé une description des préparatifs de Noël. La veille de Noël, à 18 h, Carol et Elisabeta se rendaient au Palais de Cotroceni. Le sapin était apporté de Sinaia. On apportait aussi du gibier et du gui des domaines royaux. Le sapin était orné dans le grand salon du palais, celui réservé aux réceptions. On distribuait les cadeaux, ensuite les dignitaires invités arrivaient au palais et le repas commençait. A 22h30 ou 23h au plus tard, les festivités sachevaient. Carol et Elisabeta se retiraient et cétait à la famille princière de continuer à animer la fête. »
Un grand bal était organisé dhabitude au Palais Royal le 1er janvier. Y participaient plus de mille personnes soigneusement choisies par le roi Carol Ier en personne. Après la mort de celui-ci, en 1914, le roi Ferdinand et la reine Marie, mariés vers la fin de lannée 1893, allaient rendre le protocole moins strict et ces réceptions moins austères, organisant des repas plus fastueux et plus animés pour fêter Noël et le Nouvel an. Même les coutumes domestiques étaient plus détendues. La structure du petit déjeuner le prouve, dailleurs. Celui-ci commençait à 9h. Ştefania Dinu. « Il y avait deux sortes de petit déjeuner : un premier, avec au menu du thé, du café au lait, du beurre, des petites baguettes, de la marmelade. Le roi Ferdinand prenait aussi de la viande au barbecue ou une escalope accompagnée de frites, selon la tradition allemande. Une partie des enfants – princes et princesses – prenaient, comme leur père, de la viande au barbecue ou une escalope et une grande tasse de chocolat chaud. Le chef de la chancellerie du palais de Cotroceni lavait bien dit : « le ventre extra plat nétait pas à la mode à la Cour royale ». La tradition des fêtes de Noël fut poursuivie à la Cour du roi Ferdinand. Le roi Carol est mort en septembre 1914, donc pour Noël 1914, ce fut le roi Ferdinand qui prit la relève. Aux repas de Noël à la Cour, le menu était fixe, on servait toujours les mêmes plats. Dans ce menu, le pouding aux prunes fit son apparition pour y occuper une place à part, car la reine Marie aimait ce dessert spécifique des repas de Noël en Angleterre. La reine raconte dailleurs dans ses Mémoires que des membres de la Légation britannique étaient invités au repas de Noël au Palais royal pour se régaler de la tarte à la viande et du pouding aux prunes autochtones. »
Sous les règnes de Carol II et de Michel Ier, les repas et les festins à la Cour royale se sont modernisés et ils sont devenus moins protocolaires et moins fastueux. (Trad. : Dominique)