Ioana Bugarin
Corina Sabău, 25.09.2022, 12:04
L’année dernière, Ioana Bugarin montait sur la scène du
Festival International du Film Transilvania (TIFF) pour accepter sa récompense
– la Bourse Alex Leo Șerban – pour ses rôles dans les films « Mia rate sa
vengeance » (réalisation Bogdan Theodor Olteanu) et « Otto le Barbare
» (réalisation Ruxandra Ghițescu)
Cette année, ces
mêmes rôles lui ont valu une double nomination aux Prix Gopo : l’une dans
la catégorie de la Meilleure actrice en rôle principal, pour le rôle de
« Mia », l’autre – pour la Meilleure actrice dans un second rôle pour
« Laura ».
Et ce n’est pas tout, cette année, Ioana Bugarin revient
sur les écrans en tant que protagoniste du film « Miracol » (Miracle)
de Bogdan George Apetri, Prix du Meilleur Long Métrage au TIFF 2022, dans la
catégorie « Journées du film roumain », un film qui a reçu de longues
éloges de la presse américaine juste après sa sortie. Sans oublier qu’Ioana
Bugarin s’est aussi faite remarquer dans la sérié « Ruxx » récemment diffusée
par la chaîne HBO.
A 25 ans seulement, notre invitée d’aujourd’hui
s’enorgueillit déjà d’une belle carrière cinématographique, et d’une carrière
théâtrale tout aussi impressionnante. Elle, actrice du Théâtre Odeon de Bucarest
qui l’a embauchée suite à son rôle d’Ophélia dans le spectacle « Hamlet
» mis en scène par Dragoș Galgoțiu. On l’a retrouve donc à l’affiche de
plusieurs pièces de ce fameux théâtre bucarestois, telles « Juliette sans
Roméo » (de Bogdan Teodor Olteanu), « Henri IV» (de Vlad Cristache) ou
« Persona » (de Radu Nica). Et on ne saurait achever cette liste des
succès d’Ioana Bugarin sans vous dire aussi qu’elle fait partie de la
coproduction internationale « Itinéraires. Un jour le monde changera »,
mise en scène par Eugen Jebeleanu, récompensée du prix de la Meilleure mise en
scène et déclarée « meilleur spectacle de 2019 » par les critiques
roumains de théâtre.
Autant de rôles à succès déjà au palmarès de la jeune
actrice Ioana Bugarin. Dans les minutes suivantes elle nous parle de sa
formation à la Royal Academy of Dramatic Art – l’Académie royale d’art
dramatique de Londres, de ses plus récents rôles et de la manière dont elle
choisit ses personnages. Mais pour commencer, elle nous raconte un moment plein
d’émotion, lorsqu’elle est montée sur la scène du TIFF pour recevoir son
prix :
« Ce fut un grand honneur pour moi, je ne
m’y attendais pas du tout. Je me rappelle encore, les organisateurs du Gala
TIFF ne cessaient de m’inviter au Gala, alors que moi, je leur disais que je
n’avais pas de raison d’y participer. Ils m’envoyaient des messages et
réitéraient leur invitation et moi je leur donnais la même réponse. Mais une
fois arrivée là, j’ai tout compris. Toutefois, mon objectif n’a jamais été de
gagner des prix, ni lorsque j’étais en début de carrière, ni au moment où j’ai
opté pour un projet. C’est-à-dire que pour moi, le plus important c’est de
trouver des rôles qui me représentent et qui me stimulent. Evidemment, chaque
personne a besoin de reconnaissance et c’est merveilleux, c’est incroyable
d’être reconnu. Mais, comme je viens de le dire, pour moi, ce n’était pas un
objectif en soi. »
Dans les long-métrages « Mia rate sa vengeance »
(réalisation Bogdan Theodor Olteanu) et « Otto le Barbare » (réalisation
Ruxandra Ghițescu), Ioana Bugarin joue le rôle principal et réussit à incarner
deux personnages extrêmement différents.
Mia est une jeune actrice qui parle de la condition de la
femme dans le milieu urbain et de l’importance de son autonomie. Par contre,
dans « Miracle », Cristina Tofan est apparemment attirée par la vie
au couvent où elle souhaite se retrouver elle-même. Puis, autre défi dans
« Otto le Barbaire » : Laura, la jeune adolescente dépressive qui
finit par se suicider. Ioana Bugfarin nous parle de ses rôles :
« Je crois que j’ai eu beaucoup de chance
et j’ai été au bon endroit au bon moment. Sans doute, le contexte m’a été
favorable aussi, mais tous ces rôles, je les ai obtenus en passant des
castings. Puis, à mesure que j’ai commencé à jouer, les réalisateurs ont
compris quelle était la direction qui m’intéressait en tant qu’artiste et ils
m’ont recherchée surtout pour des rôles que je trouve aussi à mon goût. En
quelque sorte j’ai découvert les choses qui m’intéressaient à mesure que
j’avançais dans la vie. La discrimination de genre en est une. C’est une
discrimination qui parfois se manifeste de manière très subtile. Des écrivaines
féministes m’ont aidée aussi à m’auto-définir. Je les ai découvertes à Londres,
lorsque j’étudiais à la Royal Academy of Dramatic Art. C’est ainsi que j’ai
réussi à verbaliser les aspects qui me préoccupaient. La manière dont on parle
des femmes est très importante, tout comme la manière dont on les présente. Et
la culture a ce pouvoir de nous former, de changer un peu notre manière de voir
le monde. C’est pourquoi il a toujours été très important pour moi de choisir
des histoires qui me représentent et auxquelles je puisse me consacrer
totalement. Et je suis reconnaissante de pouvoir dire que j’ai réussi
jusqu’ici. »
Parler des femmes sous tous leurs aspects – voici la
mission très noble et difficile en égale mesure que se donne la jeune actrice
roumaine Ioana Bugarin. Sa carrière ne fait que commencer et nous attendons
avec impatience et curiosité ses prochains rôles.