Le projet Uncanny Order
Ion Puican, 15.07.2023, 09:50
Uncanny Order, en
traduction L’ordre étonnant est le dernier projet artistique et de recherche
mis en place par l’Association culturelle Qolony. Cette organisation au service
des arts et des sciences, réunit une communauté de professionnels issus de
plusieurs domaines, passionnés par les pratiques interdisciplinaires et la
créativité qui s’en dégage. Concrètement, par ces projets, l’association vise à
mettre en lumière le rôle des pratiques collaboratives dans la stimulation de
la créativité et du développement personnel.
Davantage sur ce sujet avec Anca
Spiridon, chargée de la Communication:
Notre projet repose
sur la théorie du chaos, présentée à tort comme quelque chose d’aléatoire,
puisqu’elle est soumise à des règles mathématiques strictes qui dérivent des équations.
La synchronicité renvoie
justement à la tendance de la nature de s’organiser, de se mettre en ordre,
malgré le chaos. Quand on parle de synchronicité au sein de la nature, on peut penser, par exemple, à
la synchronicité interindividuelle du rythme cardiaque, ou encore aux vols
groupés des oiseaux ou à certains comportements sociaux. Le projet de l’Ordre
étonnant, Uncanny Order en original, se propose de créer une série d’installations
interactives qui s’inspirent des principes de fonctionnement et des modèles
mathématiques associés à la théorie du chaos pour récréer des situations de synchronicité.
Par exemple, le design intérieur de la matière, la formation des nuages et des
vagues, mais aussi des représentations visibles à travers des images et des
sons génératifs. L’installation sera ouverte au public à Timisoara, du 16 au 30
juin, à la Gallerie MV Sci-Art Center et à partir du mois de juillet, elle
déménagera sur Bucarest, aux Galeries Mobius.
Qui sont les artistes et les chercheurs impliqués dans ce
projet? Anca Spiridon:
Les trois artistes participants au projet Uncanny
Order sont Floriama Cândea, Claudia Chirita et Catalin Cretu. Floriama Cândea
est connue pour travailler avec toute sorte de matériaux inhabituels tels des
tissus vivants ou des cultures organiques, mais aussi avec des techniques
alternatives de photographie. Dans sa conception artistique, elle se sert de
l’esthétique des images scientifiques, des photos macro modifiées et de
différents instruments de recherche scientifique convertis en pratiques
artistiques. Claudia Chirita est chercheuse, spécialiste de la logique
mathématique et de l’Intelligence artificielle et professeur à la Faculté des
Mathématiques et de l’Informatique de l’Université de Bucarest. Mais, cela fait
quinze ans déjà qu’elle travaille aussi comme illustratrice et graphiste. Parmi
ses sujets préférés de débat, notons la sécurité et la confidentialité, le
contrôle du numérique, la relation avec le patrimoine socialiste ou le
quotidien des gens à l’époque de l’Antiquité. Quant à Catalin Cretu, lui il a
une double formation: ingénieur électromécanique et compositeur. D’ailleurs,
ses créations musicales couvrent une large panoplie de styles: musique de
chambre, chant chorale, musique électronique, installations multimédias interactives.
Il est aussi chercheur scientifique auprès du Centre de musique électroacoustique
et multimédias, professeur à l’Université nationale de Musique de Bucarest et
directeur exécutif du Festival des Arts nouveaux InnerSound. Notre projet
implique aussi une partie de recherche et de programmation informatique. Donc,
à part les trois noms que je viens de mentionner, notons aussi celui de l’informaticien,
Cristian Balas et ceux des chercheurs Marian Zamfirescu et Ionut Andrei Relu.
Les trois sont à nos côtés pour nous aider avec les nombreuses applications
associées à la théorie du chaos et auxquelles le public est moins familiarisé.
Mais toutes ces applications servent de fondement aux technologies que nous
utilisons couramment et à force de les utiliser, on peut montrer aux gens la
façon dont la technologie nous permet d’exprimer la synchronicité.
Comment ce projet est-il démarré? Et qu’est-ce que les
artistes souhaitent explorer à travers leurs installations interactives? Anca
Spiridon, chargée de Communication auprès de l’Association culturelle Qolony
nous répond:
L’idée du projet repose sur la théorie du chaos, cette
science des systèmes dynamiques non linéaires que la plupart d’entre nous, on
la perçoit comme étant une théorie déterministe fondée sur le paradoxe et la récursivité.
Mais, comme je l’ai déjà dit, le chaos repose sur des principes et des structures
de la nature et, même s’il est décrit souvent comme aléatoire, il se soumet à
des rigueurs mathématiques particulièrement strictes. Voilà pourquoi nos
artistes offrent une vision très ordonnée du chaos et, par leurs installations,
ils encouragent le public à interférer avec lui. Bref, les installations mises
en place dans le cadre du projet L’ordre étonnant se proposent d’explorer
certains modèles mathématiques des systèmes dynamiques sur lesquels reposent
les phénomènes naturels, biologiques ou physiques. Les installations sont interactives
et elles invitent les visiteurs à interagir avec les objets qui reproduisent la
synchronicité au sein de la nature. Quel que soit le sujet abordé – les rythmes
cardiaques, les images génératives, le public pourra interagir avec les
installations qui mettent en avant les structures qui ordonnent le chaos.
A la fin de notre discussion, Anca Spiridon a
précisé :
« Dans le contexte des récentes discussions sur la
place de l’homme dans le monde du numérique, on voudrait que le public qui
franchit le seuil de notre exposition comprenne que l’homme reste prioritaire
et qu’il avance aux côtés de l’intelligence artificielle et non pas en
antithèse avec elle ».