La neuvième édition du Festival international de littérature et traduction d’Iaşi
Corina Sabău, 13.11.2021, 09:39
La neuvième édition du Festival international de
littérature et traduction – FILIT, a animé la ville d’Iaşi (nord-est) du 20 au 24
octobre. Des invités de dix pays ont été les protagonistes d’une ample panoplie
de manifestations, telles que rencontres avec les lecteurs, débats,
expositions, concerts. Bénévoles, invités et public ont eu l’occasion de
bénéficier de visites personnalisées de cinq musées inaugurés il n’y a pas très
longtemps, à savoir le Musée du pogrome d’Iaşi, le Musée du théâtre juif en
Roumanie, le Musée de la poésie, le Musée de la littérature roumaine et le
Musée de l’enfance sous le régime communiste.
Parmi les invités à l’édition 2021 du FILIT, l’on a pu rencontrer
José Luís Peixoto, celui que l’écrivain José Saramago décrivait
comme « l’une des révélations les plus surprenantes de la nouvelle
littérature portugaise ». Deux projets éditoriaux des Éditions des Musées
littéraires ont été très appréciés : il s’agit de la collection « Parodies
originales », faite de cinq volumes réunissant des créations de cinquante
poètes contemporains, et de la collection dont le premier volume est consacré à
trois des plus appréciés poètes de Croatie.
L’écrivain Florin
Lăzărescu, membre fondateur et coordinateur de programmes FILIT, explique les
projets mentionnés : « Pratiquement,
les auteurs classiques, les patrons des musées littéraires d’Iaşi – Vasile
Alecsandri, Otilia Cazimir, Mihai Codreanu, Mihai Eminescu et George Topîrceanu
– n’ont été que des prétextes pour la collection « Parodies originales ». Nous avons insisté sur cet aspect et
suggérer aux poètes de garder le titre et un vers d’un poème, qu’ils
compléteraient ensuite dans leur style personnel. À la fin, il en a résulté ces
cinq volumes collectifs de créations d’une grande qualité poétique, que tout le
monde commence à remarquer. En plus, cinquante personnes font la promotion du
projet, ce qui lui donne une visibilité extraordinaire. Je suis très content de
la parution de ces volumes, une entreprise pas facile, vu qu’il s’agissait de
cinq livres de poésie réalisés en trois mois. Nous avons dû faire face à toute
sorte de situations, parfois amusantes. On a proposé, par exemple, à un poète
de participer au projet et le lendemain même il nous a livré cinq poèmes
impeccables. Ou bien il y a d’autres poètes qui avaient promis de nous remettre
leurs créations au bout d’une semaine et qui l’avaient fait après deux mois,
mais bon, ils avaient écrit de très beaux poèmes. Il y en a eu d’autres encore
qui ont voulu s’impliquer dans le projet, mais ils ont fini par renoncer, faute
d’inspiration ou parce qu’ils n’ont pas été contents de ce qu’ils ont produit. L’histoire
derrière ces volumes, qui me semblent d’ailleurs très bons, est très
intéressante, mais j’aimerais parler aussi d’un autre projet poétique. À un
moment donné, j’ai eu cette idée de lancer aux Éditions des Musées littéraires,
tenant du Musée national de la littérature roumaine d’Iaşi, une collection
consacrée aux écrivains du voisinage, des écrivains bulgares, serbes, croates,
slovènes, qui ne sont pas vraiment traduits en roumain. Or cette année, nous
avons l’occasion de publier un recueil de créations de trois excellents poètes croates
– Goran Čolakhodžić, Miroslav Kirin, Nada Topić – qui inaugure cette
collection. En fait, c’est une anthologie réalisée par un critique littéraire
de Croatie, la traduction étant assurée par Adrian Oproiu, un traducteur qui
vit à Zagreb et qui est un des invités à l’édition 2021 du FILIT. Nous, au
Musée national de la littérature roumaine d’Iași, nous avons beaucoup parlé de
la littérature des pays voisins de la Roumanie et je suis heureux d’avoir lancé
ce projet, que, j’espère, nous pourrons continuer les années à venir. »
« Les Ateliers FILIT pour les traducteurs »
représentent une initiative du MNLR Iaşi et du FILIT, pour épauler la création
contemporaine et la promotion internationale du patrimoine, en contribuant à la
mise en place d’un système de résidence littéraire en Europe de l’Est. La
septième édition des « Ateliers FILIT pour les traducteurs », organisée
par le MNLR Iaşi, en partenariat avec le Mémorial Ipoteşti – Le Centre national
d’études Mihai Eminescu, a été un espace de formation et de communication
professionnelle pour les traducteurs du roumain vers une langue étrangère.
Les bénéficiaires, venant de douze pays, se sont vu
proposer deux tables rondes et plusieurs conférences données par des écrivains
et traducteurs roumains (Florin Bican, Bogdan Crețu, Cristina Hermeziu, Doru
Liciu, Doris Mironescu, Mihaela Ursa, Radu Vancu). Les échanges ont porté sur
la transposition en langue étrangère de textes littéraires roumains classiques
et contemporains ainsi que sur la mise en place de stratégies de promotion de
la littérature roumaine à l’étranger.
L’écrivain Florin Lăzărescu, membru membre fondateur et
coordinateur de programmes FILIT, précise : « Dans le contexte de pandémie de cette année, nous nous sommes
proposé de ne pas assumer de risques en invitant des traducteurs de l’étranger.
Jusqu’à présent, au FILIT, nous avons accordé une attention spéciale aux
traducteurs natifs d’autres pays qui traduisent de la littérature roumaine.
Cette année, nous avons invité notamment des traducteurs en roumain, connus du
public, puisqu’ils traduisent des auteurs célèbres. Mais, finalement, on est
parvenu à un événement hybride, car, tout à fait par hasard, de nombreux
traducteurs du roumain en langue étrangère étaient en résidence en Roumanie. Une
formule très satisfaisante, d’ailleurs, qui a produit des échanges très
intéressants. »
Lors du dernier événement du FILIT, déroulé au Théâtre
national « Vasile Alecsandri » d’Iaşi, l’écrivaine Simona Goșu s’est
vu remettre « Le Prix lycéen du livre le plus aimé de l’année 2020 »
pour son roman « Fragil », offert par l’Inspection scolaire
départementale Iaşi, suite au vote d’un jury composé de 29 élèves de 11 lycées
du département.