L’exposition « Max Hermann Maxy – De l’avant-garde au socialisme »
Le Musée national d’art de Roumanie (MNAR) invite
son public à une nouvelle exposition, ouverte jusqu’à la fin du mois d’avril. Intitulée
« M.H. Maxy – De l’avant-garde au socialisme », elle est consacrée à
Max Hermann Maxy, artiste roumain d’origine juive qui a vécu entre 1895 et 1971.
Peintre, scénographe, professeur à L’Institut des arts plastiques, Maxy a été
un des plus importants membres de l’avant-garde de Roumanie, fondateur de la
revue « Integral » et directeur du Musée d’art du pays. Il fut une
personnalité en égale mesure complexe et forte, controversée et critiquée, un artiste
dont le talent s’est exprimé durant deux époques historiques distinctes: dans
la Roumanie monarchique jusqu’en 1947 et dans la Roumanie du nouveau régime
communiste au cours de la seconde partie de sa vie.
Ion Puican, 11.02.2023, 11:00
Le Musée national d’art de Roumanie (MNAR) invite
son public à une nouvelle exposition, ouverte jusqu’à la fin du mois d’avril. Intitulée
« M.H. Maxy – De l’avant-garde au socialisme », elle est consacrée à
Max Hermann Maxy, artiste roumain d’origine juive qui a vécu entre 1895 et 1971.
Peintre, scénographe, professeur à L’Institut des arts plastiques, Maxy a été
un des plus importants membres de l’avant-garde de Roumanie, fondateur de la
revue « Integral » et directeur du Musée d’art du pays. Il fut une
personnalité en égale mesure complexe et forte, controversée et critiquée, un artiste
dont le talent s’est exprimé durant deux époques historiques distinctes: dans
la Roumanie monarchique jusqu’en 1947 et dans la Roumanie du nouveau régime
communiste au cours de la seconde partie de sa vie.
L’exposition suit la
chronologie de la biographie de l’artiste à travers des peintures, de l’art
graphique, des projets de scénographie, des objets d’art et des revues. Le
directeur général du MNAR et commissaire de l’exposition, Călin Stegerean, a
parlé de l’artiste:
« Il a été une figure exceptionnelle de l’art roumain du XXème siècle,
premièrement en tant que chef de file du mouvement d’avant-garde à
l’entre-deux-guerres, fondateur d’une importante revue d’avant-garde, « Integral »,
et d’un atelier d’art décoratif autour de cette revue. En même temps, il a été
un scénographe très doué, qui a travaillé avec différentes troupes de théâtre
d’avant-garde. Après l’avènement du régime communiste, il a occupé plusieurs
fonctions dirigeantes dans l’appareil d’État.
Ainsi, par exemple, fut-il le président de « Fondul Plastic » ou
encore, à partir de 1950, le directeur du premier Musée national d’art de
Roumanie, dénommé à l’époque le « Musée d’art de la République Populaire
Roumaine ». Il a appuyé le mouvement d’avant-garde, qu’il avait découvert
en Allemagne, où il avait fait ses études. Plus tard, il a intégré les rangs
des organisateurs de grandes expositions d’art d’avant-garde de
l’entre-deux-guerres en Roumanie, écrivant aussi pour toutes les revues
spécialisées, véritable lieu de rencontre des arts plastiques avec la
philosophie, avec tout ce qui a renouvelé le langage artistique. Il a été un
ami proche de Marcel Iancu, de Tristan Tzara, Ilarie Voronca, Ion Călugăru, tous
des collaborateurs de la revue « Integral ». Le lien était très fort,
car les élites s’appréciaient mutuellement et se fréquentaient. En 1942, il a
rejoint le Parti communiste. L’époque était très trouble, les Juifs étaient persécutés,
il y avait ces actions dont le but était de supprimer l’ethnie juive. Mais le
mouvement d’avant-garde rassemblait des gens de gauche, leur passage aux
recettes du réalisme socialiste ayant emprunté un chemin légèrement différent
de celui d’autres artistes. Maxy s’est intéressé aux catégories de population
défavorisées de Roumanie. Les années 1930-40 témoignent de cet intérêt pour les
ouvriers, pour les gueules-noires, pour ces classes qui n’étaient pas des plus
favorisées. Du point de vue de la conception, l’exposition prend en compte les
deux époques historiques, d’une étendue quasi égale, couverte par son activité
– la période monarchique et la période communiste. Reconnu comme chef de file,
il a été le promoteur d’un renouveau du langage artistique, durant la première
période, un renouveau dont notre culture avait fortement besoin, en plus d’une
ouverture vers l’international. Durant la seconde période, il a lancé des
signaux concernant une certaine liberté de création, de représentation, qui l’a
poussé à récupérer en quelque sorte les éléments d’expression utilisés à
l’entre-deux-guerres. Certes, sans l’envergure ni l’inspiration de cette
période, mais rendre cela possible après une période de pression et de
dogmatisme idéologiques fut un signal très fort pour les collègues
artistes. »
Călin Stegerean a également parlé de l’activité de
Maxy à la tête du MNAR: « Maxy a pratiquement configuré ce musée. Je dois vous dire que les
meilleurs entrepôts de tableaux sont ceux mis en place par Maxy dans ce musée.
Et c’est aussi lui qui, avec d’autres collègues, a organisé la Galerie d’art
roumain et la Galerie d’art universel. En même temps, il a eu l’idée de créer
des activités parallèles aux expositions, dans le but d’éduquer le public et de
soutenir le lien entre les arts et la vie. »
Lors du vernissage de l’exposition, le président
de la Fédération des Communautés juives de Roumanie, Silviu Vexler, a parlé lui
aussi de Maxy: « Maxy est une des personnalités les plus complexes de l’art roumain, tout
en étant aussi l’un des artistes juifs
les plus connus de Roumanie, aux côtés de Marcel Iancu, de Victor Brauner ;
ils sont, si vous voulez, les symboles les plus visibles et les plus facilement
reconnaissables de la présence des artistes juifs de Roumanie. En même temps, Maxy
est un artiste extrêmement complexe dont les créations changent avec le
contexte des époques traversées. Il est donc essentiel de présenter,
simultanément avec ses tableaux, le contexte de leur création et de l’activité
de Maxy. Pourtant, bien qu’il ait été une personnalité d’une telle envergure,
Maxy a été très peu connu du large public et l’exposition proposée par le Musée
national d’art est une chance exceptionnelle de le découvrir. »
Silviu Vexler a aussi parlé de Maxy l’homme: « Je ne crois
pas que l’on puisse ignorer les personnes. Je crois que l’on peut arriver à un
point où l’on comprenne que, parfois, la création n’a pas de lien avec certains
aspects négatifs de l’individu, mais on ne peut pas passer l’éponge dessus. La
situation de ce genre la plus célèbre est celle de Wagner. Jusqu’à l’heure où
l’on parle, Wagner est un artiste non seulement extrêmement controversé, mais,
par exemple en Israël, sa musique a été à l’affiche d’un seul concert. En même
temps, il est impossible de ne pas reconnaître que l’œuvre de Wagner est un
élément fondamental de la signification de l’opéra. Mais je ne suis pas
d’accord avec les tentatives de rayer tout ce qui a été négatif dans la vie
d’une quelconque personne en raison de son œuvre. Ces deux choses sont complémentaires, à mon avis, il faut les
connaître toutes les deux et comprendre leur vraie valeur. Ce qu’un artiste
pense aura inévitablement une influence sur son œuvre. C’est pour cela que je soulignerais la valeur ajoutée de cette
exposition dédiée à Maxy se trouve dans le fait qu’elle montre toutes les
facettes de sa vie. Ce ne sont pas de simples toiles exposées, car le contexte
de la société dans laquelle il les avait créées, l’évolution de sa vie et la
manière dont son œuvre en a été touchée ont un grand poids. »,
a conclu le
président de la Fédération des Communautés juives de Roumanie, Silviu Vexler.
(Trad. Ileana Ţăroi)