Les Journées du film roumain au TIFF
Neuf longs-métrages et seize
courts-métrages se disputent les prix de la section « Les Journées du film
roumain » à l’édition de cette année du Festival international du film
Transilvania TIFF qui a lieu du 9 au 18 juin. Sur cette liste, on retrouve
quelques-unes des meilleures productions de l’année passée, mais aussi
d’autres, dont la première projection mondiale est prévue durant le festival de
la ville de Cluj-Napoca. La liste des longs-métrages sélectionnés inclut la
comédie noire Oameni de treabă (Des Gens bien) du réalisateur Paul
Negoescu, le grand gagnant du Gala des Prix Gopo du cinéma roumain de cette
année, mais aussi Spre nord (Vers le Nord), le début dans le cinéma de fiction du
réalisateur Mihai Mincan. Projeté en première mondiale à Venise, ce thriller
psychologique est un des plus ambitieux projets du cinéma roumain des dernières
années, une coproduction de cinq pays: la Roumanie (deFilm), la France (Remora
Film), la Grèce (Studio Bauhaus), la Bulgarie (Screening Emotions) et la
République tchèque (Background Films).
Corina Sabău, 29.07.2023, 10:00
Neuf longs-métrages et seize
courts-métrages se disputent les prix de la section « Les Journées du film
roumain » à l’édition de cette année du Festival international du film
Transilvania TIFF qui a lieu du 9 au 18 juin. Sur cette liste, on retrouve
quelques-unes des meilleures productions de l’année passée, mais aussi
d’autres, dont la première projection mondiale est prévue durant le festival de
la ville de Cluj-Napoca. La liste des longs-métrages sélectionnés inclut la
comédie noire Oameni de treabă (Des Gens bien) du réalisateur Paul
Negoescu, le grand gagnant du Gala des Prix Gopo du cinéma roumain de cette
année, mais aussi Spre nord (Vers le Nord), le début dans le cinéma de fiction du
réalisateur Mihai Mincan. Projeté en première mondiale à Venise, ce thriller
psychologique est un des plus ambitieux projets du cinéma roumain des dernières
années, une coproduction de cinq pays: la Roumanie (deFilm), la France (Remora
Film), la Grèce (Studio Bauhaus), la Bulgarie (Screening Emotions) et la
République tchèque (Background Films).
L’histoire racontée par le film a lieu
en 1996 et se déroule sur un bateau commercial qui traverse l’océan Atlantique
vers les Etats-Unis. Joël, un marin philippin, découvre à bord un passager
clandestin roumain et, sachant que celui-ci risquait d’être jeté à la mer, si
sa présence est découverte par le capitaine ou par les officiers, il tente de
le sauver. « Une image audacieuse et inébranlable des situations possibles
dans les eaux internationales. Une histoire qui parle de choix moral, de bonté
et de compromis, de courage et de peur. Une histoire qui invite à la réflexion
même à la fin du générique. », a-t-on pu lire dans la publication « Intoscreens »
sur le film « Vers le nord ». Mihai Mincan explique: « Ce positionnement
moral sur le fil du rasoir que nous pratiquons par rapport aux autres est de
toute façon difficile et les différences culturelles entre les personnages du
film y ajoutent en difficulté. Or ce sont justement ces différences, les
backgrounds sociaux et culturels tellement différents qui m’ont intéressé au
plus haut degré dès le moment où je me suis mis à écrire le scénario. Chacun de
nous entre dans une relation en y mettant quelque chose de particulier, de
personnel, mais il existe en même temps la possibilité que ces différences se
rencontrent à mi-chemin, dans des concepts tels que la pauvreté, par exemple. Pour
les personnages du film, la pauvreté était un concept commun, mais qui était
compris différemment, en fonction de leur culture respective. J’ai aussi été
très attiré par les différences de langages qui empêchent les gens de
communiquer à des moments où la communication est essentielle. Je crois que si
les personnages avaient pu se parler vraiment, s’ils avaient réussi à mieux
exprimer leurs besoins, la situation aurait pu changer. Moi-même, je ne suis
pas un grand adepte du relativisme moral, mais je ne pense pas non plus que le
Bien et le Mal soient deux notions très floues, qui changent d’un individu à un
autre, d’une nation à une autre. Ceci dit, dans le film « Vers le
nord », la conjoncture complique tout au maximum, la mise de chaque
personnage étant très élevée. »
Sur
la liste des productions en compétition à la section « Les Journées du
film roumain » du TIFF on trouve aussi le thriller noir « Boss » du réalisateur Bogdan Mirică, gagnant du Trophée
Transilvania à l’édition TIFF.15 (avec son film Câini/Chiens). S’y
ajoutera la première nationale de Tigru/Tigre, le film de début d’Andrei
Tănase, sélectionné cette année au festival de Rotterdam. Situé à la frontière
entre le documentaire et la fiction, la nouvelle création de Vlad Petri Entre
des révolutions a déjà été récompensée du Prix FIPRESCI dans la section
Focus de la Berlinale. Le film, qui utilise du matériel des archives, met face
à face la vie et le destin de deux femmes, Maria et Zahra, l’une Roumaine et
l’autre Iranienne, amies et collègues étudiantes à l’Université de médecine de
Bucarest dans les années 1970. « Pour moi, c’est un film sur un
passé récent, qui résonne très fort avec la réalité immédiate. Il présente une
histoire subjective au féminin de deux pays et deux sociétés, géographiquement
séparés par des milliers de kilomètres, qui ont mis en place des systèmes
politiques inédits, où les gens se sont peu à peu fait écraser par des
appareils politiques répressifs. C’est un film d’actualité, qui dialogue avec
les manifestations en Iran, où les femmes se battent pour leurs droits et pour
une société équitable, comme ce fut aussi le cas en 1979 », affirme le
réalisateur Vlad Petri, qui ajoute : « Je commencerais avec ce que j’ai
dit au sujet des actuelles manifestations en Iran. En fait, j’ai commencé le travail de réalisation de ce film il y
a trois ans, quand il n’y avait pas beaucoup de manifestations. C’est une
coïncidence le fait qu’au moment où nous lançons le film, les protestations les
plus impressionnantes depuis la Révolution islamique de 1979 ont lieu
là-bas ; peut-être aussi les plus impressionnantes de tout le Moyen
Orient. Je pense aussi qu’en Iran, cette fois-ci, c’est une première révolution
menée par les femmes, une chose incroyable pour cette région du monde. Quant à
mon intérêt pour les sujets politiques, c’est vrai, je suis passionné par l’Est
de l’Europe et par le Moyen Orient. J’ai voyagé en Iran et dans d’autres pays
de la région, alors le film s’est construit sur plusieurs directions. Les
conversations avec ma mère ont également été importantes; elle a étudié la
médecine et m’a parlé des jeunes des pays d’Orient qui venaient faire des
études supérieures en Roumanie. Moi, je suis né en 1979, l’année de la
Révolution islamique. Cette histoire s’est construite par couches superposées
et nous avons trouvé des connexions, des ressemblances, mais aussi des
différences entre la Révolution islamique et la Révolution anticommuniste de
1989 en Roumanie. Il m’a semblé intéressant de tester ce terrain et de parler
espoir, optimisme, désir d’un changement radical. Car les deux révolutions ont
produit des transformations radicales et je continue de croire que ce sont les
plus importantes révolutions du siècle passé. »
La
monteuse Dana Bunescu retrouve l’anthropologue Cătălina Tesar en tant que
réalisatrices du documentaire « Pocalul. Despre fii și fiice/La Coupe. De
fils et de filles », qui
décrit les traditions de mariage des communautés de Roms cortorari, tandis que les journalistes Adina
Popescu et Iulian Ghervase signent leur troisième documentaire, « Vulturii din Țaga/Les Aigles de Țaga », qui raconte l’histoire de l’entraîneur
d’une équipe de football éternellement perdante. Les deux productions
ont remporté des prix à l’édition 2022 du Festival Astra. La section « Les
Journées du cinéma roumain » du TIFF 22 accueillera aussi la première
projection mondiale hors-compétition de deux films très attendus : le
documentaire Nasty,réalisé
par Tudor Giurgiu sur la vie du joueur de tennis roumain Ilie Năstase, et « Arsenie. Viața de apoi/Arsenie. La Vie éternelle » d’Alexandru Solomon, sur feu le
moine Arsenie Boca et son immense notoriété actuelle. (Trad. Ileana Ţăroi)