Les résidences transylvaines de la famille des nobles Banffy
De nombreux châteaux, manoirs et villas, répandus dans toute la Transylvanie et bâtis par les membres des diverses branches de la famille Banffy dès les XVe et XVIe siècles, ont survécu jusqu’à nos jours et font partie à présent du patrimoine culturel roumain.
Christine Leșcu, 23.02.2018, 14:11
Les architectes Dan-Ionuţ Julean et Dana Julean ont récemment fait un inventaire et une description de ces propriétés dans leur ouvrage « L’Héritage de la famille Banffy en Transylvanie ». À présent, la résidence Banffy la plus célèbre est peut-être celle de Bonţida, à environ 30 km de la ville de Cluj-Napoca (centre-ouest). Le château de Bonţida était autrefois considéré le « Versailles de la Transylvanie », grâce à ses éléments artistiques décoratifs et de mobilier, mais aussi aux objets d’art collectionnés par la famille Banffy pendant les plus de 500 années d’habitation continue sur ces terres, explique Ionuţ Julean.
Ionuţ Julean : « La famille Banffy s’est établie là dès le XVe siècle. À l’époque, le château n’existait pas sous sa forme actuelle. L’étape la plus importante dans son développement a été celle de l’époque baroque, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Il a également subi des transformations sous l’influence du romantisme au XIXe siècle. Une aile entière du château a été rebâtie et transformée, sous l’influence romantique anglaise du parc paysager et du culte des ruines. Par la suite, la nouvelle aile ressemble à un parc anglais qui a remplacé l’ancien parc baroque qui existait sur place. Malheureusement, presque tout a été perdu pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de la retraite des armées fascistes. »
Le village de Răscruci de la commune de Bonţida accueille une autre résidence de la famille Banffy. Dans cette localité, qui appartenait à cette famille depuis le XVe siècle, se trouvait au XVIIe siècle un château de style Renaissance qui a été remplacé au XVIe siècle par un château baroque.
Le bâtiment baroque a survécu jusqu’en 1870, quand il est devenu la propriété du baron Adam Banffy, selon les propos de notre interlocuteur, Ionuţ Julean : « Le château de Răscruci est un des bijoux néoclassiques éclectiques de la Transylvanie et il est presque entièrement l’œuvre du jeune baron Adam Banffy qui, pendant sa vie assez courte, a réussi à créer là-bas un lieu qui exprime aussi une vive émulation artistique du style de l’aristocratie transylvaine de la deuxième moitié du XIXe siècle. En héritant de ce domaine, il a commencé à y mettre en œuvre ses visions artistiques d’une résidence moderne qui ait tous les éléments décoratifs en vogue à l’époque. Il a eu aussi une contribution personnelle dans la construction du bâtiment, car il a imaginé et travaillé personnellement, à la main, tous les éléments décoratifs, en étant aidé seulement par deux artisans qu’il avait formés lui-même, spécialement pour ce travail. Les menuisiers les plus importants qui ont travaillé ici ont été un Hongrois et un Roumain. Ainsi, à travers une série d’agrandissements, un château unique en Transylvanie a pris naissance. Le chantier du château de Răscruci a commencé en 1875 et son architecture combine le style de la néo-Renaissance allemande avec des éléments légèrement fantastiques, dérivés de thèmes héraldiques, surtout le blason de la famille Banffy, qui étale un griffon couronné, du style spécifique aux familles du Moyen-Age, emprunté aussi par l’aristocratie du Royaume de Hongrie. »
À présent, ce château se trouve dans un état de conservation assez bon, mais il se dégrade avec chaque année qui passe. L’édifice, propriété du Conseil départemental de Cluj, est entouré par un parc impressionnant où l’on peut admirer encore quelques arbres séculaires. La famille Banffy a eu des propriétés non seulement dans le département de Cluj, mais aussi dans celui d’Alba. C’est le cas du petit château (ou de la petite curie) de Ciuguzel, rétrocédé récemment à un des jeunes héritiers de la famille.
Ionuţ Julean continue son récit : « Ce château a un aspect baroque, occidental, et combine des éléments artistiques de facture autrichienne avec l’influence française. Je pourrais même dire que ce bâtiment est un petit bijou. Il présente toute sorte d’éléments concentrés sur une petite superficie et le résultat est une belle composition, très agréable du point de vue esthétique, doublée par un historique sur mesure. »
Malheureusement, à présent, beaucoup de ces résidences nobiliaires se trouvent dans un état de détérioration avancé et le volume « L’Héritage de la famille Banffy en Transylvanie » se propose d’attirer l’attention sur ce fait et sur l’importance de mettre en valeur ces bâtiments qui font partie du patrimoine national. (Trad. Nadine Vladescu)