L’écrivaine Mărgărita Miller-Verghy
Christine Leșcu, 17.02.2019, 15:19
Parmi les femmes qui ont contribué à l’effort
de guerre de la Roumanie pendant la première conflagration mondiale et qui ont
soutenu, implicitement, la Grande Union de 1918, Mărgărita Miller-Verghy se remarque
non seulement par la diversité de ses activités, mais aussi par la façon dont
elle a su accepter les défis de son destin et en triompher.
Bien que touchée,
dès son enfance, par toute sorte de maladies et de troubles, elle a mobilisé
son énergie pour devenir professeure, journaliste, écrivaine, militante
féministe et sœur de charité pendant la guerre. Monica Negru, qui travaille aux
Archives nationales de la Roumanie, retrace la biographie de Mărgărita Miller-Verghy: « Elle est née en 1865 à
Iași. Son père, professeur et homme politique descendant d’une famille
nobiliaire polonaise décéda alors que Mărgărita était encore enfant. La petite
fut touchée par une tuberculeuse osseuse et sa mère décida de la faire soigner
à l’étranger. C’est pourquoi Mărgărita fut éduquée à Genève et à Paris, où elle
acquit une culture classique et apprit à parler six langues. Revenue en
Roumanie, elle passe son bac à l’école Elena Doamna. Mărgărita Miller-Verghy poursuit ses études à l’Université de Genève, où
elle obtint un doctorat en philosophie. Etablie à Bucarest, Mărgărita
Miller-Verghy devient enseignante dans une école
de filles de la capitale et directrice de l’école Elena Doamna. Elle
rédige ses premiers manuels, dont un pour l’étude du français ; en 1912, elle publie « Les Enfants de Răzvan »
– livre primé par l’Académie roumaine, qui
était une première pour la littérature didactique roumaine, car c’était le
premier volume de lectures scolaires destinées aux élèves du secondaire. »
Les préoccupations pédagogiques de Mărgărita
Miller-Verghyn’étaient en fait qu’un
prolongement de ses activités littéraires, explique Monica Negru: « Elle a fait ses
débuts littéraires dans la presse, publiant une nouvelle. Elle a également été
la première à traduire en roumain les ouvrages de la Reine Marie. En 1916, lorsque
la Roumanie est entrée en guerre, l’école Elena Doamna, dont elle était la
directrice, fut transformée en hôpital militaire et Mărgărita s’inscrivit comme
infirmière auprès de la Croix Rouge roumaine. Pendant l’occupation allemande
elle a aidé les orphelins de guerre. »
Pendant l’entre-deux-guerres, Mărgărita
Miller-Verghy a poursuivi son activité littéraire et journalistique. Dans les
années ’40, elle a également contribué aux émissions de théâtre radiophonique. Tout
cela en dépit de sa santé toujours fragile. En 1924 elle avait, en outre, subi
un accident de voiture qui l’a rendue presque aveugle. Même avant l’entrée de
la Roumanie dans la première guerre mondiale, l’activité littéraire de Mărgărita
Miller-Verghy fut doublée d’une activité de militante féministe, raconte Monica Negru: « En 1915, elle a
fondé, aux côtés d’autres écrivaines roumaines, « L’Association des
Roumaines scoutes » et, plus tard, la « Société des écrivaines
roumaines », dont elle fut la vice-présidente. Elle a fait partie des
associations féministes de l’époque. Nous avons trouvé un document qui prouve
qu’en 1935, elle était active au sein du Conseil national des femmes roumaines
dirigé par Alexandrina Cantacuzène. Dans l’histoire de la littérature, Mărgărita
Miller-Verghy est restée comme la première auteure d’un roman policier :
« La Princesse en crinoline », son œuvre de fiction la plus connue, publié
en 1946, lorsque Mărgărita avait déjà 82 ans. Elle a également écrit des
nouvelles, des pièces de théâtre et des ouvrages ethnographiques primés par
l’Académie roumaine. Elle est aussi co-auteure de l’ouvrage « L’Evolution
de l’écriture féminine en Roumanie ».
Mărgărita
Miller-Verghy s’est éteinte en décembre 1953, à 87 ans, restant, jusqu’à ses
derniers jours, une présence active dans le monde des lettres roumaines. (Trad. : Dominique)